Noël Balen raconte son enfance, dans Gosse de Rouges, le passé d’engagement de ses parents, leurs actions militantes au cours des années 60 jusqu’à la grande désillusion des années Mitterrand, les années 80.
Je ne connais pas l’œuvre de Noël Balen. Aussi, je ne peux comprendre toute...
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Noël Balen raconte son enfance, dans Gosse de Rouges, le passé d’engagement de ses parents, leurs actions militantes au cours des années 60 jusqu’à la grande désillusion des années Mitterrand, les années 80.
Je ne connais pas l’œuvre de Noël Balen. Aussi, je ne peux comprendre toute l’amertume que ses années d’enfance auprès de deux militants sympathisants communistes ont laissée. Certes, les idéaux pour lesquels se sont battus ses parents sont entachés de mensonges et de sang. Mais, rien n’explique le ton caustique employé, si ce n’est une grande déception, que le romancier ne revendique pas ou alors une immense pudeur.
Brins d’histoire
Parallèlement, un dénommé Marco se découvre un dimanche de mars 62, jour où des accords d’Evian, avec un accord de guitare à poser sur un poème, peut-être celui-ci d’Aragon. Tout au long du roman, Marc continue à livrer sa vie de doux rêveur. Il compose la musique sur les poèmes qu’ils aiment, racontant une vie simple à choyer ceux qu’il aime comme son enfant.
Par ce contraste, Noël Balen insuffle l’idée que les rêveurs ne sont pas forcément ceux qui se nourrissent de poésie, comme Marc.
Noël Balen est un écrivain, scénariste et producteur français qui, actuellement, signe en collaboration avec Vanessa Barrot, œnologue et écrivaine, la série Le sang de la vigne diffusée sur France Télévision.
Plus spécialiste du genre du polar, il abandonne ses intrigues pour un roman, certainement plus autobiographique. Car, difficile de ne pas voir dans le personnage de Marc, le critique de jazz féru de musique qu’il est. Et, pour raconter aussi bien les détails de la vie de ses deux personnages militants, n’est-ce pas ses parents qu’on distingue en transparence, entre les mots !
De la tendresse cachée
À l’heure où l’on commémore les cent ans de la mort de Lénine, j’avais espéré plus de compassion pour l’engagement auquel ont adhéré les parents du narrateur.
Souvent, le ton très mordant dissimule la tendresse éprouvée pour ces militants qui ont sacrifié leur vie pour des idées complètement fausses. Le réveil fut difficile pour beaucoup, impossible pour d’autres, carrément aux antipodes comme le père du narrateur, devenu admirateur de thèses trop noires !
Néanmoins, difficile de suivre Noël Balen lorsqu’un de ses personnages affirme « à chaque fois que je croise un électeur qui se rend à l’isoloir, je veux voir (…) un animal blessé claudiquant jusqu’à l’abattoir. Je compatis à son sort, je le plains de tout mon cœur. » Car, notre seul rempart contre l’écroulement de la démocratie est justement ce bulletin à glisser.
Gosse de Rouges raconte l’enfance de Noël Balen, à travers plusieurs personnages que le lecteur suit des années 60 aux années 80. Un bain dans l’univers des militants sympathisants communistes que l’écrivain traite, comme la désillusion qui a suivi, avec ironie et causticité. Malgré tout, la tendresse s’y exprime dans la justesse du propos, même si la pudeur y est constante. À découvrir !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/01/23/noel-balen-gosse-de-rouges/