"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Trois garçons pleins d'avenir roulent à flanc de falaise.
C'est la nuit du 12 juillet 1998, celle d'I will survive. Ce que la chanson ne dit pas, c'est à quel prix.
Les Ateliers Cybelle emploient la quasi-totalité des femmes de Vrainville, Normandie. Ils sont le poumon économique de la région depuis presque cent ans, l'excellence en matière de sous-vêtements féminins, une légende - et surtout, une famille. Mais le temps du rachat par un fonds d'investissement est venu, effaçant les idéaux de Gaston Lecourt, un bâtisseur aux idées larges et au coeur pur dont la deuxième génération d'héritiers s'apprête à faire un lointain souvenir. La vente de l'usine aura lieu dans l'indifférence générale.
Tout le monde s'en fout. Alors ce qu'il faudrait, c'est un mort.
De la corniche aux heures funestes de Vrainville, vingt ans se sont écoulés. Le temps d'un pacte, d'un amour, des illusions, ou le temps de fixer les destinées auxquelles personne n'échappe.
Sélectionné pour le Grand Prix des Lectrices de ELLE 2017.
Si certains écrivains s'essoufflent au fil de leur production, ou s'enlisent dans des scénarios qui se ressemblent trop, ce n'est pas le cas de Hervé Commère.
Voici le 3ème roman de Hervé Commère que je lis et encore une fois, j'ai passé un très bon moment. Je l'aime bien cet écrivain. Il est sympathique et il rend (presque) tous ses personnages sympathiques, même bourrés d'imperfections.
Eh oui, la vie les bouscule, ils n'ont pas des réactions de super-héros. Ils sont juste des humains qui font ce qu'ils peuvent.
Là nous vivons à Vrainville, un petit village normand avec un maire de père en fils (désolée, j'avais vraiment envie de le faire ce jeu de mots), non loin de la mer, avec toute son histoire : ses gloires commerciales, ses légendes, ses potins, ses secrets terribles et ses querelles de clochers. Nous travaillons chez Cybelle, un atelier de production de lingerie qui fait la fierté de tous et fait tourner l'économie du village. Et après que Hervé Commère nous a raconté tous les potins et secrets les plus infâmes, que nous nous sentons une âme de Vainvrillais, il déroule ce scénario où tous les personnages clés se retrouvent et les masques que certains portaient depuis trop longtemps tombent enfin.
C'est fait avec humour, dérision et beaucoup d'humanité.
Petit (mais alors tout petit) bémol : j'ai trouvé la dernière partie un tout petit peu longue. Mais vraiment un chouia.
Alors, faut-il le lire ? Oui. Agréable moment. Pas de déception avec Hervé Commère ! Valeur sûre. J'ai presque envie d'aller visiter Vrainville un jour...quand on ne sera plus en confinement.
C’est ma complice @chezstelda qui m’a sommée de lire Hervé Commère : « il gagne à être plus connu ! ». Ça tombe bien, parce que je ne demande qu’à les porter aux nues les écrivains qui méritent plus de lumière.
Nous sommes le 12 juillet 1998, et la France vient de gagner la coupe du monde. Je faisais partie de ces filles qui suivaient le foot. Moi aussi, ce soir-là, j’ai senti que beaucoup de vies allaient basculer parce que dans l’euphorie générale, les gens se comportaient n’importe comment.
Vrainville, en Normandie, ne fait pas exception. Ce soir-là donc, une jeune fille est renversée par une Golf GTI dont les trois occupants ont choisi de ne pas s’arrêter. L’un est le fils de l’emblématique atelier de soutien-gorge qui fait vivre le village, l’autre est le fils du maire. Un homicide involontaire, ça ferait désordre. C’est le point de départ de ce bon roman policier. Bon parce que l’auteur a fait de ce village, plein d’espoirs et d’égoïsmes, le personnage central de son livre (ça rappelle le Trincamp du fabuleux « Coup de tête » de Jean-Jacques Annaud). Bon parce que ce roman a les accents d’un pamphlet antimondialiste où le capitalisme, aveugle et cynique, est fustigé sans complaisance ni caricature. Bon parce qu’à travers une fresque familiale écornée, l’auteur fait le portrait réussi d’une entreprise condamnée par les changements du monde et l’érosion de la passion (une illustration criante du célèbre : « le grand -père a fondé, le fils a profité, le petit-fils a vendu »). Bon, voire jouissif, parce qu’on y célèbre celles et ceux qui savent dire « non ». Je n’en dirai pas plus. À mon tour, je vous somme de lire Hervé Commère. Dans ce genre de littérature, c’est un maître.
Bilan :
« Un accident de voiture au milieu de la nuit, une naissance, le grand amour ou un viol, qui sait comment les choses arrivent ? Peut-être que tout ce qui va suivre n’est dû qu’à trois petits buts : nous sommes le 12 juillet 1998 au soir et, depuis quelques heures, la France est championne du monde de football » (p.13).
