C’est aujourd’hui que Donald Trump emménage officiellement à la Maison Blanche.
On est à peu près certains que la littérature n’est pas sa tasse de thé, alors quelle meilleure façon de protester qu’en empoignant un livre ?
Voici les cinq armes fatales à dégainer pour janvier.
Karine Papillaud
-
Cinq antidotes à l’élection de Trump
-
add_box
Attachement féroce de Vivian Gornick
Sans doute un des chefs d’œuvres de l’année 2017 et on peut s’en régaler dès maintenant puisqu’il sort à peine : Attachement féroce est le grand roman des relations mère-fille et d’une génération, celle des enfants de 68. Vivian Gornick raconte à la première personne cette histoire publiée aux Etats-Unis en 1987 et qui ne raconte rien moins que sa propre histoire. A cette époque c’est une quarantenaire, liée à sa mère par une intense relation d’attirance-répulsion qui tente de s’accorder dans le dialogue muet des longues marches qu’elles aiment partager dans New York. Pour en comprendre les ressorts, l’auteure repart aux origines, l’enfance, dans une sorte d’Immeuble Yacoubian juif au cœur du Bronx.
Drôle, fin, cinglant, délicat et pudique, ce roman rassemble toutes les émotions complexes dans une écriture qui joue sans effet. Il est aussi le roman d’apprentissage d’une New Yorkaise qui deviendra une féministe respectée et l’une des plus belles plumes américaines contemporaines. (à suivre l’interview de son éditrice française). -
add_box
Little America de Henry Bromell
Ça se passe en 1958, dans un désert fictif qu’on situerait entre la Syrie et l’Irak des bédouins et des réfugiés palestiniens. Le père du narrateur est un agent de la CIA qui travaille étroitement avec le tout jeune roi du Korach qu’on retrouvera assassiné quelques mois plus tard, plongeant la région dans le chaos islamiste.
Bien plus tard, le fils enquête sur cette partie de la vie de son père, tentant de se faire une image précise de son géniteur : a-t-il fait le bien ou le mal, a-t-il trahi et si oui, qui ? A défaut d’une histoire vraie, c’est un panorama extrêmement réaliste que Henry Bromell brosse d’un pan de l’histoire américaine au Moyen-Orient, et des modes de fonctionnement des services secrets.
Henry Bromell était scénariste. Il a contribué à faire de Homeland mais aussi de Chicago Hope, entre autres, des succès. Son père était un agent de la CIA. -
add_box
Les Wang contre le monde entier de Jade Chang
La Chine sera le grand enjeu de la politique de Trump, comme on le sait. Alors emboîtons le pas à la famille Wang pour un périple frénétiquement joyeux, semé de dialogues rapides et efficaces. Le patriarche, Charles, est devenu un magnat des cosmétiques que la crise des subprimes et les bourrasques boursières ont ruiné. Il décide de revenir aux sources de son histoire, sur les terres chinoises de ses ancêtres. A travers l’histoire de cette famille un peu barrée (les trois enfants ont pris des chemins de traverse), c’est toute la question de la place qui s’entrechoque avec celle des origines. La réussite hors sol n’existe pas, l’identité reste la clef de son destin, comme Charles Wang l’apprendra un peu à ses dépens.
Derrière l’humour et la dérision, Jade Chang s’est emparé d’un sujet sérieux, réinterprétant à sa manière le grand mythe de l’immigrant américain. Journaliste pour des journaux féminins américains, elle s’est inspiré de sa propre histoire pour écrire ce roman qui est son premier. -
add_box
Bloody Miami de Tom Wolfe
Et si on repartait aux origines du phénomène Trump ? L’iconoclaste Tom Wolfe, écrivain de droite très affiché et auteur du célèbre Bûcher des vanités, raconte ici la ville de Miami, cette cité américaine où l’immigration a pris le pouvoir. Spécialiste du roman choral, il organise son histoire autour du personnage de Nestor, un policier cubain de 26 ans, écartelé entre la fidélité à sa communauté, son travail et son questionnement identitaire.
Dégraissé des fantaisies orthographiques et des idiomes affectionnés par l’auteur, se dégage l’apartheid muet qui existe entre les latinos, dominants par le nombre mais dominés par le niveau socio-culturel, et les WASP, c’est à dire les blancs anglosaxons protestants. Un livre sympathique et instructif, servi par la plume volontiers journalistique qui signe le style de Wolfe. -
add_box
Mariées rebelles de Laura Kasischke
Les Américains, eux, lisent de la poésie, si on s’y mettait ? Ainsi, l’une de leurs plus grandes romancières, Laura Kasischke, qu’on adore en France, s’est d’abord fait connaître pour sa poésie qui a reçu de nombreux prix. Mariées rebelles est son premier recueil publié en France, et proposé, c’est intelligent, en version bilingue. C’est aussi le premier livre qu’elle a publié aux Etats-Unis dans les années 90, un retour à la naissance d’un écrivain qui rend l’ouvrage plus émouvant encore. L’univers de Kasischke est donné dans la puissance capiteuse du poème et la traduction bouleversante de justesse et de sensibilité de la subtile Céline Leroy : la menace qui sourd, le secret, la disparition, la mort qui hante et le sexe. C’est sublime et rare, l’antidote absolue à la médiocrité de la vie politique américaine contemporaine.
-
add_box
Certains livres me tentent, mais je ne voudrais pas me trumper ! je sais, c'est facile