"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Vera vient de mourir. Elle avait fui sa famille quand elle était jeune, et deux nièces sont chargées de vider le dressing de cette tante qu'elles n'ont pas connue.De vêtement en vêtement, de tailleur en écharpe et d'écharpe en robe du soir, chaque pièce de la garde-robe de Vera raconte un épisode de sa vie. Chanteuse de variétés dans les années 1970 ayant connu un grand succès puis l'oubli, elle épouse un riche industriel dont les nièces vont découvrir le secret, un secret que Vera a protégé jusqu'à la mort de son mari. Elle-même transporte la blessure de son enfance sans rien pardonner à son milieu d'origine. L'armure des vêtements se fend parfois : quand un réalisateur l'approche pour les besoins d'un film sur les corons de son village natal, les images reviennent, les sens vibrent, et la peau se fait plus tendre.
En reliant les pointillés que forment les habits de Vera, Sébastien Ministru reconstruit la biographie d'une femme qui a traversé les époques, fière, blessée, combative et ne regardant jamais un passé que ses nièces découvrent avec bien des surprises. Elle avait fait de l'élégance un rempart contre la violence du monde. Au fur et à mesure que les siens surgissent de son vestiaire, les faits se redessinent, et se précise l'itinéraire de celle qui avait tout fait pour renoncer à ses origines. Puisque aussi bien elle était «partie sans dire au revoir à son père et à son frère qui, partenaires dans la monstruosité des hommes, lui avaient fait mal sans réussir à la blesser.» Elle a porté sa souffrance comme ses vêtements, avec grâce.
Un personnage de femme dans la lignée des grands personnages féminins de Tennessee Williams.
De sa naissance dans une famille modeste d’un coron du nord de la France à sa mort due à ses addictions à l’alcool et aux médicaments, en passant par une brève carrière de chanteuse de variétés dans les années 70 et un mariage d’amour avec un richissime industriel, Vera Dor aura eu une vie hors du commun. Née dans les années 50 dans un milieu duquel il est difficile de s’extirper et dans lequel les femmes n’ont pas grand-chose à dire mais tout à subir, Vera a compris très tôt qu’elle devait s’en échapper pour ne pas pourrir sur place, question de survie et de foi en ses rêves, s’en affranchir et ne compter que sur elle-même, quitte à couper tous les ponts avec sa famille sans espoir de retour, le désamour, pour ne pas dire la haine, étant de toute façon réciproque.
Ce portrait de femme déterminée et combative qui cache ses souffrances derrière sa beauté et son élégance nous est livré après la mort de Vera, à travers Anne-Marie, sa confidente loyale, sa meilleure amie et plus si affinités. Anne-Marie a contacté les deux nièces de Vera, la seule famille qui lui restait, et qui sont donc les héritières de cette tante qu’elles n’ont pas connue et dont elles ignoraient tout. Les deux jeunes femmes, qui s’attellent à vider l’imposant dressing de Vera, sont impressionnées par la quantité et la qualité de ces vêtements et accessoires, des tenues de haute couture les plus chics et chères. Anne-Marie les aide dans leur tâche et, à mesure que les parures sortent de la garde-robe, leur raconte, à travers l’histoire de ses vêtements les plus marquants, celle de leur tante.
Raconter la vie de quelqu’un à partir de ses vêtements, l’idée est originale (même si cela m’a évoqué « L’armoire des robes oubliées » de R. Pulkkinen), ce qui colle bien avec le caractère de Vera, qui refuse le destin qui aurait dû être le sien. Alors que les trois viennent exactement du même milieu à une génération près, le contraste entre la personnalité de Vera et celle de ses nièces est frappant, comme si celles-ci servaient rétrospectivement de faire-valoir à leur tante. Un peu falotes et insignifiantes, à peu près satisfaites de leurs propres vies ou en tout cas juste assez pour ne pas avoir envie de tout plaquer (ou d’en avoir l’envie mais pas l’audace), elles ne ressentent aucune envie ni aucun regret à l’égard de la brillante Vera, tant celle-ci leur est étrangère, vivant dans un univers mouvementé inimaginable et inaccessible.
Sur les thèmes du déterminisme social et des violences faites aux femmes, « La garde-robe » propose une vision sombre des milieux ouvriers des années 50 à 70, présentés comme âpres, violents et sans perspectives (cela reflète-t-il la réalité?), et donne à lire le portrait d’une femme qui force l’admiration par son anticonformisme et son culot, finalement attachante malgré la froideur et la distance de l’écriture, quasi documentaire.
En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.
#Lagarderobe #NetGalleyFrance
Véra a fui sa famille, son père et son frère violent. Elle a réussi à être célèbre grâce à quelques tubes, s’est mariée à un homme riche pour lui permettre de présenter un façade respectable dans les années 70. Ce mariage permet à Renzo de vivre sa relation avec l’homme qu’il aime. Vera, quant à elle, a collectionné les amants.
