Haïti, une terre de littérature et de poésie, entre réalisme et magie
Une fille drôle, compère, se dit-il, secouant la tête ; un moment elle te sourit d'amitié et puis dans le temps d'un battement d'yeux, elle te quitte sans même un au revoir. Ainsi commence l'histoire d'un amour, tendre, simple, sublime, entre la belle et farouche Annaïse et Manuel, fils prodigue de Bienaimé et de Délira, de retour en Haïti après quinze ans d'absence.
« Tout le monde a été touché par les amours de Manuel et d'Annaïse. Aux citadins haïtiens et aux lecteurs étrangers, le roman a révélé la vie paysanne, qu'ils ignoraient autant les uns que les autres. Les évocations du paysage haïtien ont enchanté ; la vieille Délira a éveillé la compassion ; les ronchonnements de Bienaimé ont amusé ; les trouvailles linguistiques de Roumain ont suscité l'admiration. On pourrait presque dire que la critique a été unanime, d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique, à élever Gouverneurs de la rosée au rang de chef-d'oeuvre. » (L.-F. Hoffmann)
Haïti, une terre de littérature et de poésie, entre réalisme et magie
Intemporelle, éclectique, de nouveaux titres à découvrir ou de grands classiques à relire
Je me souviens d'un petit livre, court, vif, urgent mais aussi d'une histoire collante, grave et lente.
Très belle description de la noirceur de la pauvreté et d'une lueur d'espoir apporté par ce jeune homme et son amour
Gouverneurs de la rosée de jacques Roumain
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Jacques Roumain : » Nous mourrons tous…et elle plonge sa main dans la poussière ; la vieille Délira Délivrance dit: nous mourrons tous : les bêtes, les plantes les chrétiens vivants, ô Jésus-marie la Sainte Vierge ; et la poussière coule entre ses doigts. »
Bienaimé et Délira, paysans haïtiens espèrent le retour de leur fils Manuel, parti depuis 15 longues années à Cuba couper la canne à sucre.
Il arrivera un matin, sans prévenir, sur une terre qu’il connut riche et prospère et qu’in retrouve sèche et désolée. Les sources se sont taris, en raison du déboisement massif, la terre à soif, plus rien ne nait de son sein. Manuel cherchera l ‘eau…
L’histoire que l’on nous compte est une histoire de clans, de voisins qui se détestent, de femmes qui s’insultent.
C’est une histoire de faim qui tenaille, d’alcool qui enivre et fait tourner les esprits.
C’est une histoire de rites vaudous
C’est une histoire de révolte
C’est une histoire d’amour.
L’écriture est déstabilisante, il m’a fallu quelques pages pour me faire au langage, car le dépaysement est totale, les expressions, les tournures de phrases. Il faut laisser de côté notre français maternel pour nous laisser envahir par le français chantant des îles, et dès le pas franchi, on ne peut lâché le livre, tout est là pour créer un petit bijou : la tension, la passion, la révolte, la violence, la sensualité.
A lire absolument !!!!
Emma aime
-l’obligation de s’adapter à ce français des îles
-la tension sous-jacente
- sortir des sentiers battus
premier auteur Haïtien, roman lu il y a bien longtemps mais qui reste si vivant. Je recommande de
lire dans la foulée "l'espace d'un cillement" de Jacques Stephen Alexis.
Manuel retourne à Haïti après avoir passé 15 ans à Cuba, où il s'est exilé pour trouver du travail. Lorsqu'il retourne dans son village natal, Fonds-rouge, il découvre une campagne complètement dévastée par la sécheresse. L'eau ne tombe plus du ciel et ne draine plus les sols ; plus rien ne pousse. Plutôt que de chercher une solution à leur problème, les habitants attendent l'arrivée de la pluie en priant.
Manuel ne supporte pas ce fatalisme haïtien et décide de prendre les choses en mains : il redoublera d'efforts et trouvera une source d'eau pour irriguer les champs. Bien que le village soit divisé en deux clans et qu'il fasse partie de la famille à l'origine de la division, il met au point un schéma qui assurera la fédération du village en même temps que son nouvel essor agricole.
Je crois n'avoir encore jamais lu de roman politique aussi bien réussi et émouvant. Lire la suiteLe projet de Manuel est à la fois d'apporter croissance et paix à son village, tout en cherchant son bonheur personnel à travers sa relation avec Annaïse. Jacques Roumain offre sur un plateau toutes les merveilles que l'on recherche dans la littérature : de la tragédie amoureuse (à la Romeo et Juliette), de la tragédie politique (à la Antigone) et de la poésie.
