Haïti est une terre de littérature, et surtout une terre de poésie, un genre majeur dans cette île où l’on dénombre des poètes et des romanciers de talent à foison ; une île où les imaginaires caraïbes se déploient dans un splendide mélange de réalisme et de magie qui signe un syncrétisme caractéristique de la culture haïtienne.
Voici quelques incontournables de cette grande et généreuse littérature.
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7 chefs-d'œuvre de la littérature haïtienne
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Gouverneurs de la rosée de Jacques Roumain
Grand classique de la littérature haïtienne, Gouverneurs de la Rosée est paru en 1944, année de la mort de Roumain. Héritier de la tragédie grecque, le texte s’inscrit à la fois dans la veine du roman rural et dans celle de la littérature militante.
S’il échappe totalement à l’écueil du folklorisme des romans de la terre et à la naïveté des textes idéologiques c’est qu’il est, selon Jacques Stephen Alexis « un livre peut-être unique dans la littérature mondiale parce qu’il est sans réserve le livre de l’amour ».
Le héros Manuel a, comme l’auteur, connu d’autres horizons ; fils de paysans il est devenu ouvrier, a travaillé à Cuba et revient au pays riche d’une expérience de lutte syndicale. Refusant la résignation, il entreprend de lutter contre la sécheresse qui désertifie les campagnes et part à la recherche de l’eau, source de vie. -
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Compère général soleil de Jacques Stephen Alexis
Figure de l’intellectuel haïtien opposant au régime de Duvalier et romancier culte de Haïti, J.S Alexis est mort exécuté en 1961 au retour d’un voyage en Chine où il avait rencontré Mao Zedong en quête de soutien pour renverser la dictature.
Le personnage de Compère Général Soleil (paru en 1955), s’appelle Hilarius Hilarion. Jeune noir pauvre condamné à voler pour survivre, il est arrêté et emprisonné. En prison, il fait l’apprentissage du communisme, puis libéré, il se marie et a un enfant.
Le bonheur semble enfin lui sourire mais les fascistes l’assassinent en plein soleil, tout comme J.S Alexis le sera à son tour au faîte de sa vie. -
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Hadriana dans tous mes rêves de Depestre René
Prix Renaudot 1988, ce roman illustre magnifiquement le réel merveilleux dont toute l’œuvre de René Depestre est porteuse.
Obligé de quitter Haïti à la suite du mouvement révolutionnaire de 1946, Depestre ne s’est jamais considéré en exil mais n’a cessé de restituer la vitalité de son île dans tous ses textes, romans ou poèmes.
Avec les noces de la somptueuse Hadriana qui tombe raide morte au pied de l’autel le jour de ses noces au moment où elle prononce le « oui » sacramentel, avant de ressusciter sous la forme d’une zombie, Hadriana dans tous mes rêves met la magie vaudou au cœur du récit. -
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Mon pays que voici de Anthony Phelps
Anthony Phelps est l’un des grands poètes haïtiens, genre littéraire majeur en Haïti.
Comme beaucoup de ses compatriotes il vit en exil à Montréal depuis qu’il a fui le régime Duvalier. Il donne depuis 50 ans une œuvre poétique parmi les plus importantes en Amérique. Elle compte une vingtaine de titres, traduits en une dizaine de langues.
Son livre culte Mon pays que voici, hymne à Haïti, est paru en 1968 et a été repris chez Mémoire d'encrier en 2007. Haïti y apparaît comme un arrière pays, une sorte d'ailleurs que le poète porte au cœur et comme le lieu où il va puiser les mots.
En 2016, il a publié un recueil Je veille, incorrigible féticheur (éditions Bruno Doucey) dont le titre indique qu’il est à la fois un gardien, celui qui garde l’œil ouvert, et aussi un féticheur, familier de la magie haïtienne. -
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Objectif : l'autre de Lyonel Trouillot
Lyonel Trouillot est l’un des romanciers majeurs d’Haïti avec notamment Thérèse en mille morceaux (2000), Bicentenaire (2004), La belle amour humaine (2011), tous publiés chez Actes Sud.
Avec Objectif : L’autre, l’auteur propose sa définition de la littérature, « donner à voir et à entende non ce qui nous advient mais des instants de vie dont nous sommes témoins », moments qui valent pour l’esthétique, le rêve ou la problématique qu’ils sous-tendent, donc la littérature conçue comme une sorte de caméra baladeuse.
A propos du roman, Trouillot dit qu’il n’invente peut-être pas le réel, mais il invente les vérités du réel. Quant à ses goûts de lecteur, ils vont plutôt du côté de la poésie que du roman qui entretient le mythe du communicable alors que la poésie, elle, demeure une métaphore du cheminement intérieur. -
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Comment faire l'amour avec un Nègre sans se fatiguer de Dany Laferriere
Premier roman de Laferrière paru en 1985 qui lui valut immédiatement un formidable succès à Montréal où il vivait alors, ce titre provocateur fait le récit de la naissance d’un écrivain.
Tout s’est joué avec ce roman écrit il y a 35 ans qui livre le récit des fantasmes de l’écrivain. Comment le jeune Dany Laferrière en exil, décida de devenir écrivain et comment il ne voulait, à l’époque, écrire qu’un seul livre. Ce qu’il a fait d’une certaine façon puisqu’il ne cesse depuis de revenir à ce qui constitue le socle de ses romans : le récit du désir sexuel, des rapports raciaux et du succès à l’américaine. -
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Douces déroutes de Yanick Lahens
A Port-au-Prince où elle vit, Yanick Lahens partage son temps entre l’écriture et le développement social de son pays. Son roman Bain de lune (2014) a reçu le Prix Femina.
Dans Douces déroutes, (2018) elle brosse une galerie de portraits dominée par une figure de femme amoureuse, la chanteuse Brune, dont le père, un juge intègre, a été assassiné par un pouvoir corrompu. Brune, qui refuse de se résigner, incarne à la fois l’intégrité, l’amitié et la découverte de l’amour. Une jeune femme libre, une fille de commotions, de colère et de vertiges.
Chacun des livres de Yanick Lahens est un tableau des réalités haïtiennes. Après Bain de lune, le grand roman de la terre, elle renoue ici avec la veine urbaine. Port-au-Prince, ville de tous les possibles et de tous les impossibles, est ce grand chaos, ce chaudron, où s’invente la vie au quotidien.
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Une sélection de Catherine Pont-Humbert
Bonjour, merci pour cette liste de chef-d'œuvre Haïtiens. Je n'en ai lu aucun...
Je les mets dans la Pal.