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Dans ce récit, sobre, tendu, concis, Isabelle Minière nous révèle la stupeur, la terreur, d'une femme aux prises avec une étrange violence, sans coups, sans traces.
Elle nous démonte, par petites touches, la mécanique redoutable d'une manipulation mentale, aux effets ravageurs, mais qui agit dans l'ombre, en toute impunité. " L'arc-en-ciel, c'était quand il riait; c'était quand il souriait. Quand il te regardait ainsi qu'un homme regarde une femme qu'il aime. Une femme aimable. Tu voulais être cette femme-là ; et si ce n'était pas souvent, au moins que ce soit de temps en temps.
Tu te racontais cela, les soirs d'orage. "
La violence conjugale, plus par pression psychologique, par accès de colère, voilà ce que subit Lisa. La peur qui s’installe, son silence aussi.
Où est passé le beau Clément aux boucles blondes du début de leur amour ?
Ecrit à la 2ème personne, Lisa s’adresse à elle-même et nous embarque dans son drame.
Un récit court, un texte aéré, mais une pression qui monte et étouffe jusqu’à ce que Lisa se réveille, après des années d’angoisse.
C’est très bien écrit, parlant, mais oppressant et on en sort plutôt mal à l’aise.
J'ai découvert Isabelle Minière avec "Je suis très sensible" qui faisait partie des romans découverts par les Explorateurs de la Rentrée littéraire. J'ai été enthousiasmée et j'ai eu envie d'en lire davantage. Je n'ai pas été déçue avec "Cette nuit-là" paru en 2004 aux Editions Le Dilettante.
Dès les premiers mots j'ai été happée, empoignée et enfermée dans ce discours à la deuxième personne, monologue intérieur de Lisa.
Une nuit sans sommeil qui laisse l'esprit se remémorer une autre nuit de violence, de honte et d'horreur. La vie de Lisa est revisitée par cette voix intérieure qui raconte, qui constate, qui juge durement mais qui réconforte et encourage aussi. Quoi de plus enviable que l'existence de cette femme de 40 ans, mariée avec un homme charmant, commissaire de police, avec un enfant adorable ? De quoi pourrait-elle se plaindre ? D'un point de vue extérieur, la vie de Lisa est idéale. Mais qui sait, qui peut savoir la somme de peurs, de renoncement, de résignation et de soumission qui se cache derrière cette façade parfaite ? Qui le sait hormis Lisa elle-même et cette petite voix si présente qui met à nu son propre anéantissement au cours de cette nuit-là ?
Rien n'est épargné des sentiments de culpabilité, de haine et de la perversion du piège dans lequel Lisa est enfermée consentante. En phrases concises, d'une limpidité qui écorche, les éléments d'un choix impossible se mettent en place et il me semblait lire ces pages en apnée, respiration coupée, parole étranglée.
Choisir et assumer pleinement... Faire la part entre ce qui nous appartient et ce qui appartient aux décisions de l'autre... Détricoter les mailles du filet de culpabilité qui enserre et étouffe toute velléité de rebellion...
A la fin de la nuit, il fait jour "quand même" et la chape de plomb ne laisse plus peser qu'une ombre incertaine.
Ce livre devait être écrit et Isabelle Minière l'a fait de façon percutante, foudroyante. Il ne s'agit ni de "vrai", ni de "juste", ni d'"effet de réel" : ça va bien plus loin et ça atteint bien plus profond. "Cette nuit-là" va toucher là où l'on n'ose s'aventurer de peur de trouver dans un placard bien fermé de notre mémoire, le spectre de toutes nos culpabilités inavouées, inavouables.
Vous l'aurez peut-être deviné ? "Cette nuit-là" est un des romans les plus marquants que j'ai lu ces derniers temps !
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