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Qu'est-ce que la femme ? Un animal étrange né de la vase des bords du Nil, comme le croyaient les Égyptiens ? Ou formé sur le fumier exposé au soleil d'Arabie, comme le pensaient les Grecs ? Ou un sous-produit de la côte d'Adam, comme le veut la Genèse - c'est pourquoi elle a l'esprit tordu ? Ou encore, plus scientifique, selon Aristote : «La femme est une erreur de la nature. Dans un ordre parfait n'existeraient que des mâles».
En 1617, un certain Jacques Olivier publie un livre intitulé Alphabet de l'imperfection et malice des femmes. Dès l'entrée, le ton est donné : «Femme, si ton esprit altier pouvoit connoître le sort de ta misère et la vanité de ta condition, tu fuirois la lumière du soleil, tu chercherois les ténèbres, tu entrerois dans les grottes, tu regretterois ta naissance et tu aurois horreur de toi-même.» Dans la stigmatisation de la femme, Jacques Olivier n'est pas seul. Il est épaulé par une école de misogynes qui jonglent avec les exégèse bibliques, le discours patrologique ou traditionnel, la grivoiserie proverbiale et manient l'invective avec un naturel déconcertant.
Ainsi prend corps la «querelle des femmes».
Car face aux misogynes se dressent de fougueux féministes. Ils reçoivent de leurs adversaires les qualificatifs de «damarets», «muguets», «effeminez». Ils s'appellent Vigoureux, Meynier, chevalier de l'Escale et, par dessus tout, Poullain de la Barre, esprit des Lumières égaré au coeur du XVIIe siècle et féministe si audacieux qu'on a du mal à le surpasser dans ses idées, même aujourd'hui.
Tout au long des XVIIe et d'une partie du XVIIIe siècle, la «guerre des sexes» se poursuit, orchestrée par les stratèges du refoulement autour du thème de la «descouverture des seins» ou des dangers incarnés par l'Amazone.
Au XIXe siècle le discours se fait plus subtil. Il est laïcisé par les médecins qui se penchent avec paternalisme sur la femme, être fragile qui implore la protection de l'homme fort. En somme, la nouvelle stratégie se résume en peu de mots : protéger pour mieux soumettre.
C'est cette histoire de la mysogynie, depuis la plus virulente, la plus violente et la plus paillarde, jusqu'à la plus subtile, la plus paternaliste et la plus féministe d'apparence, que Pierre Darmon retrace dans ce livre.
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