"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
On dit la politesse du désespoir. Légère nous apparaît ici la poésie déclinée dans la fantaisie d'un parcours d'artiste.
Hasard et nécessité, on y voit Dieu jouer avec le feu. Certes, Dieu n'est pas tombé dans la marmite, étant inné, mais il s'efface du monde qu'en apprenti sorcier il a créé. Dieu est le bouilleur de crus, le savant brouillon dont nous sommes l'erreur.
A quelle pierre philosophale fixerons-nous sa mémoire?
«Doit-on être croyant pour obtenir la grâce?» s'interroge l'auteur.
Sans doute faudrait-il sortir de la caverne de Platon, retrouver la candeur de l'enfant, né comme le papillon de la chenille d'un chou, d'un coeur léger butiner les fleurs, nous frotter aux pollens.
Qu'est la maturité à l'Homme traversé de courants d'air, sinon l'attache d'une enfance choisie que surprend à persévérer la poésie?
Le temps, l'espace, les lois de l'univers, à travers les lieux qu'il se souvient de rêver, le créateur brouillon ne peut qu'être nostalgique de son geste. Sa création lui échappe dans l'instant où il s'en retire, telle la mer du rivage.
Sans jamais se prendre au sérieux, sur un fond mélancolique, l'auteur, humoriste, nous fait vivre ces instants futiles dont nous pèse l'insoutenable légèreté. Modeste à l'égal de l'auteur, je ne prétends ici produire qu'un écho de voix vive. Au fil des mots, comme d'un linge, il donne du fil à retordre.
Le poète est celui qui inspire. Il me semble ici que le non-sens s'érige en sens pour en masquer l'absence, la dérision pour acte de foi dans la raison.
Citons pour finir ces mots « A l'intérieur de cette pierre évoluait la couleur gourmande du miel, le pastel des plaines qu'on rencontre en Arabie sous le couchant, la teinte acide et juteuse d'une orange qu'on vient d'arracher. C'était un soleil en devenir, une étoile endormie » On se dit qu'à force de vouloir épurer tout ce qui serait de trop, seule la fantaisie peut surseoir au blanchiment du sens.
La littérature n'est pas le domaine du progrès, heureusement nous confie le poète.
On se dit qu'au sortir de l'obscurité, Icare apparaît comme l'allégorie du Progrès qui, par l'euphorie qu'il suscite ne peut que se brûler les ailes pour renaître de ses cendres sous une forme que nous ne pouvons anticiper : un blanc.
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