Alors que son dernier roman Le livre que je ne voulais pas écrire vient de paraitre aux éditions Quidam, Erwan Larher nous a confié sa bibliothèque idéale.
Et une fois n'est pas coutume, c'est Erwan qui la présente, alors allez-y plongez, découvrez ses lectures, lisez son dernier roman et suivez ses suggestions !
Merci Erwan pour cette liste des incontournables ...
"Une bibliothèque idéale en dix ouvrages maximum ? Un défi impossible à relever pour n’importe quel grand lecteur, j’imagine.
J’ai retourné le problème dans tous les sens : seulement des auteurs français, ou français ET contemporains, seulement des livres qui m’ont donné envie d’écrire, seulement des auteurs dont j’admire l’œuvre et pas seulement un ouvrage, etc.
Rien n’y a fait, ça dépassait.
Alors j’ai été obligé de sélectionner sans critères, en jetant à peu près les dix premiers qui me venaient à l’esprit, en éliminant volontairement (c’est injuste, je sais) la poésie (et pourtant, Dieu sait que celle de Mallarmé m’a secoué), le théâtre, la SF et les polars.
J’aurais aimé pouvoir faire une bibliothèque idéale d’éditeur, ce qui m’aurait permis de souligner le travail du mien, Quidam, dont le catalogue regorge de pépites, mais aussi celui d’artisans passionnés comme Le Tripode, L’Ogre, Les Forges de Vulcain, Agullo ou Tristram, par exemple.
Sachez que je ne suis pas content du tout de cette liste, que je vais me rendre compte très vite que j’ai oublié des essentiels, mais que cela aurait été le cas avec toutes celles que j’aurais pu dresser. Et puis une bibliothèque avec seulement dix livres, est-ce vraiment une bibliothèque ? Ma PAL en compte au moins trois fois plus…
Mon dernier conseil : être curieux, suivre des sentiers battus plutôt que les autoroutes des rentrées littéraires. J’aime fouiner un peu du côté les contemporains français et j’ai découvert des pépites : les premiers romans de Jean Grégor, le travail d’Alban Lefranc, mais aussi Bruce Bégout, Eric Laurrent, Manuel Candré, Oliver Rohe, etc. De même, ne pas hésiter à se replonger dans des (plus ou moins) oubliés : Paul Gadenne, Raymond Radiguet, Octave Mirbeau, Joris-Karl Huysmans…
© Erwan Larher
Nos lecteurs vous parlent du roman d'Erwan Larher : "Le livre que je ne voulais pas écrire" d’Erwan Larher : Pourquoi il fallait l’écrire, pourquoi il faut absolument le lire !
crédit photo le petit carré jaune
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Les rescapés, car le choix est cornélien d'en garder aussi peu !
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L'ordre du jour de Eric Vuillard
Je choisis celui-ci car c’est le plus récent, mais tous ses livres sont admirables. J’aime sa manière d’enchâsser la petite histoire dans la grande, de ramener les destins collectifs aux bassesses et faiblesses humaines.
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Le Joueur de Fyodor Mikhailovich Dostoyevsky
Je n’ai jamais relu ce roman, mais je me souviens qu’il m’avait marqué, et amené vers Les frères Karamazov – la claque. C’était ma période russe, vers 17-18 ans. Je lisais Gogol, Tolstoï, Pouchkine, Tourgueniev, Tchekhov, Boulgakov. Est-ce d’avoir très jeune été marqué par la lecture Michel Strogoff ?
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Le mythe de sisyphe (essai sur l'absurde) de Albert Camus
Parce que tout est dans cet essai – qu’il faut compléter par sa suite, L’homme révolté. Parce que l’élégance intellectuelle et morale de Camus ; parce que sa langue dans "Noces", "L’Étranger" ou "La Chute". J’aurais tellement aimé passer une soirée à échanger avec lui…
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Gilles & Jeanne de Michel Tournier
Gilles et Jeanne (Mais aussi "Le roi des Aulnes" ou "Vendredi" ou "les limbes du Pacifique".) Tournier est à mon avis un auteur très sous-estimé, comme William Sheller dans la chanson française. Je goûte beaucoup son écriture à la fois classique, précise et presque ironique, et son imaginaire.
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Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar
Les mémoires d’Hadrien / L’œuvre au noir. Je suis féru d’histoire, aussi quand le roman historique prend cette forme épurée mais dense, avec des accents parfois poétiques et une narration impeccable, je plonge.
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Salammbô de Gustave Flaubert
Cf. ci-dessus, mais avec une forme baroque et des accents lyriques, sensuels. Un des chocs littéraires de mon adolescence, un des seuls romans que je relis régulièrement – je viens d’en acheter une version éditée en 1933 par Arthème Fayard & Cie ornée de « 31 bois originaux ».
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Un dieu un animal de Jerome Ferrari
J’ai vraiment été soufflé par l’écriture sèche, puissante, sans affèterie de ce court roman qui en 130 pages en dit tellement, entre les lignes souvent mais au ras des personnages, sur nos existences postmodernes. La lecture de Dans le secret, Balco Atlantico ou encore Où j’ai laissé mon âme ont confirmé à mes yeux le talent de cet auteur.
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American psycho de Bret Easton Ellis
American psycho et Glamorama. Le premier parce que je me suis dit en le lisant « Wouaw ! On peut écrire sur un tel sujet et de manière aussi sèche, a-émotionnelle, clinique. » Pourtant, j’avais déjà lu John Dos Passos. Et le second parce qu’en le lisant, je me suis dit « L’enfoiré ! » Je venais de terminer un roman exactement sur le même thème, avec presque la même histoire, que les éditeurs qui daignaient me répondre refusaient allègrement.
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Des souris et des hommes de John Steinbeck
Il faut avoir ce chef d’œuvre d’humanisme et de violence dans sa bibliothèque, comme Gatsby le Magnifique, Robinson Crusoé, L’île au trésor, Don Quichotte, Les liaisons dangereuses, Vestiges du jour, Candide, Bel Ami, vous avez vu comment je place l’air de rien neuf ouvrages en un ?
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Tu as raison, Mireille. Il est bon parfois de revenir aux anciens.
Merci Erwan pour ce choix éclectique qui nous rappelle avec bonheur qu'avant la rentrée littéraire, il y avait (aussi) de grands talents... Lorsque j'aurai refermé le livre que vous ne vouliez pas écrire, je me donnerai le temps d'en exhumer toutes les émotions, et je continuerai avec Camus. Un bel enchaînement, non?