Voilà comment commence Ce qu’il nous faut c’est un mort, le point de départ de toutes les histoires qui vont nous occuper pendant les quatre cents pages qui suivent. Hervé Commère a l’audace de noircir ce jour de victoire, qui reste encore en France un symbole de fierté et d’union, la victoire en finale de la Coupe du Monde 98 par l’équipe de France contre le Brésil.
Le premier chapitre m’a perdue, ne m’a pas saisie. Heureusement qu’il y a cet élément déclencheur dans ces dernières pages. Grand espoir d’action, que le vif du sujet commence, je voyais cette fille mourir écrasée. Et puis non, tout retombe comme un soufflé trop cuit. J’ai cherché sans fin l’enquête policière, le meurtre, la chose qui ferait de Ce qu’il nous faut c’est un mort un roman policier. Peine perdue, une micro-enquête en quelques pages.
J’ai aimé ce livre, l’histoire, les personnages, ces trois amis d’enfance Maxime, Patrick et Vincent, le questionnement autour du chemin qu’il est attendu qu’on suive, l’acceptation de l’autre et de la différence dans l’entre-soi de ce petit village, les changements sociétaux. Mais tout ceci est obscurci par le fait qu’il m’ait été vendu comme policier. Personnellement, je le mettrais dans la veine de Partir de Tina Seskis où un événement déclencheur va bousculer la vie des personnages, malgré tout leur effort ils seront marqués à jamais et rattrapés par les fantômes du passé. Ce qu’il nous faut c’est un mort est plus un thriller psychologique qu’un roman policier.
C’est tout de même une belle histoire, on s’attache aux personnages, à Vrainville que l’on voit sous ses yeux, à la place du Marché où l’entreprise Cybelle a débuté mais aussi à la crise et à la fin d’une belle époque que nous enfants du 21e siècle n’avons pas connu, crise oblige.
La pensée de William, policier qui enfant venait passer ses vacances à Vrainville et n’a pas été accepté comme il l’espérait vingt ans plus tard, clôt bien cette histoire et la leçon qu’on en tire… « William pense au chemin parcouru, aux écueils et aux joies, aux illusions qui nous entourent, aux faux-semblants sur lesquels certaines vies se bâtissent, et rien là-dedans ne l’effraie ni ne l’agace. Il accélère » (p.396).
https://wordpress.com/post/dubonheurdelire.wordpress.com/3800
En septembre 2018, j’ai découvert le festival de littérature policière et polar « Lisle Noir » à Lisle sur Tarn et quel ne fut pas mon plaisir de découvrir au cœur de cette petite ville un festival où les auteurs sont accessibles et offrent des conférences de qualité !
Lors de mes achats, j’ai craqué pour Ce qu’il nous faut, c’est un mort car l’auteur présent ce jour-là m’a donné envie de le lire (et j’ai eu une petite dédicace amicale). Mais le temps passant, le roman est resté dans ma pile à lire. Dernièrement, j’ai pioché au hasard un roman et le hasard m’a fait découvrir la plume d’Hervé Commère.
« Pour 60 millions de Français, la nuit du 12 juillet 1998 fut celle d'une victoire footballistique.
Pour six d'entre eux, ce fut la nuit où leur vie a basculé.
Vingt ans plus tard, un destin sans hasard les réunit à Vrainville, Normandie, où les ateliers de lingerie Cybèle sont sur le point de passer aux mains d'un fonds de pension. À la clef, une véritable fracture sociale. Devant l'indifférence médiatique, l'une des ouvrières ironise : " Ce qu'il nous faudrait, c'est un mort. " De mort, il y en aura un, qui ressuscitera le souvenir d'une certaine nuit – une nuit de victoire, de regrets et de larmes. »
J’ai eu beaucoup de mal à abandonner pour quelques heures ce roman. Nous commençons par cette nuit du 12 juillet qui pour les divers personnages de ce roman choral est un véritable tournant, positif ou négatif. Un terrible accident de voiture, une naissance, un viol, une rencontre amoureuse, cette nuit de victoire va transformer la vie de nos protagonistes. S’ils ignorent les liens qui les unissent, nous lecteurs les découvrons petit à petit et l’histoire, vingt ans plus tard, va les réunir dans une histoire policière prenante.
Derrière la tension, j’ai particulièrement apprécié la réflexion sociale et économique que ce roman nous offre. Il nous montre comment la société française a évolué, transformant les hommes et leurs attentes, leur faisant oublier leurs idéaux et combats. C’est un véritable roman social !
En résumé : encore un auteur dont j’ai envie de lire les autres romans ! La pile à lire ne risque pas de diminuer !
12 juillet 1998, William rencontre Françoise, Marie est violée à Nancy, Mélie nait, Vincent, Patrick et Maxime, en sortant de boîte renversent Fanny qui reste paralysée
Vingt ans plus tard, on les retrouve à Vrainville.
