Samedi 15 août 2020 : on annonce à Rachida Brakni la mort de son père Kaddour. Alors qu’elle rejoint Paris, en train, elle évoque sa peine tandis que les souvenirs commencent à remonter. Elle va devoir faire face aux contingences administratives : nous sommes alors en plein COVID et de surcroît...
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Samedi 15 août 2020 : on annonce à Rachida Brakni la mort de son père Kaddour. Alors qu’elle rejoint Paris, en train, elle évoque sa peine tandis que les souvenirs commencent à remonter. Elle va devoir faire face aux contingences administratives : nous sommes alors en plein COVID et de surcroît c’est la période des vacances. Kaddour a toujours voulu être enterré en Algérie, il a payé pendant des années une assurance censée s’occuper de la logistique, mais celle-ci a fait faillite depuis plusieurs années.
On va suivre les évènements sur une période de cinq jours avec la famille au gré des repas de funérailles, des discussions entre hommes, entre femmes, avec la difficulté de s’isoler pour respirer un peu et laisser le chagrin s’installer, au gré des souvenirs qui remontent. On découvre un homme discret, son humour, de l’arrivée en France, avec les difficultés d’un travail souvent lourd qui a laissé des séquelles dont il ne se plaint jamais.
Il a pris soin de sa famille, de l’éducation des enfants, et Rachida se rappelle les échanges, les vacances en Algérie, les traumatismes aussi (ce jour noir du 17 octobre 1961 et de la répression violente qui a coûté la vie à de nombreux algériens). Comment ne pas se sentir proche de cet homme, étranger partout : considéré comme Algérien en France, Français en Algérie, avec une tristesse liée à l’exil.
L’exil, jusque dans la mort sépare et déchire les familles.
Il est fier de la réussite de sa fille, même si parfois il ne la comprenait pas avec cet échange savoureux lorsqu’elle choisit d’apprendre le latin : « une langue morte qui ne sert à rien », et qui pour lui relève du catholicisme. Le soin qu’il met à choisir son costume pour la première de Ruy Blas, afin de lui faire honneur « pour qu’elle n’est pas honte de lui »…
Ai-je déjà éprouvé de la honte à ton égard ? Je ne crois pas. Ne serait-ce pas plutôt de la gêne ou de l’embarras ? Le dire ou l’écrire m’écorcherait le cœur et briserait le tien. Si la honte est une seconde peau dont on voudrait se défaire, alors non, tu étais tout au plus comme un pull angora qui gratte, une gêne intolérable pour un vêtement si beau qui ne mérite pas de rester au fond du placard ou qu’on s’en débarrasse.
J’ai beaucoup aimé ce récit plein de pudeur et de tendresse qui évoque le deuil, la tristesse mais aussi les moments heureux. Il m’a profondément touchée, j’ai eu l’impression de partager l’intimité alors c’est pour cela que ma chronique sera brève pour ne rien trahir de l’émotion ressentie…
J’ai aimé la façon de Rachida Brakni évoque la dureté de l’exil, les difficultés à s’intégrer lorsqu’on est coincé entre deux cultures, ne voulant pas risque de perdre ses racines…
L’écriture est belle, sobre, mais elle touche directement au cœur. C’est la première expérience de l’auteure en littérature, et c’est très prometteur… et la couverture belle et très évocatrice : un olivier, qui résiste à tout, et s’adapte aux climats comme celui que Kaddour a planté dans le jardin : on ne plante que arbre qui donnent des fruits, et peuvent nous nourrir…
Ce livre, très court, m’a tentée immédiatement, dès la première fois où j’ai entendu Rachida Brakni en parler à la TV, et comme je suis son parcours depuis longtemps ainsi que celle de son célébrer compagnon, résister à la tentation n’a pas été envisagé, même l’espace d’un quart de seconde.
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Stock qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteure
#Kaddour #NetGalleyFrance
https://leslivresdeve.wordpress.com/2024/05/04/kaddour-de-rachida-brakni/
C'est tout à fait vrai; moi aussi, j'ai regretté de ne pas avoir plus interrogé mon père sur son passé, ce qu'il était mais il est vrai aussi, que lorsque j'étais enfant et adolescente, on ne parlait pas aussi librement que maintenant. De plus, mon père, fils de paysan, était un taiseux, ce qui n'a pas facilité la communication.