Vera est une femme tumultueuse qui n’a pas eu une vie très saine après le décès de Renzo.
Une fois décédée, elle n’a pas d’héritier à part deux nièces, enfants d'un frère qu’elle ne voyait plus.
C’est sa fidèle amie Anne-Marie qui va guider les nièces dans le tri de la garde robe de Véra et à chaque chapitre c’est avec un vêtement qu’on va découvrir sa vie. Grâce à l’accompagnement d’Anne-Marie, les nièces vont renouer avec cette tante dont l’existance est si éloignée de leur vie sur rails.
On découvre une femme motivée par la haine de sa famille et de son milieu, disciplinée pour avancer, talentueuse en couture, qui avait du goût en matière de vêtements. Sa vie est passionnante à la hauteur de son tempérament.
Si c’est là le portrait d’une héroïne violente, elle est aussi touchante par ses relations avec Anne-Marie et Renzo, sa détermination à ne pas se laisser faire par les hommes et surtout à ne pas tomber amoureuse.
Je découvre la formidable plume de Sébastien Ministru, parfois cinglante, parfois crue, douce, malicieuse et drôle qui présente une héroïne hors du commun de manière très originale.
Un très beau texte, une héroïne qui en a !
Sollicité par hasard sur Netgalley, (un grand merci à eux pour leurs choix), j’ai commencé la lecture de ce petit roman. Une idée, très originale, de découvrir, à travers des vêtements un pan de vie.
Cette vie, c’est celle de Dora, petite fille maltraitée et abusée dans le milieu dur et modeste des miniers. Même si ceci, ne devrait et ne doit pas excuser les agissements des hommes de sa famille.
Sauvée par sa passion des beaux vêtements, elle va se créer un destin, que ces nièces découvriront à sa mort.
Portrait d’une époque et d’une femme forte, on a plaisir à découvrir les pièces de ce dressing en s’attachant peu à peu à cette héroïne.
Un joli moment de lecture.
Une très bonne surprise que ce petit livre ! Sous une présentation peu banale Sébastien Ministru nous conte la vie de Vera Dor, chanteuse de variétés à succès dans les années 70. Issue d’une famille italienne des corons, elle avait fui le village, son père qui avait commis l’irréparable, son frère violent et sa mère indifférente ! Une vie éblouissante l’attendait mais rien n’est jamais gratuit
Le livre commence après son décès quand ses deux nièces qui ne la connaissaient pas héritent de sa maison et de son immense garde-robe. Sa meilleure amie Anne-Marie profite de l’apparition de certains vêtements pour raconter sa vie et les événements qui s’y rattachent.
Un chapitre, un vêtement, un morceau de vie et deux nièces un peu perdues au milieu de tant de luxe et de vécu qu’elles n’imaginaient pas !
Avec ce livre on remonte les époques et les combats qu’une jeune fille déterminée a dû mener pour arriver à sortir de la misère et de l’anonymat que lui garantissait sa naissance ! C’est douloureux, éblouissant, humain, tendre !
J’avais imaginé qu’il serait un peu triste parce qu’il est le testament d’une personne disparue mais ce n’est pas le cas. Les nièces sont des faire-valoir et des piliers pour la vie de Vera qui jusque dans la mort est la personne elle avait décidé d’être : une femme qui fait des choix !
#Lagarderobe #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2021
Belle surprise ! J'avais été attirée par la quatrième de couverture, le résumé de l'intrigue et j'avoue le roman a surpassé mes attentes. L'idée de raconter la vie d'un personnage au travers de sa garde-robe est extrêmement originale.
Au départ, je m'attendais à ce que l'accent soit porté sur les deux nièces qui découvrent leur tante décédée. Je fus surprise de ne découvrir aucun dialogue, ou du moins, aucun discours direct. Toutefois, au fil de la lecture, je me suis sentie lectrice-spectatrice du dernier show d'un personnage principal inattendu. En effet, ce choix plus descriptif qu'actif crée une atmosphère particulière dont ressort l'évanescence du personnage principal : Vera. Défunte, certes, mais héroïne de sa propre vie jusque dans la mort, son esprit survivant dans chacun de ses vêtements. Anne-Marie, la meilleure amie et dame de compagnie, les deux nièces ne sont finalement que des personnages secondaires, gardiennes de la mémoire de Vera.
Les thématiques abordées sont extrêmement intéressantes, notamment la lutte contre le déterminisme social et la volonté farouche d'exister en tant que femme. Une héroïne profondément humaine, actrice de son propre destin et qui, en dépit des blessures, épreuves et sacrifices, reste celle qui décide de son destin.
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