"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
De 1939 à 1945, trois vies basculent face à l'horreur nazie. Pris dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale, un enfant amnésique, un soldat français et une photographe japonaise vont se trouver, chacun à leur manière, au coeur de l'horreur portée par l'idéologie raciale nazie. À travers cette fresque sans concession et très documentée, Éric Liberge plonge dans les méandres les plus diaboliques du nazisme et de l'âme humaine.
Après la publication d’un premier album couvrant 1939 et 1940, Dupuis, l’éditeur a décidé de rassembler ce qui devait l’être en trois livres, dans un seul et bel album. Ainsi, Wotan, nom, en vieil allemand, du dieu de l’orage et de la tempête, passionne de bout en bout le lecteur qui apprécie aussi la qualité des dessins très fouillés d’Éric Liberge.
L’histoire débute avec Louison, un jeune garçon hanté par le traumatisme extrêmement violent qu’il a vécu. Elle se poursuit avec Étienne Murol qui va vivre au plus près l’atrocité des crimes nazis et Yin-Tsu, photographe japonaise vivant à Paris, se retrouvant enrôlée par Himmler, lui-même. Les destins de ces trois personnages s’entrecroisent, se mêlent parfois mais rien ne nous est épargné au cœur de l’horreur de ces années les plus sombres de ce qu’on appelle pourtant l’humanité.
Éric Liberge le confirme : « Tous les faits historiques décrits, extraits de discours, de propagande raciale qui nourrissent le récit, tous les propos tenus sur ces sujets, aussi aberrants soient-ils, sont tristement authentiques. » Ainsi, on comprend mieux pourquoi l’auteur parle de cet obscurantisme imposé comme système politique, ajoutant que « la Seconde guerre mondiale reste un formidable miroir de notre époque actuelle. »
Se basant sur les récits de ses parents ajoutés dans le dossier historique, l’auteur décrit bien la mobilisation de son père, l’exode et les tourments de l’occupation. Au cœur du récit, les hésitations, les questions que se posent les principaux protagonistes permettent de nous interroger sur notre attitude éventuelle face à l’idéologie nazie et à son emprise sur les consciences en utilisant tous les moyens d’une violence rare.
La seconde partie traite de la Shoah par balle accomplie par les Einsatzgruppen sur le front de l’Est, des massacres planifiés trop longtemps ignorés. Éric Liberge met aussi en lumière cet institut de recherches Ahnenerbe, Société pour la recherche et l’enseignement sur l’héritage ancestral, créée par le Reichsführer SS Himmler, allant jusqu’aux expérimentations médicales dans les camps de concentration et en particulier dans celui du Struthof, en Alsace, en liaison avec l’Institut d’anatomie de l’université de Strasbourg.
Wotan est une fresque très impressionnante qui révèle le cheminement psychologique, difficilement compréhensible aujourd’hui, de ceux qui ont été plongés bien malgré eux dans la tourmente.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !