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Logres. Petite ville grise, inquiétante, étrangement familière. Gilles Saurat, professeur débutant, vient y prendre son premier poste. Le voilà livré au monstre de 1'Education nationale, qui dispense à une génération de jeunes gens indolents un enseignement perverti par des méthodes pédagogiques aberrantes. Sur place, Gilles trouve à se loger chez une veuve complaisante qui l'introduit dans une bourgeoisie locale oisive s'adonnant à d'étranges cérémonies érotiques. C'est alors que la banale histoire d'un enseignant d'aujourd'hui devient un véritable voyage en enfer...
Gilles est muté à Logres pour son premier poste d'enseignant. Il loge chez Mme Reeth où tout semble d'un autre temps. Il y rencontre la bourgeoisie de la ville et découvre ses secrets : séances d'érotisme, vente d'enfants, cannibalisme... Une salle renferme aussi une collection ancienne de livres érotiques. Quant au mari de Mme Reeth, le collectionneur, il a disparu. Cette maison ressemble à un labyrinthe et quel que soit l'endroit où Gilles se hasarde, on ignore toujours si on est dans le rêve ou dans le réalité.
Le métier d'enseignant est décrit dans toute sa splendeur. Gilles est lui-même un enseignant plein de naïveté, croyant pouvoir transmettre son savoir à ces jeunes délinquants menaçants. Là on retrouve le 21ème siècle en pleine face.
L'auteur en profite pour critiquer notre société et notamment le milieu enseignant, ses formateurs, les couloirs kafkaïens de l'académie où l'on se perd...
J'ai attendu en vain une réponse jusque la fin du roman par rapport aux différentes intrigues mais cela est resté flou. Un roman sombre et jamais très clair.
Gilles Seuret, jeune professeur de lettres est envoyé pour son premier poste dans le collège de Logres . La ville est sinistre, ses élèves n'ont aucun intérêt pour la littérature. Introduit par sa logeuse dans un cercle de bourgeois locaux qui s'adonnent à d'étranges séances ou se mêlent érotisme et ésotérisme, il se trouve plongé da sun univers étrange, kafkaïen .
Un roman troublant et décapant en raison des nombreuses charges que mène Jourde contre le monde dans lequel nous vivons :
- contre l'Education Nationale, charge d'autant plus forte et d'autant plus juste qu'elle émane d'un romancier qui connaît cette institution de l'intérieur
- contre les villes de province qui ont perdu leur âme, dont le seul pôle est le centre commercial et sa galerie marchande
- contre les jeunes musulmans qualifiés de "petits tyrans"," barbares faisant régresser la société"
- contre l'absurdité de l'élevage et de l'agriculture culture modernes.
Que reste-t-il alors dans cet univers ?
Rien... La culture disparaît, remplacée par des divertissements télévisuels abêtissants.
L'intellectuel n'est plus que l'écrivain médiatique paradant devant les téléspectateurs et servant d'alibi culturel ( on reconnaît ici une des têtes de Turc de Jourde...)
L'enseignant n'apparaît plus que comme le gardien d'un zoo où sont parqués des bêtes féroces.
Les relations amoureuses ne donnent lieu qu'à des séances sado-maso, des enlèvements , des viols .
Vivre n'est plus que survivre à Logres, métaphore du monstre qui dévore. Logres qui ne laisse jamais repartir celui qu'elle avale et digère. Logres qui concentre toutes les formes du mal .
Nombreuses sont les allusions à l'enfer, à Jérôme Bosch .
Le nom de Hellequin, désignant la famille "d'anges de l'apocalypse" , résidant dans le quartier de la Saint Barthélémy, ( le choix des noms n'est pas innocent.....) renvoie habilement à ce pandémonium . Un enfer concentré dans l'accumulation des clichés retrouvés dans le bureau de Georges Van Reeth .
Roman déstabilisant , non seulement parce qu'il dérange certaines certitudes, parce qu'il traite du thème du double et de la perte de la personnalité, mais surtout parce que le lecteur y est sans cesse ballotté , comme le héros dont il épouse le point de vue, entre rêve et réalité, entre raison et fantasme .
Du premier au dernier chapitre, on constate ce que Gérard de Nerval appelle "l'épanchement du songe dans la vie réelle", une interpénétration de ces deux univers, en particulier dans les scènes de rencontres nocturnes avec la sirène . Jourde se réfère d'ailleurs ouvertement à Nerval quand il cite un vers de El Desdichado :" J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène".
Le rêve vire souvent au cauchemar surtout lorsque le héros voit resurgir de la boue le soldats morts aux Ecargues lors de la Grande Boucherie .
Un roman choc, qui ne nous lâche pas, qui ne nous laisse pas indemne, et qui, par la grâce de son style conjuguant puissance et élégance, n'est jamais pesant.
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