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Sur l'île 365 dans la mer tranquille, tout est régi selon les préceptes de la Mère nourricière.
Livres, instruments de musique, stylos... sont interdits à la maison. Pour Honor, qui vient d'arriver, rien n'est vraiment choquant, elle veut absolument être comme les autres. Ce qui n'est pas le cas de ses parents, qui d'emblée assument leur marginalité dans cette société si corsetée. Ils ont vécu ailleurs, ont été récupérés de manière autoritaire, et s'ils acceptent de jouer le jeu le mieux qu'ils peuvent pour assurer une bonne éducation à leur fille, ils ne sont pas prêts à renoncer à leur liberté de penser.
Ce que Honor ne comprend pas du tout.
L'arrivée d'un petit frère, fait stupéfiant, ne va pas arranger les choses. Honor, dans le désir éperdu de se fondre dans la masse, va dénoncer ses parents. Mais elle perdra tout et se verra reléguée avec les orphelins, méprisée par ses amies d'école. Honor va alors apprendre à résister, la leçon aura été dure. Elle rejoindra un groupe (dont son père fait partie) de l'autre côté de l'île, du côté de la liberté.
Roman d'anticipation de facture plutôt classique, De l'autre côté de l'île expose avec brio les contradictions des enfants qui veulent être comme tout le monde, l'apprentissage de la pensée, comment remettre en cause l'idéologie régnante. C'est aussi un beau roman d'aventure, une ode à la liberté, à l'amour filial.
Ce petit roman a été le premier livre de dystopie que j’ai lu, alors que je n’étais encore qu’au collège et que je ne connaissais même pas l’existence de ce mot. Ce fut une de ces lectures-chocs, un livre qui m’a profondément marqué au point que je n’attendais plus qu’une chose : le relire. C’est désormais chose faite et cette relecture confirme ma première impression : cet ouvrage est un véritable petit bijou, un roman d’anticipation destiné à la jeunesse mais que je recommande à tous : habitués de la dystopie comme novices en ce genre, amoureux de la nature comme adeptes des réflexions psychologiques, jeunes lecteurs comme grands dévoreurs de romans.
Le premier chapitre nous plonge directement dans l’ambiance du roman : nous faisons la connaissance d’Honor, une petite fille de dix ans qui vient d’emménager dans une petite maison proche du rivage de l’île 365, au cœur des Colonies. Lorsqu’Honor arrive dans sa nouvelle école, elle comprend rapidement – et nous aussi – qu’enfreindre les règles et les normes est dangereux et qu’il est primordial – pour ne pas dire vital – de se fondre dans la masse et de rentrer dans le moule. Contrairement à ses parents qui ne croient pas en la Mère Nourricière, qui refusent de se plier aux lois et qui violent régulièrement les interdits, Honor va tout mettre en œuvre pour s’intégrer et devenir une écolière Modèle, une citoyenne Parfaite. Malheureusement, les choix de ses parents vont lui retomber douloureusement dessus et elle va progressivement être obligée de remettre en question toutes ses certitudes.
Vous l’aurez compris, nous nous situons bel et bien dans un cadre dystopique. Ici, la Compagnie se vante d’avoir offert Sécurité et Protection aux habitants des îles grâce à la construction de l’Enceinte, un dôme permettant de contrôler la météo et d’éviter tempêtes et tsunamis. La Nature est à la fois sacralisée et diabolisée : laissée à l’état sauvage, la nature est dangereuse et mortelle, mais contrôlée par la Compagnie, elle devient source de tous les bienfaits. La Mère Nourricière, initiatrice du mouvement, est vénérée telle une déesse et chaque enfant se doit de connaitre sur le bout des doigts professions de foi et manuels d’histoire. La Communauté est réglée comme une horloge, et les Félicitations que reçoivent les citoyens Modèles côtoient les terribles Sanctions infligées à ceux qui sont considérés comme des Imprévisibles, des dangers pour les autres habitants des îles.
Honor est une petite fille très attachante. Déstabilisée par ce nouveau déménagement, intimidée par ce mode de vie qu’elle ne connait pas, elle est avide de s’intégrer et d’être « comme les autres ». Elle est également effarée et effrayée par le comportement de ses parents, qui ne correspond absolument pas à ce qui lui est enseigné à l’école. Honor, c’est un peu l’enfant que nous avons tous été, l’enfant qui fait absolument tout pour correspondre au modèle que nous impose notre société. Ici, les choses sont poussées à l’extrême mais il n’y a pas besoin d’une grande réflexion pour faire un parallèle avec l’état actuel des choses : si tu es différent, si tu n’as pas les mêmes gouts que les autres, alors tu es anormal et alors tu es rejeté. Honor, c’est une petite fille à la fois très naïve et très forte, effrayée et très courageuse. Honor connait une véritable évolution au cours du roman, et c’est donc un personnage très intéressant à suivre.
Ce roman est très facile à lire, autant du point de vue du style que de celui de l’histoire. L’écriture, pour commencer, est fluide : les mots semblent couler de source, sans longueur, sans lourdeur, et c’est très poétique. L’auteur nous explique très simplement les choses, que ce soit les pensées des personnages ou des éclaircissements sur le monde dans lequel vit Honor. L’histoire, quant à elle, ne part pas des tous les sens : il y a une véritable ligne directrice, un fil rouge qui nous empêche de nous égarer. Nous vivons les choses telles qu’Honor les voit, nous n’avons jamais le point de vue d’un autre personnage mais cela n’est pas utile car nous en savons suffisamment. Il s’agit donc d’un livre très agréable à lire, une invitation à la réflexion mais qui ne prend pas la tête.
En bref, ce roman est une véritable perle, qui peut constituer une introduction à la dystopie pour un jeune lecteur mais qui peut être lu par tout le monde car chacun a quelque chose à tirer de ce livre. En effet, il ne se contente pas de décrire une organisation sociale dystopique, mais pose bien d’autres questions : celle de l’identité (qui suis-je par rapport aux autres ?), celle de l’intégration à un groupe aux normes spécifiques, celle du rapport à la nature … et j’en passe ! Il s’agit d’un roman jeunesse, certes, mais d’une profondeur qui n’a rien à envier à beaucoup d’autres récits de ce genre ! Je conseille donc vivement ce roman qui est un joli coup de cœur !
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