"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La femme de Thomas a découvert son infidélité, elle ne l'a pas acceptée, elle déménage avec leurs deux filles, elle a tout emporté de sa vie. Prof de français dans un lycée, Thomas va petit à petit sombrer mais il trouve un peu de réconfort et d'amitié dans les manifestations des Gilets Jaunes. Thomas rongé par les humiliations et les frustrations va perdre les pédales et devenir un meurtrier. Une première partie captivante avec une description très réaliste du mal-être et de la précarité, du sentiment d'injustice, bases de la révolte des Gilets Jaunes, à force d'être manipulé on finit désabusé. La seconde m'a semblé plus laborieuse, même si les réflexions sur les limites de la fonction de juge d'instruction, les dysfonctionnements de la justice, le manque de crédits sont intéressantes.
Un roman social porté par une écriture vivante. À travers ces deux personnages que tout oppose, le prof qui habite Saint-Étienne la ville ouvrière et la jeune juge d'instruction issue de la bourgeoisie bordelaise, Thierry Poyet décortique notre société et la fracture sociale entre ceux qui ne n'attendent plus rien du lendemain et ceux qui ne comprennent pas les raisons profondes du soulèvement des Gilets Jaunes. Anne-Laure l'ambitieuse qui rêve d'une place dans les sphères du pouvoir sera elle aussi comme Thomas une cocue du système.
Un récit qui est une véritable photographie de notre société actuelle.
Saint-Étienne la noire, la misérable, cette ville minière à soixante kilomètres de Lyon la soyeuse, nous sommes en 1948 et en ces temps d’après-guerre, Brigitte 14 ans, son certif’ en poche, doit travailler à l’usine, même pour une paye modique, elle doit aider ses parents. Son enfance a disparu il y a quatre ans sans s’en rendre compte, le jour où les Américains ont bombardé la ville.
Thierry Poyet avec une belle écriture, vivante et émouvante nous entraîne dans le Saint-Étienne des années 50 à travers le portrait d’une petite stéphanoise qui a le sentiment de n’être pas à sa place. Une jeune femme insoumise qui rêve de liberté et d’indépendance, voler de ses propres ailes, faire sa vie, quitter le foyer de ses parents, fonder sa propre famille, échapper à la banalité de son quotidien, quitte à épouser un garçon médiocre, sans ambition pourvu qu’elle puisse le mener par le bout du nez et oublier le drame qui a brisé l’existence de toute sa famille.
Un roman social où nous partageons la vie laborieuse des ouvriers, la pauvreté, la lutte contre les patrons, les quartiers populaires comme des petits villages où tout le monde se connaît, les bistrots où l’on essaye d’oublier cette vie de misère.
Thierry Poyet sait retranscrire de façon réaliste et détaillée l’horreur du bombardement de Saint-Étienne, le 26 mai 1944 ; la douleur d’une mère face à l’insoutenable qui sombre dans la folie et le père qui ne comprend rien à cette guerre qui vient de lui enlever ses deux fils. Ce roman est aussi un hommage à une ville et aux qualités de ses habitants, leur générosité, leur solidarité, leur courage et leur honnêteté, des gens simples, travailleurs et fiers.
Le récit est parsemé d’expressions du « gaga » le parler imagé des stéphanois et agrémenté d’extraits de livres où des écrivains célèbres parlent de la ville ouvrière.
Dans ce premier roman, l’auteur excelle dans l’art de rendre compte d’une époque, d’une ville, à travers le portrait d’une femme courageuse, volontaire et moderne.
Rien ne prédestinait Anne-Laure, juge d'instruction et Thomas, professeur, à se rencontrer. Et pourtant, Thomas a tué un homme et devra répondre de ses actes sur fond de mouvement social. Leur trajectoire en quête de sens, n'en a pas fini de s'entrechoquer...
On assiste avec ce roman à la descente aux enfers d'un homme, qui a commis l'irréparable. On est entraîné dans un tourbillon puissant.
C'est noir et vertigineux avec des personnages qui, si socialement tout opposent, se retrouvent un peu dans leur identité. On traverse leur détresse, leurs questionnements. On va au cœur de leur vie personnelle, on les suit dans une confrontation verbale et de classe sociale.
À l'encontre de Thomas est formulé un procès d'intention. On s'apitoie sur l'engrenage dans lequel Thomas s'enlise. On est choqué par l'acharnement et les certitudes d'Anne-Laure. Les charges qui pèsent contre lui grossissent et se distordent. On y retrouve des courants de pensée propre à Camus. On parle d'inégalités, de l'absurde de la condition humaine.
"Je n'ai pas entendu ce qui se disait autour de moi. Je frappais et je n'étais plus capable de retenir mes pieds. Je prenais ma revanche sur l'existence à travers un type que je massacrais."
L'écriture est fluide, directe pour un scénario palpitant. On est touché par la véracité des personnages. C'est un roman qui décrit la chute avec beaucoup de justesse et qui nous met en face de notre propre perception du jugement.
Un récit universel et de société à dévorer !
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