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Ce petit livre contient, outre une discussion imaginaire entre Max Jacob et Mademoiselle Infrarouge, autrement dit Linda Lachgar, 15 croquis de Max Jacob et un récit inédit de Pierre Colle sur le poète corrigé par Max Jacob lui-même.
Cette courte discussion entre Max Jacob et Linda Lachgar, grande admiratrice et spécialiste du poète, elle-même poète, aborde tous les thèmes chers à Max Jacob : l'homosexualité, le judaïsme et sa conversion au catholicisme au point de vivre une vie monacale, rattaché à l'abbaye de Fleury à Saint-Benoît-sur-Loire sur les dernières années de sa vie (merci Wikipédia). Il parle aussi de ses amitiés avec Picasso, Apollinaire, de peinture, de poésie, du surréalisme dont il fut un des précurseurs sans pour autant y adhérer. Il aime vivre et flâner à Paris mais aime aussi sa Bretagne natale (Quimper, en 1876, il meurt déporté à Drancy en 1944).
Linda Lachgar lui fait dire tout cela de manière élégante, vacharde, humoristique, cultivée, charmante, tout ce qui devait faire sa personnalité. Il fait le cabot, aime qu'on l'aime, dit du bien -mais pas seulement- de lui. Ce sont de courts dialogues, parfois de simples phrases :
- "A une lointaine époque, Picasso et moi avons partagé le même lit, mais pas aux mêmes heures. Dommage !"
- "Pisser dans la rue va devenir un acte surréaliste, savoir chiner aux puces aussi."
- "Je suis très attaché à ma célébrité !"
Pour continuer à découvrir ce poète, peintre, romancier et critique sans doute pas assez connu, après un autre livre de la même auteure déjà à lui consacré : Arrestation et mort de Max Jacob.
Ce 5 mars 2019 est le 75ème anniversaire de la mort de Max Jacob, une occasion saisie par Linda Lachgar et les éditions du Canoë pour lui rendre un bel hommage.
Fin février 1944, Max Jacob est arrêté par la Gestapo. Il mourra au camp de Drancy quelques jours après. Il vivait depuis plusieurs années à Saint-Benoît-sur-Loire où il était très apprécié. Max Jacob, juif converti au catholicisme depuis presque trente ans était poète, écrivain, peintre, compagnon de route de Picasso, résident du bateau-lavoir, ami de Cocteau... Peu connu, il vécut chichement, mourut dépourvu de biens et pourtant toujours soutenu par ses amis fidèles qui tentèrent de le libérer de Drancy.
De l’œuvre de Max Jacob, je dois bien avouer que je ne connais pas beaucoup. A peine des dessins vus lors d'une exposition au musée des Beaux Arts de Quimper -sa ville natale, en 1876 (1876, c'est la date de naissance de Max Jacob, pas celle de ma visite du musée, entendons-nous bien)-, d'ailleurs dans mon souvenir, une belle découverte, et des petits bouts de texte ici ou là. Ce que je retiens surtout de lui, c'est une présence forte et pourtant assez discrète dans le Paris du début de XX° siècle, au Bateau-Lavoir. J'ai lu plusieurs livres sur le sujet dont ceux de Dan Franck, et chaque fois Max Jacob est là en soutien de ses amis, en retrait et indispensable.
Lina Lachgar se concentre sur les dernières semaines de la vie de Max Jacob. Il vit à Saint-Benoît-sur-Loire (merci Keisha), il est alors cicérone pour la basilique, fonction qui lui sera interdite après l'entrée en vigueur du statut des juifs, puisque bien que converti, aux yeux de Vichy, Max Jacob est toujours juif.
Écrit en courts chapitres, très documentés et référencés, illustrés par des photos de Max Jacob et de divers lieux et documents le concernant, ce livre se lit bien. Il n'est pas une biographie du poète mais juste ses derniers moments. On peut rester sur sa faim en se disant qu'on ne sait pas grand chose de sa vie, mais en le prenant du côté positif, on se dit qu'il est plus que temps de se plonger dans une biographie de Max Jacob et dans ses écrits et que c'est ce court livre qui nous y aura incité.
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