80 ans après, il est toujours essentiel de faire comprendre cet événement aux plus jeunes
Ce dernier volume du Journal commence l'année du prix Nobel de littérature et s'achève à la mort d'Hélène Martin du Gard , la compagne du romancier depuis quarante-trois ans. Rayonnement d' une oeuvre et détresse d'une vie d'homme qui, sur le plan de l'histoire, a vu pour la seconde fois s'écrouler dans l' horreur ses idéaux de justice et de paix. Livre des bilans dénués de complaisance:Martin du Gard se juge ici, et juge ses contemporains et les générations nouvelles:Jules Romains, André Gide, Georges Duhamel, Jean Schlumberger, et aussi Montherlant, Malraux, Camus, Sartre enfm qui, en 1945, lui paraît condamner sans appel toute la production antérieure. Livre du vieillissement, de la sagesse pragmatique, de l'accoutumance à la mort, dont rendent bien compte Le Lieutenant-Colonel de Maumort, qui s'édifie peu à peu et que son auteur accepte de laisser inachevé, et les textes autobiographiques de 1950 à 1958, rassemblés par la volonté de Martin du Gard. Chroniques privées, ces documents fourmillent de vues pertinentes sur la fin de la Quatrième République, le retour du Général de Gaulle au pouvoir, les troubles en Algérie... Jusque dans les dernières semaines de sa vie recluse, déchirée par les dissensions familiales, Roger Martin du Gard n'a pas cessé d'être présent au monde, attentif à sa misère, inquiet de son devenir. C'est là ce qui donne son prix à un Journal aussi éloigné des complaisances narcissiques, des poses satisfaites que des déclarations pontifiantes:tour à tour amusée, irritée, indignée, la voix de Roger Martin du Gard éveille toujonrs en nous de fraternelles résonances.
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