80 ans après, il est toujours essentiel de faire comprendre cet événement aux plus jeunes
« Rosalie se mit à ruminer, à jongler avec l'idée que la routine était en train de la tuer à petit feu. Que le banal et continuel rituel quotidien la rongeait imperceptiblement peu à peu. La vieille dame réalisait tristement que la vie avait disparu autour d'elle. Lorsque ces moments de brèves grisailles s'imposaient, Rosalie se raccrochait à ses chats et à ses quelques plantes. Durant ces randonnées visitées par le chagrin, la nonagénaire réalisait l'ampleur de sa solitude. Elle prenait vivement conscience que l'exaltation et la gaieté s'étaient tues dans sa vie, il y avait bien longtemps déjà. Que l'esseulement polaire avait envahi son coeur, son esprit, sa maison. Les instants de bonheur avaient maigri, pâli ; ils étaient devenus de plus en plus étrangers pour elle depuis quelques années. La braise avait cessé de réchauffer sa vie quotidienne et l'avait abandonnée sans complaisance. » Car elle ne croise que sa voisine de palier et ne reçoit que la visite d'un étudiant bénévole une fois par semaine, une nonagénaire québécoise passe ses heures à raconter sa vie à ses chats. Malheureusement, sa mémoire commence à flancher... À quoi bon continuer ? Décrépitude, solitude, oubli, regrets... Roger Trépanier signe une chronique désabusée de la vieillesse, tendre et amère à la fois, qui ne peut laisser indifférent.
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