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Le Porteur d'eau est sombre. Ceux qui ont lu Exodes, dont cette nouvelle est un prélude, ne peuvent que s'en douter. L'espoir pour l'humanité est quasi inexistant.
S'opposent deux humanités. Il y a celle de Clara, de son cancer de la peau, de la chaleur omniprésente d'un soleil meurtrier, de la sécheresse qui amène son mari, Cédric, à faire un voyage terrifiant pour aller chercher de l'eau potable dans le village despotique voisin. Et il y a celle de Mélanie, sa soeur, à l'abri du climat dans sa ville sous dôme.
Quand, en 2019, lors d'une conférence sur l'avenir de l'eau, Eau de Paris invite Jean-Marc Ligny à écrire sur l'avenir de l'or bleu, c'est sa rareté qui prime pour lui. L'avenir de l'eau n'est pas l'océan, le réservoir, le fleuve. Non. Sa nouvelle est nommée Désert. Un voleur est venu faire ses ablutions dans la vasque d'une femme solitaire, tentant de survivre, viciant et s'appropriant la précieuse ressource. Alors que nous suivons son attente, fusil à la main, nous sentons chaque goutte de sueur perler de son visage.
2030/2300 nous somme de rester humbles face au passage du temps. D'un côté, cette nouvelle nous donne espoir dans la solution technologique. Paul Oaken, ingénieur géologue, détaille sur son blog l'installation en 2030 d'un puits de carbone, permettant de capter jusqu'à cinq années d'émission de CO2. Nous suivons le protocole des méticuleuses préparations du terrain jusqu'à la fermeture du dernier puits. Oaken ferme alors son blog « l'esprit tranquille et la conscience en paix ». Lorsque, trois siècles après, dans la même vallée, les gens commencent à mourir asphyxiés, il est clair pour le lecteur que les sages recommandations de l'ingénieur n'ont pas été suivies.
Lorsque nous ne crevons pas de chaud, c'est la possibilité d'un froid intense qui nous glace le sang. Dans La Frontière, nous suivons un garde dont l'habitude de l'horreur à briser toute empathie. En effet, à l'entrée de cet immense mur, dans sa casemate en tôle, il a pour ordre de tirer sur toute personne qui s'en approche du mauvais côté. Et il s'exécute sans tergiverser.
Cependant, lorsque dans la lunette de son fusil il aperçoit un chiot, son sens des priorités est ébranlé. Là où il était incapable d'humanité envers un autre humain, le voilà prêt à se mettre en danger pour un canidé.
De l'eau au carbone, des flux migratoires aux forteresses des plus aisés, Jean-Marc Ligny aborde, en se basant sur la littérature scientifique, nos futurs possibles.
Ce recueil n'est pas gai, pas plus que le bonheur, dirait Max Ophuls. Mais il est nécessaire, si nous voulons éviter ce qui arrive à vitesse grand V.
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