"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Braiden chaney n'a plus ni jambes ni bras.
Walter james, lui, n'a plus de visage. ils les ont tous deux perdus au viêt-nam. l'un est noir, l'autre est blanc. vingt-deux ans plus tard, ils se retrouvent dans la même chambre d'un hôpital pour vétérans dans le mississippi. en l'espace d'une très longue nuit, ils se racontent ce qu'ils étaient, ce qu'ils sont devenus, ce qu'ils pourraient devenir et, surtout, ce qu'ils attendent l'un de l'autre. en une nuit, tout est dit sur la souffrances, sur la mort et la compassion.
Ce Sale boulot m'a interpellée : va-t-on vraiment passer l'intégralité du bouquin avec deux rescapés du Vietnam, un mec défiguré et un mec sans jambe, ni bras, dans une chambre d'hôpital qui se racontent leurs regrets et souffrance après cette foutue guerre ?
Plan A : Youpi, ça va être génial !! Sortez les cotillons, les boules à facettes, on va se faire les abdos avec quelques fous-rires.
Plan B : claustrophobie à l'horizon, pathos et atermoiements.
Plan C : nouvelle version de Rambo, avec Adrienne qui a changé de nom, des hélicos et une bande son qui rappelle un peu la musique du Pont de la rivière Kwai.
Mais c'est sans compter le talent de Larry Brown, qui parvient à nous faire voyager dans les 2 cerveaux des gars. Leurs vies rêvées, leurs vies regrettées.
La guerre a bousillé leur existence. Mais ils vivent ce drame avec une résignation presque sereine. L'un s'évade dans ses rêveries éveillées, l'autre a fait de la nuit sa protection contre le regard des autres.
C'est leur seul moyen de se sentir libre, de conserver leur humanité, malgré leurs blessures physiques et morales. Alors on a la décence de ne pas les plaindre. Juste envie de crier "putain de guerre" pour évacuer la tension, la frustration de ces deux êtres brisés.
Gallmeister est une maison d'édition que j'ai découverte grâce à une de mes bibliothécaires préférées. Et c'est devenu un de mes éditeurs préférés.
J'ai déjà testé chez eux Lonesome Dove, Dans la forêt, Sukkwan Island et My Absolute Darling.
Les romans sont ce que l'on appelle communément et vous excuserez j'espère mon anglicisme, très "nature writting". Avec des personnages un peu sauvages, différents qui vivent un peu (beaucoup) en marge et créent leurs propres règles, avec les difficultés que cela engendre à s'intégrer ou justement rester à l'écart de la société.
C'est frais, brut, comme une balade en pleine nature un jour d'hiver un peu venteux.
Alors j'avais du mal à faire le lien entre ce huis-clos dans une chambre d'hôpital et les grands espaces. Mais si : les grands espaces sont infinis dans les rêves.
Alors, faut-il le lire ? Oui. Je vais de ce pas ressortir ma jupe à fleurs et mon pendentif peace and love. Prochain roman ciblé chez cet éditeur : Délivrance de James Dickey.
Malheureusement, je crois être passée à côté de mon premier Larry Brown. Je m’attendais avec cette atmosphère noire et pesante de deux vétérans du Viêt-Nam marqués physiquement, à être tenue en haleine mais je n'ai pas été entraînée, tourner les pages au plus vite n’était pas essentiel.
Braiden est cloué sur un lit depuis 22 ans. Il a perdu ses bras, ses jambes mais a la capacité d’échanger régulièrement avec Jésus. Walter quant à lui, est défiguré, passionné de lecture et de cinéma bavard avec un penchant pour la bière généreusement procurée par une infirmière à Braiden qui ne peut la boire seule.
J’ai aimé l’écriture. J’ai eu plaisir à lire cette histoire d’amitié un peu forcée par les circonstances. J’ai apprécié le huis clos et surtout les deux protagonistes. Ce roman avait tout pour me plaire, des personnages torturés qui racontent assez ouvertement leur vie, l’injustice, une histoire d’amitié éditée par Gallmeister mais je suis incapable de dire ce qui m’a manqué précisément. Si ca a été une lecture agréable, je n’ai juste pas été touchée malgré tout cela.
J'aime les romans qui ne vont pas là où on les attend.
Lorsqu'on découvre le point de départ, deux vétérans de la guerre du Vietnam dans une chambre d'hôpital, on se dit qu'on va entendre les Walkiries chevaucher dans le fracas des pales d'hélicos, que ça va napalmer à tout va avec des Yes Sir dans les casernes. Sauf que là, nous sommes 22 ans après, 22 ans que Braiden a perdu ses quatre membres et vit dans ce lit sans autre espoir d'en sortir, 22 ans que Walter est une gueule cassée au visage entièrement lacéré. La glacière à Budweiser libère la parole entre eux, mais pas sûr qu'ils s'écoutent vraiment, chacun part dans une vague de paroles logorrhéique pour se raconter, son enfance, son passé, sa famille, son présent, chacun à sa façon. le récit de Braiden est porté par un souffle quasi lyrique lorsqu'il rêve d'Afrique ou dialogue avec Jésus ; celui de Walter est plus ancré dans la société, ultra réaliste dans ses descriptions du quotidien des Rednecks.
