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« On ne pouvait pas savoir quel temps il faisait à Paris ce 20 septembre, mais Léo dans sa chambre caniculaire imagina qu'il faisait chaud. Il vit Rimbaud retirer sa veste et la tenir à l'épaule, prendre la rue de Strasbourg puis s'engager dans le boulevard de Magenta vers le nord.
Il avait quitté Paris depuis trop longtemps déjà, six mois plus tôt, après deux semaines d'errance à coucher sous les ponts, crasseux, affamé, dévorant des déchets trouvés dans les tas d'ordures mais entrant dans les bonnes librairies pour feuilleter impatiemment les recueils de nouveaux poètes qu'il trouvait toujours trop délicats ou trop fades, français.
Cette fois, il lui semblait certainement que Paris déjà lui appartenait et qu'il n'allait plus jamais en repartir. Verlaine avait été empêché, devait-il penser, et l'attendait chez lui. Il lui avait donné son adresse, rue Nicolet, à Montmartre, tout près de la gare. » Léo vient d'emménager avec sa mère à Montmartre, à l'endroit même où Verlaine et Rimbaud se sont rencontrés et aimés cent cinquante plus tôt.
Durant cet été caniculaire de « fin du monde », alors qu'il croit devenir aveugle, le garçon voit renaître le Paris des deux poètes et en fait son ultime refuge.
Avec cette intense évocation d'Arthur Rimbaud à 17 ans par un jeune Parisien d'aujourd'hui, Alain Blottière poursuit sa série de portraits d'adolescents confrontés à la violence du monde, commencée avec Le Tombeau de Tommy en 2009.
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Un gros coup de coeur pour ce magnifique roman d'Alain Blottière. L'idée originale est de proposer une double narration, avec deux histoires qui se mêlent constamment l'une à l'autre au cours du récit. Un lieu commun aux deux histoires, le 14 rue Nicolet, dans le quartier de Montmartre à Paris, là où vient d’emménager Léo, 17 ans, et sa mère (en voyage tout le long du roman), mais là aussi où Rimbaud et Verlaine se sont rencontrés pour la première fois en 1871.
Léo va être fasciné par ce hasard de marcher dans les pas de ces deux illustres personnages et va étudier à la fois leur vie commune mais aussi leur oeuvre. Rimbaud et Verlaine vont lui apparaître tout au long du récit comme des fantômes qu'ils voient à travers le temps et l'espace et qu'il suit dans l'immeuble où jadis les deux amants se sont aimés, mais aussi dans tous leurs déplacements dans la capitale (les endroits où ils ont passé leurs nuits, où ils sont sortis, rencontrés des gens).
Le livre permet d’en savoir plus sur cette passion entre les deux poètes, avec une belle écriture, pleine d'extraits de poésie, grâce à cette fascination de la part de Léo. Celui-ci en profite aussi pour faire de belles rencontres, comme Julie une voisine originale, Printz un vieux monsieur passionnant, ou encore Bennati un ancien enseignant avec qui il partage le goût de la poésie.
Ce roman est une grande réussite, un hymne à la poésie, un livre intriguant naviguant entre deux époques mais avec pour cadre les mêmes lieux, une histoire de passions (au pluriel) et d'admiration, une découverte ou une redécouverte pour certains lecteurs de la vie de Rimbaud et Verlaine, mais bien ancrée dans le présent. Un petit bijou de lecture !
Quelle belle plume ! Alain Blottiere raconte ici la rencontre entre Arthur Rimbaud et Paul Verlaine ainsi que la relation si particulière qu'ils vont entretenir par la suite. L'originalité de ce roman tient au fait que ce récit se fait au travers du regard d'un jeune garçon, Léo, qui vient d'emménager à Montmartre avec sa mère et qui passe les vacances seul.
Le passage entre la vie du jeune garçon et le Paris de la deuxième moitié du XIXème siècle est d'une fluidité remarquable tout le long du récit. L'auteur a choisi, pour le jeune Léo, un monde quasi-apocalyptique à base d'épisodes de canicule interminables et démesurés. Par ailleurs, celui-ci semble être en train de devenir aveugle, puis il va découvrir un peu par hasard que l'appartement de Montmartre a abrité Verlaine et Rimbaud. Au fil de ses recherches, il va faire plusieurs rencontres et cela donnera d'ailleurs lieu à des scènes un peu particulières mais je ne vais pas en dire plus.
En parallèle, la deuxième histoire, Verlaine qui découvre le talent de Rimbaud, leur rencontre, le caractère invivable de Rimbaud, l'histoire d'amour...
La construction est remarquable tant le passage d'une histoire à l'autre se fait sans à-coups allant même jusqu'à quasiment fusionner. L'auteur arrive à jongler habilement entre le Paris du jeune Léo et le Paris à l'époque de Verlaine et Rimbaud avec à la clé des descriptions savoureuses le tout servi par une écriture magnifique et moderne.
