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La carrière de guitariste de jazz de Coleman Moore s'est brutalement interrompue lorsque ses mains, brisées au cours d'une rixe, ne purent plus jouer les accords voulus. Pour survivre il est chauffeur-livreur de bière, pale caricature de son grand-père Havelock Moore - H.M. - qui, durant la Prohibition, naviguait la nuit sur les eaux noires du lac Huron, la cale chargée d'alcool. Ce même Havelock qui critiquait vivement le bateau en fibre de verre, le «Pequod» - clin doeil à «Moby Dick» - de son fils Dorian. Pour lui, seul comptait le bois, un bateau en plastique était une «baleine blanche»...
Havelock et Dorian mourront dans des conditions dramatiques.
Les doigts perclus et rigides de Coleman lui causent parfois une intense douleur. Bien rude châtiment pour ses fautes de conduite. Il donne raison à H.M. qui disait : «Dieu est injuste. Il n'a aucun sens de la mesure».
Les souvenirs affluent. Sa rencontre avec une légende, le musicien noir Otis Young. Les leçons de guitare qu'il paie en tondant la pelouse d'Otis ce qui lui vaut des raclées des garçons blancs de sa classe. Les longues heures de travail entre les leçons, la certitude qu'apprendre la musique fera de lui quelqu'un de meilleur. Ses plus belles années lorsque avec Brian, un bassiste qui s'avérera être un ami très généreux, et Tom, un batteur, ils formaient le trio CBT, célébré dans les clubs de Chicago. Né Jason, censé devenir un marin comme son père, il avait changé son prénom en Coleman sur la suggestion du directeur d'un club de Detroit, pour faire plus afro-américain. Son enthousiasme pour la musique est authentique, son ambition immense. Sommé de choisir il préférera la musique et perdra Jennifer, son unique et véritable amour.
Sa seule joie, désormais, ce sont les visites que sa fille Heather, très mature et raisonnable pour ses dix-sept ans, lui rend sur le «Pequod», en cale sèche, où il vient régulièrement respirer l'odeur de la toile et boire. Divorcé, il essaie d'être un bon père mais, un jour, il s'emporte brutalement contre un ami de Heather ; s'en suit une mauvaise passe dans ses relations avec sa fille.
Bien qu'affaibli par l'alcool, morose mais parfois drôle - entre autres lorsqu'il évoque sa propriétaire sexy et bigote - Coleman qui se souvient que son grand-père disait qu'«Un Moore ne coule jamais» est déterminé à surmonter sa douleur et à exorciser ses démons.
Avec Joseph Coulson le temps est fluide et circulaire : l'auteur passe du présent au passé sans avertissement, au rythme des allers et retours de la mémoire de Coleman. Ses souvenirs familiaux se tressent subtilement avec ceux de sa carrière musicale. Le roman entier est imprégné de jazz ; les personnages rentrent et sortent de la ligne narrative comme des musiciens venant jouer leurs solos de basse ou de batterie.
Un superbe roman riche, ample, construit avec virtuosité qui entrelace les changements sociaux de la seconde moitié du vingtième siècle avec l'histoire prenante de trois générations de Moore.
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