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Refusant de minorer ou de nier les prédations exercées par les loups sur les humains, Jean-Marc Moriceau est l’auteur d’un extraordinaire travail de recherche qui permet de se faire une idée la plus précise possible sur ce sujet.
Dans cette nouvelle édition corrigée et augmentée, un livre impressionnant de plus de 600 pages, le lecteur découvre les habitudes de ceux qui nous ont précédés, le fonctionnement de la société et surtout les réactions de la population devant des attaques bien réelles mais qu’il s’agit avant tout d’analyser pour éviter de tomber dans le piège des superstitions et autres croyances irraisonnées.
Jean-Marc Moriceau, documents à l’appui, nous emmène à travers tout le pays, s’appuyant sur les seuls récits disponibles jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, ceux établis par les curés de campagne. La plupart du temps, l’imagination prenant le dessus, les méfaits des loups anthropophages étaient attribués à un seul animal malfaisant, insaisissable. L’imagerie populaire aidant, une représentation de plus en plus féroce atteint son paroxysme avec la Bête du Gévaudan (1764-1767). La presse aussi, dès 1632 (La Gazette) s’est chargée de médiatiser la férocité des loups.
En fait, si certains loups ont pris goût à la chair humaine, c’est la faute des guerres et batailles incessantes qui ont égrené les siècles, laissant sur les champs de bataille, quantité de cadavres sans sépulture. S’ils nettoyaient le terrain, les loups, ensuite, cherchaient à prélever leur nourriture sur les vivants, hélas. L’exemple le plus célèbre de cadavre dévoré par les loups sur un champ de bataille est celui de Charles le Téméraire retrouvé nu et à moitié mangé, deux jours après la bataille de Nancy, le 5 janvier 1477.
Les autres attaques des loups sur les humains relèvent de loups enragés. Contrairement au loup anthropophage qui attaquait les plus faibles, les femmes et les enfants principalement, le loup enragé s’en prend à n’importe qui, infligeant d’atroces morsures sans dévorer sa victime. Une seule attaque pouvait se révéler être un véritable fléau parce que les conséquences étaient abominables à cause de cette maladie que l’on ne savait pas encore soigner. Jean-Marc Moriceau consacre une bonne partie de son étude à l’évolution de la rage et aux façons de lutter contre elle.
Cette « Histoire du méchant loup » permet de s’informer et surtout de dédramatiser le débat sur un sujet abordé sans œillères et avec le maximum de documents étudiés et reproduits dans le livre. En un peu plus de 500 ans, les loups ont fait un peu plus de 3000 victimes (1857 pour les prédateurs et 1201 pour les enragés). Rapporté à la mortalité importante durant cette période (chutes, noyades, maladies, etc…), ce nombre n’est finalement pas trop important.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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