"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Re-découvrir une lecture de notre enfance grâce à nos petits, c'est toujours un plaisir. J'ai donc relu, avec mon fils de 8 ans, les aventures de Robinson adaptées par Michel Tournier. Alors certes, si vous cherchez un récit de survivants en pleine nature, ce n'est peut-être pas le plus réaliste, car Robinson parvient avec assez d'aisance à cultiver et construire, et ne souffre pas spécialement de la faim et des aléas climatiques. Cependant l'intérêt du livre ne repose pas là-dessus, mais aborde plutôt la condition de l'Homme hors de la société et les rapports à l'autre. En effet, je ne pense pas vous spoiler en vous disant que Robinson ne restera pas éternellement seul et qu'après une longue période de solitude, il rencontrera un autre humain très différent de lui.
En plus de la lecture, j'ai beaucoup aimé les discussions avec mon fils, sur la façon dont se conduit Robinson, son évolution au fil du livre et au contact de Vendredi.
L'image : opium de l'Occident ! À l'heure des réseaux, des selfies à gogo… On se perd parfois dans ce miroir aux alouettes.
« L'effigie est verrou, l'idole prison, la figure serrure. Une seule clef peut faire tomber ces chaînes : le signe. »
Alors écrire, poser des mots sur l'image serait la clé, empêcher l'image de fuir, l'expliquer, la cloisonner dans ce petit carré d'Instagram par exemple…
Dès lors, dans notre roman, le destin du jeune Idriss est vite scellé. Jeune gardien de troupeau dans un petit paradis d'oasis saharienne, perdu au milieu du désert, où le temps file si différemment et l'image est un sacrilège.
Une rencontre suffira à tout chambouler : une Land Rover qui s'arrête, une jeune femme blonde qui le prend en photo avant de repartir en lui promettant de l'envoyer. Bien sûr, jamais elle n'arrivera à Tabelbala…
Il lui faudra partir en quête de son image volée jusqu'à Paris, pour enfin comprendre, trouver la clef.
Vendredi ou les limbes du pacifique n'est pas seulement un livre philosophique (Autrui me définit etc) mais pour moi, un livre écologiste avant l'heure. Une réflexion sur le véritable sens de la nature, sur notre place dans un ensemble qui nous dépasse largement. Le Vendredi de Michel TOURNIER incarne parfaitement cet homme libre, insoumis et insaisissable que nous devrions être. TOURNIER a eu le génie de dépasser le Robinson de Daniel DEFOE pour nous livrer une véritable et formidable aventure humaine. Un très grand livre, intelligent, profond et attachant, que je relis régulièrement. Michel TOURNIER est vraiment un auteur à redécouvrir !
Un livre à la fois ludique et philosophique, instructif et distrayant pour de jeunes enfants. Ce récit est de grande qualité car on y apprend aussi bien comment fabriquer un cerf-volant ou faire cuire un poulet sous la braise que la manière d'apprivoiser le vertige ou de maîtriser le temps quand on est sur une île déserte. On y apprend aussi l'importance du langage pour communiquer entre humains, les mérites et les méfaits comparés de la civilisation et de la vie sauvage, le prix de la liberté, la joie de vivre… On peut étendre la réflexion dans des domaines variés, et la fin est inattendue. Une excellente lecture pour la jeunesse, qui plaît à tous et ne comporte pas de difficultés majeures.
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