C'est donc ici une très belle découverte pour moi. Un roman audacieux avec une construction incroyablement maitrisée et une plume magnifique. J'ai pris du plaisir à découvrir ces histoires qui se rejoignent. Un beau roman à découvrir !
Quelle belle découverte que ce livre !
A travers le personnage Léo, 17 ans, qui est resté seul dans son appartement à Montmartre pendant les vacances d'été, l'auteur nous fait revivre la grande passion entre Rimbaud et Verlaine.
En effet, Léo découvre que le couple a vécu dans ces mêmes murs où il habite aujourd'hui et sombre dans l'obsession pour ce passé révolu en même temps qu'il est atteint de crises de cécité.
Le livre rend magnifiquement bien compte de l'obsession, le désir de mimétisme du passé, la nostalgie de temps meilleurs qui peuvent naître à l'adolescence et dans lesquels je me suis personnellement bien reconnue. C'est toute une époque qui revit à travers les yeux de Léo qui choisissent en quelque sorte de ne plus voir la laideur du monde moderne et lui ouvrent les portes du passé.
A travers des rencontres avec ses voisins, avec un ancien professeur, avec un éditeur, Léo va trouver des similitudes entre la romance des poètes et sa propre vie et c'est magnifiquement bien raconté.
Un petit coup de coeur pour ce livre délicat, véritable hommage à l'adolescence et à la poésie.
Pour avoir lu – et beaucoup aimé – "Comment Baptiste est mort", j'ai eu envie de découvrir le nouveau roman d'Alain Blottière, "Azur noir", et cette lecture, plus encore que la précédente, fut magique et à plus d’un titre.
Cet ouvrage raconte l’histoire de Léo, dix-sept ans. Il a refusé de suivre sa mère en Laponie et passe ses vacances, seul à Montmartre, dans leur appartement de la rue Nicolet. Ce même lieu abrita autrefois les amours de Verlaine et Rimbaud. L’été est caniculaire et :
"La nuit s’illuminait d’éclairs sans pluie ni tonnerre, comme si toutes les catastrophes se consumaient d’un coup dans des éruptions de gaz étouffées par leur propre souffle."
"Des voiles légers tombaient en tournoyant du ciel ensoleillé… Soudain, après la petite cour, le vieil immeuble blanc de l’autre côté de la rue en pente s’effaçait derrière un nuage d’encre noire… Léo devait se rendre à l’évidence : il devenait aveugle".
Certes, régulièrement, des nuages noirs s’amoncellent et empêchent Léo de voir sa vie. Mais, ils lui permettent de suivre celle de Verlaine et Rimbaud. Il les voit parfaitement déambuler dans les rues de la capitale, les entend parler, les regarde siroter leur absinthe. Léo, Rimbaud, c’est à un ballet, un véritable pas de deux, auquel nous convie l’auteur, un voyage dans le temps. Léo est Rimbaud, se met à écrire frénétiquement, envoie ses vers pour avis, rencontre l’amour d’une femme, puis de son professeur, Benatti "…une belle gueule avec ses longs cheveux noirs et sa barbe de trois jours savamment rasée, …"
L’écriture d’Alain Blottière est chatoyante, hallucinante, subtilement parsemée de morceaux de poèmes. Elle est peinte aux couleurs rimbaldienne… "A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu". Elle est travaillée, ciselée, poétique, enchanteresse. Elle traduit à merveille l’emballement de Léo, son voyage à travers les années, sa tendance à toujours basculer dans un autre monde.
J’ai beaucoup aimé la manière audacieuse qu'utilise l'auteur pour nous faire revivre ces poètes maudits et la réincarnation de ce petit diable de Rimbaud. Verlaine, Rimbaud, une biographie, mais tellement différente, tellement renouvelée, tellement envoûtante .
"Azur Noir" : un roman aussi magnétique que le regard du poète, aussi fantastique que les yeux de Léo. Noir, bleu, Azur noir…
https://memo-emoi.fr
Avis issu de : https://hanaebookreviews.wordpress.com/2020/02/03/azur-noir-alain-blottiere/
J’ai toujours vu les chiffres, les lettres, les jours et les mois en couleurs. Ma sœur a la même faculté, tare ou facilité (appelez ça comme vous voudrez). Colorer la vie avec les mots me semblait donc normal et la seule chose qui m’inquiétait était que ses lettres n’avaient pas la même couleur que les miennes.
Un jour, au lycée, j’ai étudié Voyelles de Rimbaud.
Ses visions chromatiques ne m’allaient pas et, alors que le prof évoquait l’ordre de l’alphabet grec, de l’alpha « A » vers l’Oméga « O », je me frustrais de son A noir que je voyais rouge, de son E blanc qui devait être bleu et de ses I, U et O qui dénotaient avec les miens.
Ma voisine gloussait, pensant que je faisais l’idiote et j’ai dû révéler mes pensées à la classe entière.
« Synesthésie »… il y avait donc un nom à ce phénomène et le monde n’était pas coloré pour tous.
