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Nicolas Rodier signe, avec « Sale bourge », un premier roman percutant et fort en émotions

Un style dépouillé, nu, qui fait ressortir de manière plus prégnante la douleur du narrateur.

Nicolas Rodier signe, avec « Sale bourge », un premier roman percutant et fort en émotions

Calimero29, un des membres de notre Cercle livresque a aimé et chroniqué pour nous Sale bourge de Nicolas Rodier (Flammarion).

 

Voilà un premier roman percutant, qui frappe fort sans aucun jeu de mots.

 

Pierre, la trentaine, sort du tribunal où il vient d’être condamné à 4 mois de prison avec sursis avec obligation de soins, pour violences conjugales. Il remonte alors le temps, de son enfance à sa vie de couple, pour essayer de comprendre son comportement alors qu’il a tout perdu, et changer le cours de sa vie.

 

Nicolas Rodier fait le procès d’un milieu bourgeois catholique pratiquant de Versailles qu’il semble bien connaître, d’un cercle familial où l’homophobie, le racisme, le mépris de la femme s’expriment ouvertement, sans complexe et sans filtre, d’un cercle familial où l’éducation se réduit à un dressage brutal, où la force et la violence, aussi bien physique, que psychique, sont les moyens de communication les plus courants entre adultes et enfants.

 

Dans cette famille, les six enfants doivent refouler leurs émotions pour s’adapter au moule qui leur est imposé. Pierre fera des crises de panique, deviendra violent et son frère adoré, Olivier, sera interné pour anorexie mentale. Il condamne l’hypocrisie de ces adultes qui bafouent les principes qu’ils prônent.

Le narrateur devra également faire face à la honte qu’il ressent pour son milieu, « sale bourge » étant le qualificatif dont il s’affuble, s’injuriant lui-même, s’auto-dévaluant tant il n’arrive pas à trouver sa place.

 

Ce roman explique sans pathos, sans auto-apitoiement, de façon assez clinique, qu’après avoir subi la violence enfant, on peut l’exercer en tant qu’adulte soit contre soi-même en s’autodétruisant, soit contre les autres, en particulier dans le cercle familial, là où les émotions peuvent vite déborder.

 

Le narrateur relate ses souvenirs au présent ce qui les rend terriblement proches, particulièrement forts ; ils se succèdent comme autant de flash-back douloureux. Le style est dépouillé, nu ce qui fait ressortir la douleur de l’enfant, de l’adolescent puis de l’homme à qui on a volé son enfance et sa vie par manque d’amour, de compréhension.

 

La force de ce roman, c’est qu’il ne donne que le point de vue de celui qui est violent, de celui qui frappe, de celui qui, lorsqu’il est débordé par ses émotions qu’il n’a jamais appris à gérer mais juste à refouler, ne sait que cogner.

L’auteur ne juge pas, ne prend pas parti. J’ai aimé cette liberté laissée au lecteur/trice. Pari audacieux mais nécessaire.

 

Je remercie les éditions Flammarion ainsi que lecteurs.com qui m’a fait parvenir ce livre dans le cadre du Cercle Livresque pour la découverte d’un nouvel auteur et pour les émotions déclenchées par ce texte.

 

© Calimero29

 

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