Il est assez incroyable de voir à quel point ce roman était en avance sur son temps. Je n'ai en effet pas pu m'empêcher de faire des parallèles entre la fédération du village de Fonds-rouge et la construction d'une communauté européenne. Manuel est la figure emblématique d'un jeune homme plein d'idéaux, prêt à tout pour qu'ils se réalisent. Et même si la romance entre Manuel et Annaïse n'est pas aussi développée que je l'aurais aimée, elle apporte une touche de poésie à ce roman très humaniste.
« Les gouverneurs de la rosée » c'est la poésie de la vie. Un hymne à la beauté de l'espérance humaine, à la hauteur de l'excellence de la langue. C'est la mémoire du petit colibri, c'est le premier livre des sources, l'ondoiement des mots dans la vérité de leurs corps. La défloraison des âmes dans la lumière de l'esprit. C'est l'engagement, la fraternité, la résistance. C'est la vérité d'une terre, de toutes les terres, où l'avidité du pouvoir maltraite, affame la chair. Mais c'est aussi la résurgence magnifique du partage, de la solidarité qui inonde un choeur d'hommes et de femmes, puis c'est le surgissement de ces notes, sublimes, dans le dénuement complet d'une nature, qui engage une parole au nom entier de tous. « Ce livre est sans réserve le livre de l'amour », et c'est juste.
« foule qui ne sait pas faire foule » écrivait le grand Césaire, et puis vint le jour où la source fit renaître l'océan des hommes.
Compères, commères, cousins, cousines, amis, ennemis, tous vivent dans ce village délaissé où les sources ont tari suite à déboisement outrancier. Les nuages, la pluie bienfaitrice ne répondent pas aux prières des dieux. Les plus riches, les mieux nantis, les plus voleurs, comme les charognards, attendent que, perclus de dettes, les paysans n’aient d’autres solutions que de vendre leur tout petit carreau de terre, pour le racheter à vil prix.
Manuel, nègre natif natal de Fonds-Rouge, fils de Délira et Bienaimé, revient au pays après avoir passé une quinzaine d’années dans un batey dominicain, plus proche de l’esclavagisme que du travail agricole « Tuer un Haïtien ou un chien, c’est la même chose disent les hommes de la police rurale : de vraies bêtes féroces ». Il ne reconnait plus le paysage. Temps longtemps, le petit-mil, le maïs et autres légumes poussaient, arrosés par les rigoles gérées par un mèt lawouze que Jacques Roumain aurait transformé en Gouverneurs de la rosée. « À Mahotière, disait-elle, nous avons de l’eau, nous autres. Mais pour les jardins, l’arrosage n’est même pas nécessaire. La fraîcheur suffit, la rosé »e du matin. Au réveil, tout est brillant et mouillé. Faut voir ça : c’est comme une écume de soleil ».
Manuel part à la recherche de l’eau. En chemin il trouvera l’amour en Annaïse, fille du clan ennemi. Le télégueule a propagé la nouvelle : Manuel a trouvé une source ! Il veut profiter de cette aubaine pour faire cesser les rivalités entre familles, réunir toutes les bonnes volontés et relancer le coumbite qui pourrait être le ciment de leur communauté. comme tu temps de la jeunesse de Delira et Bienaimé ses parents.
En mélangeant un français pur et la langue de chez lui, Jacques Roumain nous offre un livre fort, poétique avec de sublimes descriptions. Ses portraits de la vie paysanne quotidienne confinent à l’ethnologie. A la fois politique et onirique, Gouverneurs de la rosée est une œuvre passionnante, foisonnante, humaine, habilement politique. Chaque page lue est un ravissement. Petite précision ; ce livre écrit en 1944 et se trouve, malheureusement, encore d’actualité
Il y a du Pagnol (Manon des sources), du Shakespeare (Roméo et Juliette) dans cette œuvre, je pèse mes mots. Comme l’écrit Jacques Stephen Alexis : « le roman est une espèce de grand poème populaire aux contours classiques et aux personnages quasi symboliques et plus loin : « Peut-être est-ce le livre qui contient le message essentiel de Roumain, message que la vie ne lui a pas permis d’illustrer personnellement ? Jacques Roumain a écrit un livre qui est peut-être unique dans la littérature mondiale parce qu’il est sans réserve le livre de l’amour. »
Que dire d’autre !
Je suis en face d’un coup de cœur et je remercie chaleureusement Libfly et les Editions Zulma pour cette lecture si passionnante.
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