Je me sentais privilégiée. Ma frustration envolée, je m’enivrais de ces mots et devins ivre de ces pigments qui différaient des miens. Son A noir était plus chic que mon rouge passion et j’en imaginais même sa texture ; un velours chic, doux et féminin.
Dès lors, j’ai été sensible à cet enfant démoniaque dont je connaissais si peu la vie excepté son irrévérence légendaire, son génie sulfureux et sa relation avec Paul Verlaine.
Azur Noir ; le titre m’a rappelé le A sombre du poème. De ces mots contraires perçait une poésie rimbaldienne qui éclairait ma curiosité.
Consumée par une prose poétique, j’ai découvert Rimbaud et son Paris.
Léo, jeune adolescent, est possédé par le « diable des Ardennes ». Il passe l’été seul dans l’appartement où il vient d’aménager avec sa mère. Situé à Montmartre, 14 rue Nicolet, Rimbaud et Verlaine s’y sont rencontrés et aimés. Cent cinquante ans plus tard, dans un Paris désert et caniculaire, Léo croit perdre la vue. D’étranges voiles noirs s’imposent lui.
Isolé dans son Montmartre écrasé par la chaleur, il s’entoure de disparus et revit l’été 1871 à Paris, lorsque Rimbaud présente son Bateau Ivre.
On lui diagnostique une cécité hystérique. Aucune lésion, rien : il faut comprendre l’esprit. Pourquoi cet aveuglement ? Qu’est-ce que Léo cherche à ne plus voir lui qui affirme n’avoir « jamais autant voulu voir » ?
Obsédé par Rimbaud, l’adolescent veut voir ce passé qui l’obsède.
Les voiles noirs s’intensifient et Prinz, voisin centenaire, évoque Tirésias, alternativement homme et femme, devin condamné à la cécité. De quoi rappeler Léo, bisexuel qui voit mieux ses fantômes à mesure qu’il perd la vue.
Rimbaud triomphe dans l’Azur qui se noircit.
Le lecteur bascule d’un réel confus à un imaginaire de plus en plus net. Les passants sont réduits à des rires, la chaleur est irréelle, Julie est sublime parce que folle alors que les fantômes se précisent.
L’écriture d’Alain Blottière magnifie ce passé qui prend corps (« dans ce naguère ressuscité, un faiseur de sons ajouterait les cris des marchands ambulants, des vitriers, rémouleurs, serruriers et réparateurs de porcelaine, et sur le pavés le vacarme des roues ferrées des voitures et de la crépitation des sabots. Un aromaticien disperserait des odeurs, acides crottin, âcre égouts, ordures d’avant les poubelles, gaz des réverbères, café qu’on torréfie, sucres chauds des confiseurs et viandes languissantes aux crocs des bouchers »).
Couplée aux voiles noirs, la chaleur étouffante peut sembler menaçante mais associé aux caresses des deux poètes, elle soulève l’érotisme. Isolé dans son fantasme, baigné dans son extase, Léo suscite le désir des êtres qui le croisent : sa voisine Julie, sa copine Inès, son professeur ou des touristes japonaises.
J’ai aimé ce texte, sublime dans sa prose et innovant dans sa construction.
Au lieu de rédiger une biographie banale, l’auteur ressuscite le poète à travers un autre jeune homme. Quel est le lien ? Léo est-il possédé par le poète ou s’est-il réincarné en lui ? L’adolescent du présent permet d’aborder Rimbaud sans en écorcher le génie, avec une certaine distance, sans le remplacer. Le poète garde sa poésie et son mystère et la plume rend hommage à la sorcellerie Rimbaldienne.
Voyance, réincarnation, fantômes du passé ; le roman d’Alain Blottière glisse vers le fantastique renforcé par une tempête apocalyptique pressentie par Léo.
Laissez-vous hanter par les mots, l’histoire et la vie de Rimbaud. Aveuglé par l’azur de son regard, succomberez-vous au magnétisme du petit paysan aux joues roses ?
« Peu à peu, sans presque s’en rendre compte, Léo préféra la nuit. Outre son ordinateur, il n’allumait qu’une lampe et laissait les fenêtres ouvertes pour faire entrer un air un peu moins brûlant. Après les voir fermées, il finissait par s’endormir chaque jour juste avant l’aube. Il se réveillait l’après-midi et n’ouvrait plus les volets. La pénombre n’était pas toujours la même mais qu’elle soit grise, argentée de lune, ou comme ambrée, percée de lances de soleil, elle s’accordait mieux que le grand jour à son état de veille, tous ses sens à l’affût d’une personne secrète. Dans cette demi-obscurité, aussi, les voiles qui parfois passaient devant ses yeux lui semblaient plus anodins que dans la lumière éclatante de l’été surchauffé, quand il était obligé de sortir et contraint de s’arrêter net au milieu d’un trottoir en plein soleil, car un court instant la rue s’effaçait dans un fondu au noir. »
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