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J'ai longuement hésité avant de rédiger un commentaire car la lecture de "La loi du moins fort" de David Ducreux Sincey fut éprouvante, pour moi. Si éprouvante que je ne parvenais pas à discerner si j'aimais ou non ce roman. En effet, le récit de l'enfance et de l'adolescence du narrateur, corrompu par l'emprise démoniaque d'une mère désaxée, puis par Romain Poisson, qu'il connaît depuis l'enfance, un être immoral qui l'instrumentalise, m'a parfois paru à la limite du supportable.
La narration commence alors que Romain Poisson devenu sénateur aux "innombrables malversations et actes de corruption" (p.16) a disparu. Son assistant parlementaire, chef de cabinet mais surtout homme à tout faire même et surtout le pire, raconte la genèse de leur étrange relation dominant-soumis puisque "Romain Poisson n'était pas [son] ami [...] Il n'hésiterait pas à me sacrifier et je devais faire de même, abandonner mes scrupules et mon sentimentalisme." (p.160).
Dès l'enfance, leurs activités morbides font fi de toute conscience et de toute morale. Le narrateur subit les sévices infligés par sa mère, sans jamais se rebeller, comme une malédiction inhérente à son être et, dans ce contexte, Romain Poisson constitue son seul recours, même si pour échapper à un démon il tombe ainsi aux mains du diable. C'est probablement l'une des difficultés que peuvent rencontrer les lecteurices : concevoir cette soumission totale, cette sorte de consentement à l'entière annihilation de sa propre personne. Anéantissement qui englobe son identité puisque le récit gomme son nom, son prénom, sa personnalité et le réduit à un rôle de pantin qui n'existe que par son aliénation à ses deux oppresseurs.
De là est née une partie de mon malaise car je me suis trouvée partagée entre la compassion pour cet être brutalisé, humilié, tyrannisé et l'exaspération face à son absence de rébellion, voire face à sa complicité dans des actes aussi infâmes que ceux qu'il a endurés. Il a pourtant eu l'occasion de refuser le marché proposé par Romain Poisson et il se remémore ce moment où un autre choix était encore possible : "J'aurais pu dire non. [...] C'est fini. Je vais vous oublier, oublier tout ça et me sortir tout seul de la vie où je suis né. Je n'ai besoin de personne."(p.197), mais il a "consenti pleinement, pleinement souscrit à sa proposition" (p.197)
Paradoxalement, cette lucidité et cette prise de conscience, même a-posteriori, augmentent le trouble en amorçant d'insondables interrogations sur les choix que l'on est amené à faire, sur les limites du libre-arbitre en fonction de l'histoire et de la prédétermination de chacun. Une clé de compréhension nous est fournie dans les dernières pages du roman sous forme d'un aveu déchirant de simplicité et de douleur enfouie : "Moi-même, j'aurais pu m'émanciper plus tôt, me révolter. Mais pour dire non à Romain Poisson il aurait fallu que je veuille autre chose, que je comprenne plus tôt que, peut-être, il y avait quelque chose en moi qui valait d'être sauvé."(p.238). Avec ces mots, le propos du roman s'élargit et vient percuter des images vues récemment, des faits quotidiens relayés par les médias, des récits de victimes qui se heurtent à l'incompréhension.
L'époustouflante puissance de l'écriture parvient à nous faire éprouver la suffocation paralysante de l'effroi et la recherche désespérée d'émancipation du jeune homme. Le récit est implacable dans son âpre sécheresse que l'humour noir qui teinte certaines situations décuple encore, sans parvenir à désamorcer la tragédie qui se noue. Par sa thématique et par le traitement que lui façonne l'auteur, ce premier roman est impressionnant de maîtrise et d'originalité. Je ne crois pas que l'on puisse en avoir une lecture impassible ou blasée. Je me suis sentie bousculée, déconcertée par la noirceur des personnages et des situations. La question demeure : ai-je ou non aimé ce roman ? Oui... mais non. Non... mais si.
"Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards, ni patience." René Char.
Il me tente beaucoup ,l histoire étant tellement triste de cet enfant ,quel calvaire , un lecture à approfondir de certains parents qui arrive à faire ses atrocités sur leur enfant à suivre
Un gros, un énorme coup de cœur pour ce premier roman. J’ai ressenti cet engouement dès les premières pages et il ne m’a pas lâché jusqu’à la dernière ligne. C’est vous dire !
Le narrateur est un petit garçon qui passe ses vacances dans une maison de campagne ; dans la maison voisine séjourne un garçon, un peu plus âgé, Romain Poisson. Ils vont faire connaissance; le narrateur n’a pas besoin d’ami mais de quelqu’un capable de tuer sa mère. Voilà, nous en sommes à la seconde page du roman et nous continuerons sur ce rythme.
Je ne veux pas trop vous parler de la vie de ce jeune homme sans vous en dire trop. Je peux simplement vous dire que ce roman parle de double emprise, de violences familiales, de politique, d’adolescence, de dualité, d’admiration, de déceptions, de force et de chats.
D’une écriture ciselée et élégante, c’est un roman puissant et parfois violent, c’est une histoire crédible, et le narrateur est un personnage attachant.
Vous trouverez également moult personnages secondaires, qui donnent au texte une profondeur inouïe. Vous découvrirez une caricature de la naissance d’un homme politique extrémiste, vous ne pourrez pas vous empêcher de penser au roman Vipère au poing d’Hervé Bazin, surtout au personnage de Folcoche, vous tremblerez pour les aventures du narrateur et vous détesterez certains protagonistes de cette histoire.
Ce roman est une réussite complète. Je vous le recommande vivement.
Double emprise !
Quelle belle surprise que la découverte de ce premier roman et de son auteur David Ducreux-Sincey !
Un livre qui nous attache dès les premières pages, impossible à lâcher, qui nous surprend de chapitre en chapitre jusqu’au dénouement final.
Le narrateur est un enfant battu qui grandit au contact d’une mère tortionnaire, maltraitante, qui commet des actes de violence inouïe envers son fils, qui le roue de coups jusqu’à l’évanouissement. Il en gardera une haine féroce envers sa génitrice, et une violence rentrée mais présente chez lui. Il rencontre dès son plus jeune âge Romain Poisson qui deviendra son ami, son confident, son Pygmalion, son maitre, son modèle. Par nature, il se soumettra également à lui, vivra dans son ombre, excusera ses excès, ses trahisons, deviendra son homme de mains, son homme à tout faire, même les plus basses besognes.
Un roman qui parle de maltraitance et de ses effets sur un jeune garçon. Son destin est-il tout tracé ? Sa mère a une emprise phénoménale sur lui, il n’ose pas se rebiffer. Puis ce sera au tour de Romain Poisson d’avoir l’ascendant sur lui. Une histoire de double emprise qui finit mal, on le sait dès le début.
Grâce à une écriture fluide, légère et drôle malgré les thèmes abordés, employant un humour féroce qui sert bien ses personnages, David Ducreux-Sincey nous invite à prendre connaissance de la vie du narrateur qui commence bien mal, puis son évolution vers l’accès à la liberté, il veut se sortir de l’emprise de sa mère, puis de celle de son ami.
On lit avec plaisir ce récit initiatique qui nous emmène. Un premier roman réussi en tous points, que je conseille vivement. Une plume à suivre, un talent de narration qu’on a hâte de retrouver, un auteur est né.
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