"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Clarisse et d'une simplicité de coeur qui la rend spontanément attachante. Autour de cette héroïne malgré elle gravite tout un petit monde : un mari ingénieur, deux adorables et malicieuses jumelles, Armen, le fils vénéré en pleine crise d'adolescence, une soeur à marier un peu revêche, et la vieille mère qui règne sur la maisonnée, dans le quartier arménien d'Abadan. Pourtant la très modeste Clarisse va bientôt révéler sa nature de personnage tchekhovien quand de nouveaux voisins viennent bouleverser l'équilibre affectif de notre femme invisible...
Ce premier roman de cet auteur de la littérature iranienne nous plonge dans la vie quotidienne d’une femme au foyer.
Une vie rythmée sur celle des enfants et de l’homme.
Quartier arménien d’Abadan, Clarisse règne sur sa maisonnée, Artush son mari ingénieur, Armen son fils en pleine crise d’adolescence, farceur et plein d’humour, ses jumelles Armineh et Arsineh, plus sa mère la mémoire de la famille et sa sœur, obèse en recherche d’un mari.
« Ce soir-là, quand j’eus couché les enfants, lavé la vaisselle et rangé la cuisine, je m’assis dans un fauteuil du salon. Je mangeai un à un les fruits de jujubier, en me souvenant de mon père qui avait l’habitude de dire ; « Ne discute avec personne, ne critique personne. Sois d’accord avec tout ce qu’on te dira et lave-t-en les mains. Quand on te demande ton opinion, on s’en moque, tout ce que les gens veulent, c’est que tu sois d’accord avec eux. Il est inutile de discuter avec qui que ce soit. »
La routine est un peu cassée par la venue de nouveaux voisins : Emile veuf, papa d’Emilie plus âgée que les jumelles de Clarisse, qui de suite vénère cette nouvelle camarade, élevée par une grand-mère naine et très autoritaire.
Le lecteur va entrée dans ce petit monde où il pourrait croire qu'il ne se passe rien, rien de spectaculaire c’est vrai, mais c’est un quotidien qui bruisse des mille soubresauts de la vie.
Clarisse va se révélée au fur et à mesure de cette chronique de vie ordinaire, et montrer de nouvelles facettes.
Ce petit monde est satellitaire autour de Clarisse qui est mise à contribution, sans qu’on lui demande son avis, pour organiser les soirées et dîners, etc.
Tâches dont elle s’acquitte en se demandant de temps à autre pourquoi elle ne sait pas dire non.
A trente huit ans, elle se demande si quelqu’un s’est déjà préoccupé d’elle et de ses désirs ? Question totalement justifiée.
Un bilan qui va aboutir à quoi ?
Zoyâ Pirzâd a écrit un premier roman très réussi, sur un sujet ordinaire, la vie d’une femme au foyer, mais qui à la lumière de son écriture fluide et imagée, nous fait vivre la vie de son héroïne du quotidien, dans ce pays patriarcal. La nature est luxuriante, les portraits sont faits d’une fine analyse psychologique, beaucoup d’humour dans la façon de croquer les scènes du quotidien.
On y découvre joliment les us et coutumes de la vie en Iran, entre les traditions qui se perpétuent et les évolutions qui se dessinent.
Une réussite, si c’est Clarisse qui éteint les lumières souhaitons-lui de rallumer celle de sa très belle personnalité.
©Chantal Lafon – Litteratum Amor 10 janvier 2020.
Un livre magnifique.
Il se passe quoi? Rien ou tout finalement : la vie!
Je n'ai pas lâché ce livre, fascinée par cette attraction alors que l'action tourne autour d'un rythme de vie quotidien et répétitif.
Certes ce livre n'a pas une intrigue palpitante. Mais on se laisse entraîner par le récit de cette jeune femme dont la vie tranquille est bouleversée par l'arrivée de nouveaux voisins, un homme veuf accompagné de sa mère et sa fille. Une relation ambigue se noue entre elle et lui qui lui permettra de sortir de son rôle de femme au foyer. L'écriture est simple et fluide offrant une lecture agréable.
Clarisse l’héroïne, est une femme au foyer de la société bourgeoise, (son mari travaille pour une exploitation pétrolière). Elle est d'origine arménienne, et vit à Abadan, au sud-ouest de l'Iran. Abadan est une ville iranienne où règne le pétrole, sur le golfe persique, à la frontière iraquienne. Elle fut complètement détruite dans les années 80 lors de la guerre Iran-Iraq.
Le roman se situe avant la guerre, bien que l’époque ne soit pas indiquée une certaine douceur de vivre nous laisse penser que c’est le cas. Clarisse est une mère de famille apparemment heureuse, très rêveuse. Sa mère et sa sœur en quête d’un mari sont très présentes quelquefois elle préfèrerai se passer de leurs visites. Mais l’on sent de vrais liens familiaux, beaucoup de mouvement dans cette maison. Un jour une autre famille arménienne s’installe dans le quartier, les enfants vont faire connaissance et de fil en aiguille des rencontres vont avoir lieu avec ce père veuf et très attentionné envers Clarisse. Sa vie si bien réglée et apparemment tranquille va vaciller. Un livre qui dépeint la société Arménienne, le portrait d’une jeune femme envahie par le doute, cette vie étriquée lui suffira- telle ? Un autre univers s’offre à elle « la marche vers la libération des femmes Iraniennes ». Un très beau livre plein de poésie, j’ai adoré
Quelques semaines dans la peau d'une jeune femme au foyer arménienne, dans le sud de l'Iran des années 60 : lecteurs qui aimez l'action, passez votre chemin ! Car la vie de Clarisse se déroule imperturbablement, jour après jour, au rythme des repas préparés pour son mari et ses trois enfants, des vaisselles et des lessives, des visites quotidiennes de sa mère et de sa sœur, des bavardages avec son envahissante amie Nina… un quotidien animé et sans surprises au sein de la communauté arménienne. Clarisse est discrète, accueillante et disponible, elle parle peu et observe les autres, sa famille et ses amis : son marie qui la considère plus ou moins comme un meuble, son fils de 15 ans en pleine crise adolescente, sa sœur célibataire à la recherche d’un bon parti… Tout ce monde gravite autour d’elle qui rend la vie facile et agréable à tous, mais à qui personne ne demande son avis. (Ca me rappelle une scène du Zèbre, d'Alexandre Jardin, où la mère de famille doit se mettre du persil dans le nez et les oreilles pour qu'on la regarde enfin...)
Ce calme apparent est perturbé par l’arrivée de nouveaux voisins dans leur quartier résidentiel réservés aux employés de la Compagnie des Pétrole, les Simonian, qui vont déclencher chez Clarisse une crise intérieure, un éveil à la conscience pour elle qui tout en acceptant sa condition, aimerait être écoutée et respectée en tant que femme, mère, épouse, fille, sœur… : un beau portrait de femme tout en suggestion alors qu’en toile de fond, les femmes iraniennes obtiennent le droit de vote et les Juke Box jouent « Hit the road, Jack ».
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