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Automne 2002. Alors qu'une nouvelle guerre se prépare en Irak, à Venise, les trafiquants font la fête. Corto est là aux côtés de Semira et de sa clique de Bosniaques, pour jouer les pirates... Mais quand l'amour, l'honneur et la fortune s'entrechoquent, fatalement, le malheur éclate... De l'Adriatique au Golfe Persique et, des Balkans à Babylone, entre chiens et loups, Corto va devoir, une nouvelle fois, tracer sa route, aimer, se battre et découvrir que l'aventure est une malédiction qui empêche de ne jamais rentrer au port...
Corto Maltese est un des grands personnages du XXème siècle et représente l'art de la bande dessinée définie par son créateur, Hugo Pratt. L'auteur italien voyait cela comme de la littérature dessinée, un moyen de raconter en mots et en images, en paroles et en silence le monde. Corto Maltese, aventurier et pirate, solitaire sentimental, est habité par un état d'esprit du XIXème siècle. Il est courageux, spirituel, loin des considérations matérialistes et porte en lui un spleen, une mélancolie qui l'anime à traverser le monde. Ce monde qu'il parcourt est marqué par la guerre, le conflit, le désir. Corto cherche lui une forme d'apaisement tout en voulant vibrer. Dans cette nouvelle aventure, un duo, MArtin Quenehen et Bastien Vivès, s'emparent du héros. Le poids sentimental porté par Corto surgit avec force. C'est l'axe principal de cette histoire. Corto est embarqué dans des aventures mais surtout dans les bras de Semira. Dans un noir et blanc léger dont les nuances siéent très bien à la mélancolie du personnage, les auteurs regardent cet homme être profondément troublé, touché, attendri par cette femme, cette combattante, cette reine, cet espoir. Le mot amoureux ne peut pas vraiment exister car il plomberait Corto. Les mots du réel ne peuvent le contenir. Cette force du personnage est là, bien présente et le héros se confronte aux réalités violentes des armées, de tous ces hommes qui veulent dominer, soumettre. Dans un récit bousculé, la tragédie est présente. Le duo d'auteurs parvient à s'approcher de cet être, pas tout à fait adulte, pas du tout adolescent. Corto Maltese est autre chose, il veut voir plus loin, survit au temps présent comme il a survécu à son créateur. Dans une fin ésotérique très émouvante, les auteurs rendent hommage à la particularité de Corto, il est éternel et en quête perpétuel d’un endroit où il pourrait fermer les yeux en toute quiétude.
2002, Corto Maltese est à Venise avec Semira. Une guerre se prépare en Irak et les trafiquants se sont donnés rendez-vous dans la ville. Corto, avec Semira et ses amis bosniaques vont jouer les pirates et s'emparer d'une très grosse somme d'argent.
Mais tout ne se passera pas comme prévu et Corto va devoir improviser, fuit et partir à la recherche d'hommes qui l'on trahi.
C'est la troisième aventure de Corto Maltese scénarisée par Martin Guenehen et dessinée par Bastien Vivès, la première que je lis. N'étant ni fan absolu ni même féru de Corto Maltese, je ne crierai pas au scandale quant à sa transposition quasiment un siècle après l'époque dans laquelle le faisait évoluer son créateur Hugo Pratt. C'est pour moi un album qui permet de mettre en scène un Corto contemporain, un homme encore jeune qui vit dans son époque, une manière assez habile de continuer à faire vivre un héros emblématique de la BD. Un hommage à son créateur et une adaptation plaisante. Le format, celui d'un roman graphique, est bien choisi, et sur un scénario tortueux et sinueux à souhait -comme l'étaient ceux d'Hugo Pratt dans lesquels, parfois, je me perdais-, Bastien Vivès dessine un Corto jeune, parfois juste esquissé notamment dans les jeux d'ombres des scènes de nuit. Des pages de cases muettes, peu de dialogue, Corto est avare de mots, sauf d'adages parfois à doubles sens. Dans cette aventure Corto est amoureux de Semira et l'amour, le trafic, l'argent et la piraterie ne font pas bon ménage.
J'ai pris plaisir à suivre cette aventure, certes assez éloignée de celles de Hugo Pratt ou de Juan Diaz Canales et Ruben Pellejero qui ont pris sa suite dans une logique davantage calquée sur l'original. C'est aussi une manière d'élargir le public susceptible de connaître Corto Maltese, plus moderne. Et ce n'est pas une mauvaise idée, ceux qui découvriront Corto Maltese avec les albums de Guenehen et Vivès auront peut-être envie de puiser aux sources.
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