"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Voici une galerie de personnages atypiques. Des véritables névrosés, adeptes de petites combines, et même parfois de gros délits. Un cocktail détonnant de sexe, d’alcool, de drogue, et de lâcheté, dans lequel chacun semble se demander où il en est. C’est le genre de livre où les personnages, choisissent de faire sans cesse ce qu’il ne faut pas. A de nombreuses reprises, j’ai essayé de les conseiller (« non ne fais pas ça ! »), mais rien à faire, la plupart sont incorrigibles.
C’est un livre indescriptible, car le plaisir vient avant tout du style piquant de l’auteur, et des personnages pathétiques, mais attachants qui se croisent au fil des pages. L’histoire part dans tous les sens, c’est loufoque, rempli de clichés, la fin est déroutante, mais étrangement ça fonctionne plutôt bien.
Voilà longtemps que je n'avais lu un tel recueil de nouvelles, à la fois brèves et particulièrement illustrantes d'une société américaine, plutôt "classe moyenne" , livrée à ce point à la faillite d'un rève américain que l'on nous vante tant.
Intitulé des 9 nouvelles :
- Affronter l'Orage.
- Kouboukou raconte (ça suffit)
- Les riches.
- Jésus et ce bon vieux Franck.
- Julie : un souvenir.
- Les Bons Samaritains.
- Vie Nocturne.
- Partir.
- Fin d'une histoire d'amour.
Larry Brown nous plonge avec finesse et discernement dans des instantanées de vie où solitude, alcool, infidelité, castes sociales, difficultés financières, violence parfois et quelques rares élans de générosité rythment ces portraits. 9 nouvelles au total de qualité relativement égale avec certaine plus incompréhensibles que d'autres (notamment Julie : un souvenit) parfaitement écrites. Les décors, sentiments, rencontres, altermoiements parfois, errements et réflexions de ces anti héros sont dignes des meilleurs observateurs et portraitistes.
Cette société américaine est terriblement fragile humainement et on peut s'attacher à l'un ou l'autre des personnages présentés.
Si l'alccol et ses ravages sont bien présents ce sont les motivations ou sentiments qui sont diversement présentés ; pour les uns c'est le dernier ami dans une faillité à venir ("Jésus et ce bon vieux Franck"), le remêde à l'extrême solitude ("Partir"), la bienveillance d'un mari pour sa femme sous emprise "(Koubouko raconte").
Idem pour l'infidélité assumée par nécessité ("Affronter l'Orage"), subie ("Partir") ou mal vécue ("Vie Nocturne). A la misère morale (notamment "Les Bons Samaritains") s'ajoute celle économique qui frappe durement Mr Parker ("Jésus et ce bon vieux Franck"), Richard ("Partir") ou bien encore celle décrite par M Pellisher ("Les Riches").
La violence de la société enfin et ses excès au coeur des nouvelles comme "Julie :un souvenir"ou "Fin d'une histoire d'amour". Le modèle américain en prend pour son grade ici aussi.
Des portaits d'une extrême crudité ou / et nudité mais toujours avec justesse et quelques éléments de bonté justement répandus. Un ensemble à découvrir indiscutablement
Que peuvent bien se raconter 2 âmes solitaires, abimées par la vie, dont la seule béquille est souvent l'alcool, et pour lesquelles l'espoir est souvent mince ?
Nous sommes là au coeur de ce recueil de Nouvelles (9) sur l'Amérique des paumés.
Des solitaires qui cherchent l'âme soeur ou la compagne d'un soir dans les bars.
Des couples en "fin de parcours" étrangers l'un pour l'autre, faisant "comme si' .
Une femme alcoolique dans le déni qui trouvera - peut-être - une bouée de sauvetage par un mari aimant.
Un fermier abandonné, terrassé par un labeur trop grand pour lui.
La misère sociale d'une femme seule avec ses 3 enfants, à bord d'un pick-up qui rend l'âme noyant ses soucis dans la bière.
Un homme en conditionnel accosté par une femme pour le moins étrange....
Une incroyable galerie de portraits d'hommes et de femmes au bout du rouleau, menant un combat perdu d'avance pour certains et sombrant dans le désespoir pour d'autres.
Une écriture acéré, très visuelle et magnifiquement humaine.
Un romancier que je ne connaissais pas mais qui vaut la peine d'être lu.
Nul n'est publié chez Gallmeister par hasard .
Un moment de lecture poignant !
Ce Sale boulot m'a interpellée : va-t-on vraiment passer l'intégralité du bouquin avec deux rescapés du Vietnam, un mec défiguré et un mec sans jambe, ni bras, dans une chambre d'hôpital qui se racontent leurs regrets et souffrance après cette foutue guerre ?
Plan A : Youpi, ça va être génial !! Sortez les cotillons, les boules à facettes, on va se faire les abdos avec quelques fous-rires.
Plan B : claustrophobie à l'horizon, pathos et atermoiements.
Plan C : nouvelle version de Rambo, avec Adrienne qui a changé de nom, des hélicos et une bande son qui rappelle un peu la musique du Pont de la rivière Kwai.
Mais c'est sans compter le talent de Larry Brown, qui parvient à nous faire voyager dans les 2 cerveaux des gars. Leurs vies rêvées, leurs vies regrettées.
La guerre a bousillé leur existence. Mais ils vivent ce drame avec une résignation presque sereine. L'un s'évade dans ses rêveries éveillées, l'autre a fait de la nuit sa protection contre le regard des autres.
C'est leur seul moyen de se sentir libre, de conserver leur humanité, malgré leurs blessures physiques et morales. Alors on a la décence de ne pas les plaindre. Juste envie de crier "putain de guerre" pour évacuer la tension, la frustration de ces deux êtres brisés.
Gallmeister est une maison d'édition que j'ai découverte grâce à une de mes bibliothécaires préférées. Et c'est devenu un de mes éditeurs préférés.
J'ai déjà testé chez eux Lonesome Dove, Dans la forêt, Sukkwan Island et My Absolute Darling.
Les romans sont ce que l'on appelle communément et vous excuserez j'espère mon anglicisme, très "nature writting". Avec des personnages un peu sauvages, différents qui vivent un peu (beaucoup) en marge et créent leurs propres règles, avec les difficultés que cela engendre à s'intégrer ou justement rester à l'écart de la société.
C'est frais, brut, comme une balade en pleine nature un jour d'hiver un peu venteux.
Alors j'avais du mal à faire le lien entre ce huis-clos dans une chambre d'hôpital et les grands espaces. Mais si : les grands espaces sont infinis dans les rêves.
Alors, faut-il le lire ? Oui. Je vais de ce pas ressortir ma jupe à fleurs et mon pendentif peace and love. Prochain roman ciblé chez cet éditeur : Délivrance de James Dickey.
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