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C'est un post facebook de sa maman, l'écrivaine Irina Teodorescu (fière) qui a attiré mon attention, avant qu'un article de Jérôme Garcin dans L'Obs ne finisse de m'intriguer. Ce titre, c'est quand même un sacré programme. Aller avec la chance, c'est ainsi que l'on exprime le fait de voyager en stop en Colombie. Jolie image. Que cette demoiselle, née en 2000 a prise au mot durant sept mois et un périple de 9000 km à travers l'ouest de l'Amérique du sud. Colombie, Équateur, Pérou, Bolivie, Chili. Jusqu'en Patagonie. Voitures, camions, bus, pick-up... pour quelques minutes ou plusieurs heures, au gré des disponibilités. Des rencontres qu'elle raconte ici avec fraîcheur et simplicité, une ouverture d'esprit exempte de naïveté et une envie sincère de montrer que la notion d'entraide est encore bien vivante.
Née et élevée en France d'un père franco-colombien (on en apprend un tout petit peu plus au cours du récit) et d'une mère roumaine, Iliana Holguin Teodorescu porte certainement en elle les gènes de l'exploration du monde. Aussi à l'aise avec les chiffres qu'avec les mots, elle émaille son récit de quelques statistiques pour mieux servir son propos. Ne cherche pas à énoncer ce style de vérités sentencieuses que ramènent souvent d'autres écrivains voyageurs. Les micro-portraits des individus qu'elle croise dessinent peu à peu une communauté disparate mais appartenant à une même humanité. A chacun, elle demande quel est selon lui le pourcentage de gens mal intentionnés dans le monde, c'est à la fois un fil conducteur et un indicateur pour tous ceux qui s'inquiètent de voir une jolie fille seule sur le bord des routes. La brièveté de ces rencontres fait souvent penser à l'Auto-stoppeur du Par les routes de Sylvain Prudhomme. Tout comme cet aveu, l'un des rares sur elle-même : "Ce n'est que sur les routes, avec ces gens si décalés que la question de l'amitié ne se pose pas, que je me sens accompagnée, utile, parfois même comprise dans une version adaptée de moi-même".
Ce sont surtout des hommes qui circulent sur ces routes, même si les femmes n'en sont pas absentes et cela n'a rien d'anodin dans la relation qui peut s'instaurer. Les cas de figure sont très divers, les importuns existent bien sûr mais sont loin d'être la majorité. Et cela interpelle la jeune voyageuse dans sa démarche, elle qui explique avoir volontairement "choisi d'avoir besoin d'aide, d'expérimenter la bonté des gens, d'être suffisamment incertaine pour saisir les possibilités impromptues qui apparaissent (...)", parfois étonnée de la façon dont elle peut être perçue. Néanmoins, tous se confient, se laissent happer par cette parenthèse avec une inconnue qui leur prête une oreille attentive et fait preuve de curiosité à leur égard. La route, les kilomètres et des fragments de vies. Un désir de liberté, même si la jeune femme ne cache jamais les soupapes de sécurité qui lui assurent assistance en cas de besoin mais auxquelles elle n'aura finalement jamais recours. Des paysages traversés, il est assez peu question. Pas de voyage introspectif non plus même si l'un des buts avoués de ce voyage est "d'apprendre à donner seule un sens à mes journées, à mes semaines, hors des obligations induites par les parents, les professeurs, les patrons, éprouver ce qu'il reste de moi dans une vie sans nulle contrainte". En voilà un programme qui mériterait d'être généralisé, d'une manière ou d'une autre.
En attendant, merci pour le voyage, par les temps qui courent ça fait un bien fou.
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
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