Lancé en janvier 2015, le Club des Explorateurs permet chaque semaine à deux lecteurs de lire en avant-première un même titre que nous avons sélectionné pour eux et de confronter ainsi leur point de vue.
Cette semaine, Gaëlle a choisi Christelle pour partager sa lecture et son avis sur le livre Gretel and the Dark d'Eliza Granville (Mirobole).
L'avis de Gaëlle
Il était une fois l’Histoire dans l’histoire où l’on ne pourrait pas se soustraire aux abjections de la nature humaine mais composer avec. Composer avec des mots, ceux d’une petite fille. C’est beau et c’est terrible comme la maison de pain d’épice pleine de promesses.
Il ne faut pas s’attendre à être doucement enveloppé d’une odeur sucrée, que non, la réalité est beaucoup plus cruelle, la faute au monstre qui rôde et s’empare des âmes, les déchiquette, les réduit en cendres.
Mes mots vous troublent, ils se veulent ceux d'Eliza Granville dans ce roman atypique dont d’emblée on remarque le titre anglais, conservé par la traduction. C’est un premier signe pour ce roman étrange, qui met à l’épreuve le lecteur. Il n’y aura de répit qu’à l’ultime stade de la lecture, lorsque le livre se refermera sur ses un peu plus de quatre cent pages.
L’auteur offre une belle écriture, terriblement dure parfois, chirurgicale, elle acidule son texte et puis le rythme s’apaise lorsque l’enfance remonte à la surface. Il n’est pas de meilleur remède pour être au monde que les mots, ceux qui n’en ont pas tuent, les autres vivent. Pour un premier roman on se dit qu’Eliza Granville a tout compris.
L'avis de Christelle
Gretel and the Dark est le premier roman d’Eliza Granville, le titre donne le ton : les contes de Grimm et un univers sombre…
Deux histoires parallèles se déroulent au fil des chapitres :
- L’une se déroule à Vienne au XIXe siècle, le Docteur Breuer recueille chez lui une mystérieuse jeune femme qu’il appellera Lilie. Celle-ci dit être une machine venue pour tuer le monstre dont on ne sait apparemment rien, mais dont l’évocation agit comme une menace latente et inconnue. Avec l’aide de son jardinier, Benjamin, il va essayer de percer le secret de Lilie malgré le danger.
- Des années plus tard en Allemagne, nous suivons Krysta, une fillette dont la mère s’est suicidée. Elevée par son père, médecin qui se livre à des activités bien étranges, elle se révèle être très capricieuse et avoir un caractère presque violent. Son père se fait assassiner dans des conditions énigmatiques, dès lors elle grandira dans un monde sordide mais aussi dans celui des contes de Grimm qui rythmeront le fils de l’histoire.
Les deux histoires finissent par se rejoindre pour nous révéler l’énigme de ce livre.
Ce roman bien construit nous plonge vraiment dans un univers bien particulier où se mêlent conte et nazisme, certains passages mettent cependant mal à l’aise et sont assez déroutants comme, par exemple, ce zoo qui, on le devine, ne renferme pas des animaux mais des humains. Il y a aussi un homme qui se fait passer pour l’oncle de Krysta mais qui ne se comporte pas comme tel avec elle. Tout concourt à une ambiance angoissante, diffuse. L’histoire est très bien ficelée, la lecture fluide et agréable.
Je recommande ce livre à tous les amateurs de romans sombres et mystérieux.
Ce premier roman est vraiment une réussite, je n’hésiterai pas à lire le second roman de cette auteur.
Merci à Gaëlle et Christelle pour ces chroniques passionnantes !
Si vous souhaitez intégrer le Club des Explorateurs, toutes les informations sont ici.
Retrouvez toutes les chroniques de nos Explorateurs !