"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Je sors de cette lecture absolument séduite par la plume de Fanny Chartres que j'ai découverte avec ce roman paru dans la collection Médium de L'Ecole des Loisirs. Une écriture poétique, pleine de fraîcheur, de légèreté et d'intensité. le contenu du roman quant à lui a suscité ma curiosité mais a aussi fait naître une certaine perplexité avant de me laisser sans voix. C'est l'histoire d'Ethan Claudel et de son frère aîné Yaël qui, un beau jour, se retrouvent abandonnés par leurs parents. Ces derniers se sont tous simplement volatilisés. Abusant de la gentillesse et de la mémoire défectueuse de leur voisine, les deux frères récupèrent des provisions et réussissent, pendant quelques jours, à vivre seuls, avant d'être récupérés par l'ASA, l'Aide Sociale à l'Enfance. Ils sont alors conduits dans deux ailes séparées d'un foyer où Ethan – le narrateur – oscille entre une réalité douloureuse marquée par la séparation d'avec son frère adoré et sa peau rongée par un eczéma qu'il considère comme sa maladie de l'enfance, et une irréalité rassurante dans laquelle il se rêve en voyageur, à l'instar de Nils Holgersson et ses oies sauvages, et dans laquelle les séries qu'il a l'habitude de regarder offrent des similitudes avec sa propre vie et constituent un refuge. Si j'ai immédiatement accroché aux passages narrés par Ethan, je dois reconnaître que les chapitres reprenant – en les transformant – des épisodes de séries m'ont laissée quelque peu dubitative, alors que je suis moi-même une grande fan des séries citées. J'en ai compris l'intérêt mais il m'a semblé qu'ils coupaient trop régulièrement la narration première et qu'ils étaient trop nombreux pour être efficaces. Enfin, les dernières pages m'ont bouleversée. C'est incontestablement une des réussites du roman mais il m'est impossible d'en dire plus.
Les inoubliables - Fanny Chartres
J'ai apprécié Solaire de cette auteure donc en voyant celui-ci et le résumé, j'ai emprunté. https://www.ecoledesloisirs.fr/livre/inoubliables
En lisant la quatrième de couverture je m'imaginais découvrir 5 narrateurs avec leur histoire, leur secret... Finalement un seul narrateur, Luca. Mais un roman riche en découvertes, quitter son pays, s'intégrer dans un pays étranger, rêve déçu... Je n'arrive pas à vous en parler, peur de vous dévoiler trop de choses. En tout cas à travers ces lycéens étrangers l'auteure fait passer des messages forts tout en douceur.
Ilinca vit à Bucarest, en Roumanie, avec sa petite soeur Zoe et leurs grands-parents pendant que leurs parents sont en France, pour leur apporter un niveau de vie plus confortable car les salaires qu'ils touchent dans leur pays sont dérisoires et ne leur permettront pas d'offrir une vie convenable à leurs filles
Voilà 3 mois que les parents d'Ilinca sont partis en France et Ia fillette, du haut de ses 12 ans, vit très mal cette situation et ne supporte plus leur absence qu'elle considère presque comme un abandon.
Heureusement, elle peut compter sur son camarade et ami Florin, pour lui changer les idées et notamment grâce au concours auquel leur professeur d'arts plastiques leur a proposé de participer, ce qui permet à Ilinca de s'adonner à sa passion : la photographie.
On s'attache beaucoup au personnage d'Ilinca qui est , je trouve, authentique et auquel les enfants s'identifieront facilement. Comme eux, elle a le sentiment de ne pas être comprise par les siens, d'être livrée à elle-même et qu'elle n'a pas d'importance ou trop peu. Des messages qui feront échos aux pré-ados.
Ce livre aborde plusieurs sujets tels que le racisme qui sévit en Roumanie contre les roms, les préjugés, l'exil, la dissimulation et le sentiment d'abandon.
Certains trouveront les réactions d'Ilinca trop excessives, moi je les ai trouvé justes. J'aurai pu être cette fillette en colère qui ne comprend pas que ses parents aillent vivre loin d'elle, même pour m'assurer un avenir meilleur. Peut-être parce que finalement les parents d'Ilinca l'ont toujours protégé du besoin et qu'elle ne sait pas ce qu'est la pauvreté.
Les non-dits exacerbent ses sentiments de tristesse et de colère.
C'est un roman qui fait découvrir aux enfants les us et coutumes d'un autre pays, une réalité pas jolie mais vraie et qui malgré ses zones d'ombre apporte de l'espoir.
Fanny Chartres n’hésite pas à insuffler, dans chacun de ses personnages, des voix plurielles, des propos durs, des discours contradictoires, des remarques enfantines dont la naïveté apparente soulève toutefois de grandes questions – souvent au cœur de débats douteux et obscurs. Ce roman pose ainsi les premiers jalons d’une réflexion qui demandera être approfondie et à faire naître les échanges avec les plus jeunes. En s’ouvrant à l’autre, l’héroïne se trouve un peu et conduit son entourage à passer le cap parfois difficile et hermétique des préjugés qui cimentent les esprits. Un roman comme un tremplin vers le dialogue et la découverte de l’autre, en toute tolérance et simplicité.
Chronique complète: https://aumilieudeslivres.wordpress.com/2017/02/06/strada-zambila-fanny-chartres/
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