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Elles s'appellent Isabela, Natacha, Adèle, Clarissa ou Dinora. Elles sont des mères parfaites, des épouses exemplaires, des adolescentes torturées, des créations de toutes pièces. Elles ont été kidnappées, séquestrées, elles ont mené des enquêtes et des doubles vies, elles ont vécu des gloires et des défaites. Elles ont menti, trompé (beaucoup), aimé (encore plus). Elles ont été des bourreaux, et des victimes : des hommes, de leur condition, de la société et bien souvent d'elles-mêmes. Elles ont parfois les mains sales mais toujours la tête haute. Elles sont drôles, touchantes, tristes, intrigantes. Elles portent en elles une folie et une mélancolie qu'elles ne craignent pas de révéler. Malgré les hommes, leur condition, la société.
En onze nouvelles, Teresa Veiga joue avec les codes littéraires pour mieux troubler et dépoussiérer les canons de genre. Enquête policière, faux-conte gothique, récits aux accents libertins, faits-divers, pastiches de Sir Conan Doyle ou de Dickens : ces onze textes sont autant d'hommages à la littérature que des prouesses stylistiques où la nouvelliste excelle à sonder l'âme humaine et à révéler des anti-héroïnes aussi complexes qu'irrévérencieuses. Des anti-héroïnes pour lesquelles ont ressent de l'empathie et que l'on a, très certainement, croisé au détour d'une vie...
Chef-d’œuvre absolu ! « Folles mélancolies » est d’une rare puissance. Ces nouvelles ne laissent pas indemne. Elles affrontent de plein fouet le conformisme, la superficialité, le bien-pensant, et les faux-semblants. L’illustration de la première de couverture de Alex Gozblau est un puits de lumière et le pictural incite à l’inauguration d’une lecture intense et profonde. Car, tout est là. Le perfectionnisme est une note de haute gamme. Ces nouvelles sont si riches qu’elles comblent l’humanité faite femme. L’auteure Teresa Veiga écrit sous un pseudonyme. Son fantôme hante les pages. L’alliage est un bouquet d’éternelles. Onze nouvelles dont le fil rouge est la mélancolie, l’épure émotionnelle. Elles sont culte avant l’heure du glas. D’une haute littérature, l’envolée est scène vivante. Teresa Veiga ne craint pas l’ombre. Le passage du grinçant, le relationnel tourmenté et l’ambiance lourde et obstinée. Elle ne doute jamais, connaît les chemins qui mènent aux cartographies des cœurs. La mélancolie est encre, philosophie, pas un piège, jamais. Une juste façon d’oser et de relever la tête coûte que coûte. Les femmes, ici, sont des soldats affrontant les affres des soumissions, des embrigadements et de l’esclavagisme. Rien n’est fleur bleue, douceur et hédonisme. Le fleuve charrie les douleurs existentialistes, les mélancolies qui incitent à la liberté, au droit à l’amour. « Folles mélancolies » va au bout de l’acte même. Ces nouvelles osent le dire et râclent au couteau les aspérités. La mélancolie est un chantier métaphorique. Elles s’emboîtent telles des poupées gigognes et deviennent percutantes. Dans une deuxième lecture on pénètre subrepticement le champ d’une intériorité en épreuve morale et sentimentale. Ces femmes au destin souvent fatal, narratrices de ce majeur « Folles mélancolies » sont le reflet introspectif d’une existence d’épreuves à l’instar d’un féminisme qui ne sera jamais qu’une clef de cadenas sur leurs consciences et leurs habitus. La force altière de ces novellas bouscule le bovarysme, engendre des existences grinçantes dont l’écho tremble. Teresa Veiga affirme la symbolique du noir surpassant la blancheur des pensées inachevées. Pas de langueur, de compromission, les mélancolies dévorent ces vies trop tôt avortées. « Attention aux algues vertes » est d’une maturité inouïe. L’auteure dont le fantôme hante les pages, tire les ficelles et bien au-delà d’un rythme fort et tenace les messages ont cette portée qui dévore tout sur son passage. « Folles mélancolies » est un grand livre, un futur classique. Onze chants du cygne, chapelle où un seul pas franchi peut abolir le mental. Fantasmagorique résonnance, murs gorgés de lierre mélancolique, robes déchirées par les vautours, parfums envolés. La teneur n’achève pas son langage. Jusqu’au point final on se trouve dans ce renom qui affirme une littérature dorée à l’or fin. Traduit à la perfection du portugais par Ana Maria Torres, « Folles mélancolies » est publié par les majeures Editions Chandeigne.
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