"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans le petit village d'Icamole, au nord du Mexique, Remigio découvre au fond d'un puits le corps d'une fillette inconnue. Ce qui pourrait refter un simple fait divers devient matière à un océan de fictions et d'imbrications romanesques : car c'est à la lumière des romans qu'il lit avec autant de fureur que de délectation que Lucio, le bibliothécaire du village, mène l'enquête. Laquelle le conduit sur les traces d'Herlinda, sa femme disparue, qu'aucune lecture n'aura pu lui restituer.
Un roman jubilatoire et virtuose, qui emporte magistralement le lecteur.
Dans un village perdu du désert mexicain le jeune Remigio pêche, au fond de son puits, le cadavre d'une petite fille. Avant que quiconque ne le découvre, son père Lucio le convainc de faire disparaitre le corps, sans rien dire, alors même que la police enquête sur sa disparition.
Lucio est un drôle de type. Il tient la bibliothèque d'un village où personne ne lit. Il est le seul à consulter les ouvrages avec lesquels il entretient de curieux rapports. Il les soumet à une censure drastique selon des critères fantaisistes connus de lui seul, vouant aux oubliettes ce qui n'a pas l'heur de lui plaire. De plus, il a la fâcheuse tendance à lier tout ce qui arrive aux livres qu'il a lus, se tournant souvent vers les fictions qui jalonnent ses étagères pour y trouver l'inspiration. Aussi il ne peut s'empêcher d'établir une correspondance entre la jeune morte du puits et l'héroïne de son livre favori " La mort de Babette ". Comme elles se ressemblent physiquement, Lucio nomme donc la petite inconnue Babette et suggère à son fils de l'enterrer sous l'avocatier du jardin, comme le fait le tueur dans le roman intitulé "Le pommier "...
L'intrigue serpente à travers la trouble histoire d'amour de Remigio avec les fruits de son avocatier et la fille morte, mêlée à l'énigmatique rencontre de Lucio avec la mère de celle-ci. La frontière entre la fiction et la réalité, déjà bien floue, le devient encore plus lorsque cette mère admet avoir également confondu le personnage fictif de Babette et sa vraie fille et qu'elle ne semble pas très intéressée par la recherche de son meurtrier.
Cette histoire de meurtre s'avère être presque un prétexte pour révéler le thème central qui est Lucio en tant que lecteur puisque toute l'intrigue est guidée et expliquée à travers ses lectures. Elle dissimule une réflexion subtile, un peu trop pour moi.., sur le sens de la littérature en tant que création artistique et la relation auteur-livre-lecteur.
J'ai trouvé ce roman extrêmement déconcertant. En créant la confusion, David Toscana m'a désorientée et bousculée dans mes habitudes de lectrice indécrottablement accrochée au réel pour m'entraîner dans une sorte d'étourdissement où la compréhension de la réalité ne cesse de se désintégrer. Une drôle de lecture qui m'a donné du fil à retordre !
Perdu dans le désert mexicain, le petit village d'Icamole subit une sécheresse sans précédent. Les habitants sont tributaires des allers-retours quotidiens que Melquisedec effectue vers Villa de Garcia, la ville voisine, pour y chercher l'eau dans de grands bidons. Seul Remigio conserve encore secrètement quelques centimètres d'eau au fond de son puits. Grâce au précieux liquide, il peut sortir le visage frais et propre quand tous sont poussiéreux, et aussi arroser son avocatier aux fruits si doux. Pourtant, un événement tragique va le faire renoncer à son privilège de manière précipitée le jour où il trouve le cadavre d'une fillette dans son puits. Ne sachant que faire du corps, il va voir son père Lucio, le bibliothécaire du village. L'homme vit seul au milieu des livres, ceux qu'il aime et qui méritent de garnir ses étagères, et ceux qui, jugés indignes, vont en ''enfer'', condamnés à être rongés par les cafards. C'est dans les livres que Lucio trouve une explication à toutes les situations de la vie et pour lui la petite morte ne peut qu'être Babette, l'héroïne de La mort de Babette, un de ses livres français préférés...
Roman foisonnant dans la ligne directe du réalisme magique des lettres d'Amérique latine, El ultimo lector est une immersion dans la folie douce d'un village mexicain. Si le départ a des allures de polar avec la découverte d'un corps et donc d'un meurtre, la suite prend une toute autre direction. Qui a tué et pourquoi deviennent des questions secondaires devant les actes et les mots de Lucio et son fils qui ne prennent pas toujours les décisions les plus raisonnables mais se laissent portés par la littérature. Pour le bibliothécaire privé de salaire depuis que le gouvernement a décidé de fermer son officine, faute de lecteurs à Icamole, la vie se trouve au cœur des pages écrites par les auteurs, les vrais, de préférence français ou russes, qui seuls savent comment décrire les évènements passés, présents et futurs. Dans ce village où eu lieu une grande bataille dont l'histoire a été revue et corrigée au fils du temps, la fiction et la réalité s'entremêlent au point qu'il est difficile de les différencier. Le lecteur peut s'y perdre lui aussi, d'autant que David TOSCANA aime à le perdre en gommant la ponctuation propre aux dialogues et en passant allègrement de son récit à la citation d'un extrait de l'oeuvre que lit Lucio. Mais on aime être déboussolé et promené dans ce monde romanesque où tout est littérature. S'échapper du réel est bien le désir du lecteur et cela prend ici tout son sens. La vie est littérature, l'Histoire est littérature, le monde est littérature, l'imaginaire prend le dessus sur la littérature et c'est tout simplement magique. Lucio, le dernier lecteur, et sa conception personnelle de ce qui fait un bon livre saura transmettre son amour des livres à son fils qui jusque là s'en désintéressait totalement. Gageons qu'il saura aussi guider ses lecteurs dans le labyrinthe fantasque de son créateur. Une mise en abîme originale aux qualités indéniables, un roman à découvrir.
L'histoire de ce bibliothécaire un peu fou, nageant dans la réalité comme dans la fiction, m'a attiré par son côté loufoque ! Je précise tout de suite que nous rentrons ici dans un univers assez spécial, où il est difficile pour le lecteur de savoir ce qui est réel et ce qui ne l'est pas. En effet, la typographie du texte ne donne aucun indice au lecteur : pas de guillemets, pas de citations, et très peu de paragraphes... Il s'agit donc ici d'une lecture assez difficile ou du moins qui demande réflexion et attention.
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