Vincent dirige l'entreprise de lingerie féminine fondée par son grand-père, où travaillent Mélie et Maxime. Patrick a été élu maire, William vient de prendre la direction de la PJ de Dieppe
Le passé enfoui gangrène le présent, mais au-delà de la mise au jour des responsabilités de cette soirée de 1998, ce roman peut se lire à plusieurs niveaux :
Polar, oui puisque tout laisse penser que l'enquête bâclée en 1998 pourra être relancée, mais aussi roman économique qui évoque sans trop s'y attarder les difficultés d'une entreprise familiale dont l'héritier veut tirer le maximum sans une pensée pour les générations d'ouvrières qui l'ont amené là , mais ce roman propose aussi une réflexion sur les difficultés à sortir des rails
Est-il possible de réaliser ses rêves d'ado ; un fils d'ouvrier peut-il être artiste ; la couleur, invisible à Paris ou à Marseille, est-elle insoluble dans l'air normand ; tout acte répréhensible trouve-t-il sa punition ; où commence la propriété ;
Bref, des personnages attachants, pas forcément très honnêtes ni très droits, mais des gens qui font au mieux pour vivre leur vie et réaliser leurs rêves
Un roman qui aurait gagné à être plus travaillé pour gagner en force et devenir un vrai roman à la dimension sociale plus approfondie plutôt qu'un roman léger léger qui me laisse des regrets de ce qu'il aurait pu être
Bref, c'est un bon roman d'été, mais c'est dommage d'avoir gâché ce potentiel !
Après avoir été conquise par " Imagine le reste" j'ai découvert avec " ce qu'il nous faut c'est un mort" un tout autre univers mais toujours très axé sur le ressenti des personnages.
Hervé Commère nous emmène à Vrainville un village qui doit sa prospérité à un homme, Gaston Lecourt, lui qui dans les années 1920 à imaginer vendre des dessous féminins. Les ateliers Cybelle sont nés et quasiment toutes les femmes du village y travaillent. Gaston est un patron généreux, humain et si son fils Marcel maintient sa politique, un événement dramatique survenu le 12 juillet 1998 va changer le cours des choses et bien des vies. Lorsque vient le tour de Vincent de reprendre les rênes de l'entreprise les idéaux de Gaston sont un lointain souvenir.
Des amitiés se délitent, des vie sont brisées, et la prospérité de tout un village est mis à mal lorsque peu à peu remontent en surface certains secrets.
Une lecture passionnante, vivante et tellement humaine. Des hommes et des femmes emportés dans le tourbillon de la vie, celui qui mêle joie, peine, rêve, désir et malheur. du noir oui, mais aussi de la lumière car en chacun, suivant ses choix peut se trouver les deux.
Un très bon polar social
L’univers dans lequel nous embarque sans détour Hervé Commère dans ce nouveau roman policier ne peut que séduire par son originalité. En effet, toute l’intrigue tourne autour de Cybelle, une usine de sous-vêtements qui est le cœur de Vrainville, petite ville du Nord de la France. La plupart des habitants y travaillent ou y ont travaillé mais, aujourd’hui, l’usine menace de fermer, mettant la ville en danger économiquement mais surtout menaçant de faire remonter de sombres secrets à la surface…
Des phrases courtes, percutantes nous mettent tout de suite dans l’ambiance. Vrainville n’est pas qu’une petite bourgade tranquille où l’on fabrique des soutien-gorge. Des drames ont bouleversé le destin de certains de ses habitants à jamais.
Le portrait psychologique des personnages, surtout les plus sombres, est bluffant. L’auteur évite le manichéisme tout comme une fascination pour le glauque qu’on trouve dans certains polars et toute l’intrigue en est d’autant plus crédible. D’autant plus perturbante aussi….
Hervé Commère détourne ici les codes du polar pour nous livrer une fable sociale et une véritable réflexion sur la société.
On peut cependant regretter que les personnages féminins n’occupent que des rôles qu’on pourrait qualifier de « passifs ». Seuls leurs corps s’expriment, comme objets de fantasmes ou bien symboles de la douleur. Des références extrêmement récurrentes sont faites aux seins de la femme de Patrick (d’ailleurs délicatement surnommée « la couineuse »), au corps musclé de Marie et à ses yeux de louve, au corps abîmé de Fanny… Ce ne serait pas dérangeant si un traitement similaire était réservé aux hommes dont les corps ne sont justement jamais évoqués.
Ce roman policier est agréablement haletant et une réflexion intéressante (même si un brin banale) en découle sur le poids de l’héritage familial et la place de chacun dans une société qui se délite.
Pour voir ma critique complète : http://teabooksandmovies.fr/index.php/2016/11/11/ce-quil-nous-faut-cest-un-mort-dherve-commere/
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