Lorsqu'on lit la 4ème de couv', un noir, un blanc, on se dit que le roman va traiter des inégalités raciales aux Etats-Unis. Mais non, la couleur de peau, on s'en fout un peu là, car ces deux-là se réunissent dans la douleur du traumatisme de la guerre et du présent qu'elle leur a imposé, du futur qu'elle leur a enlevé. A peine apprend-on comment ils ont été blessés. de plus, ces deux-là sont nés pauvres et c'est leur vie difficile d'avant la guerre qui est mise en avant, qu'ils soient noirs ou blancs, ils ont déjà tant partagé avant de se rencontrer. Ce n'est pas une amitié qui se forge, mais plutôt une compréhension intime de l'autre.
C'est un roman puissant porté par ces deux voix, ces deux âmes qui s'entrelacent, un récit d'une profonde humanité qui dit tout de la guerre sans jamais la raconter directement, tous de ses ravages même des décennies après. C'est d'autant plus fort que l'auteur y a insufflé un réel suspense qui se lit en filigrane : pourquoi le blanc a-t-il atterri dans cette chambre , cette question revient de façon lancinante jusqu'à le savoir. le final en est d'autant plus bouleversant.
Un grand livre, sombre, très sombre.
Bravo aux éditions Gallmeister pour leur immense travail de dénicheur de talents américains hors des sentiers battus.
Un gros coup de cœur pour ce livre qui nous emporte dans les méandres de la guerre du Vietnam via le témoignage des deux protagonistes Walter et Braiden. C’est fort, puissant et ne laissera aucun d’entre nous indifférent. La rencontre entre Braiden, homme tronc et Walter monstre sans visage est époustouflante. La quatrième de couverture nous apprend l’essentiel mais en lisant les mots de Larry Brown, en observant le regard qu’il porte sur ses deux hommes ravagés, on a le sentiment de toucher du doigt le traumatisme qu’a été la guerre du Vietnam pour le peuple américain. Il ne leur faut pas longtemps pour ce sentir proche l’un de l’autre, leur compréhension réciproque de la situation de l’autre est immédiate et sans jugement. Ils vont avoir de longues conversations, parfois même des monologues comme ceux que Braiden peut-avoir lorsqu’il part dans sa tête faute de mieux. De temps en temps je me suis sentie un peu perdue, ballottée entre les deux témoignages qui se font à la première personne du singulier. Du coup je ne savais plus qui de Braiden ou de Walter parlait, mais au fond ce qu’ils ont à dire se rejoint bien souvent. On va découvrir leur histoire avant d’être mobilisé mais aussi ce qui s’est passé au Vietnam puis à leur retour sur le sol américain. Ainsi passé, présent et avenir s’entremêlent pour nous donner à voir la souffrance, la douleur, la dépendance et le désespoir. Heureusement il y a des instants de grâce où l’humour et la camaraderie reprennent leur place. Il faut aussi compter sur une intrigue qui nous gardera jusqu’à la dernière page sous tension et en total empathie. Je ne suis pas prête d’oublier ce récit qui est venu me crocheter comme un coup de poing en me laissant à la fois sonnée et admirative du talent de l’auteur à nous faire ressentir au plus prêt les tourments que peuvent vivre les vétérans à leur retour de la guerre. Bonne lecture.
Huis clos au fond d'une salle d'hôpital où s'entassent des vétérans du Viêtnam grièvement blessés. entre ces deux là, une complicité tacite existe déjà : n'ont-ils pas vécu les mêmes peurs, les mêmes épreuves, l'évacuation in-extremis sous le feu de l'ennemi ? Ne sont-ils pas tous les deux prisonniers des lourdes séquelles qu'ils auront à vie, ne passent-ils pas leur temps cachés, terrés, au fond d'un hôpital militaire, devenus une charge pour leurs proches ?
Tout ceci, ils l'ont en commun. Mais ce qu'ils vont se dire maintenant va les lier plus surement que tout, ils vont devenir "frères" à se raconter leur enfance, leurs parents, leurs amours, ce qu'ils ont dans les tripes, et ce qu'ils attendent de l'avenir.
Ce livre à deux voix est d'une pudeur étonnante, il est émouvant et tragique à la fois et il nous met face aux gâchis que provoque tous les conflits armés.
Ce livre tient en haleine, il se lit facilement et très vite tant on découvre de beauté intérieure chez ces hommes et tant on est pressés de tout connaître sur eux.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !