"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce récit fantastique teinté d'un fond historique nous plonge en 1605 à Londres durant une épidémie de peste.
William Shakespeare est chargé par l'émissaire du roi James de retrouver Michael Morrisaw, acteur de sa troupe qui a disparu.
Shakespeare se lance dans une poursuite effrénée et évolue dans un univers cauchemardesque où le présent se mélange au passé. La mort trace son sillon sur son passage et chaque personne qu'il côtoie ou interroge devient une cible, faisant de lui un suspect idéal. Plus qu'une enquête, c'est une véritable quête d'identité pour Shakespeare. Est-il réellement celui qu'il croit être ? Sur fond de débats historiographiques, le scénario exploite avec un certain brio la part cachée de l'auteur de Roméo et Juliette. Attention toutefois car l'atmosphère qui se dégage à la lecture de cette BD est si prégnante qu'elle rend sa compréhension pas si aisée. A cet égard, les pages explicatives en fin d'album sont instructives et peuvent aider.
Ce qui démarque clairement le récit c'est son graphisme qui est magnifique. Le crayonné est précis et puissant au possible. Les couleurs renforcent la désolation qui suit Shakespeare dans ses péripéties. On se croirait presque dans un Londres post-apocalyptique.
Bref, une chouette nouveauté !
1525, la guerre des paysans
Rome, au début du 16e siècle. C’est l’effervescence sur le chantier de la basilique Saint Pierre, dont les travaux sont dirigés par Michel-Ange et Raphaël. Mais cet ouvrage pharaonique coûte cher à la papauté et le pape Jules II fait appel à un investisseur, Albert de Brandebourg.
En échange, des 24 000 ducats qu'il a versés, celui-ci pourra se rembourser en vendant des indulgences.
Une indulgence, c’est la possibilité d’être pardonné par Dieu de ses péchés, moyennant une somme d’argent.
Dans le Saint-Empire, Martin Luther, un moine professeur d’université s’oppose à cette pratique de l’Eglise catholique. Il est rejoint en cela par Thomas Münzer, un autre moine qui a pris fait et cause pour les paysans, déjà fortement acculés par le paiement des impôts aux seigneurs.
Le pape demande alors à Frère Martin de se rétracter, ce que ce dernier refuse, préférant obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Alors que la révolte des paysans commence à gronder contre leurs conditions de vie miséreuses, Thomas Müntzer décide de soutenir ce mouvement.
Il réclame une réforme du clergé et l’abrogation des droits ecclésiastiques. Martin Luther a, par ailleurs, commencé à traduire la Bible en allemand, pour que la population puisse comprendre les écritures saintes et que la messe soit à la portée des plus pauvres. C’est ainsi que le pape va l'excommunier.
Si Martin Luther veut s’opposer à Rome avec sa plume, en revanche Thomas Müntzer veut aller plus loin et utiliser la force pour saisir les biens de l’Eglise et les redistribuer aux plus pauvres.
Voici un album magnifique, mais également très ardu pour expliquer les causes et les conséquences de la Réforme, qui va amener à la création des Églises protestantes.
Le trait est sombre, les dessins sont violents mais représentatifs des conditions de vie et de la volonté de s’opposer à cette Église qui vivait dans le luxe et la luxure.
Cette réforme va s’étendre en Europe et le retour en arrière n’étant pas possible, le schisme dans l'Église deviendra inévitable.
Julien, un jeune rugbyman venu passer une sélection à Bordeaux et victime d'un accident sur le terrain. Inconscient, il va être transporté d'urgence dans l'hôpital où travaille son père chirurgien et vivre une EMI, une Expérience de Mort Imminente…
Un phénomène qui nous est parfois rapporté par ceux qui reviennent à la vie après un accident, une brutale perte de conscience : un tunnel, une lumière aveuglante, des êtres de lumière, parfois des proches disparus…
Cette expérience va bouleverser la vie de Julien et mettre en lumière un lourd secret de famille que ses parents lui ont toujours caché.
Son père va tout faire pour effacer les souvenirs de l'EMI et empêcher son fils de rejouer au rugby (une passion qu'il ne partage pas avec son fils…).
Médiumnité, EMI, secret de famille composent le paysage de cette bande dessinée puissante avec en toile de fond Bordeaux, Paris, une exposition de Jérôme Bosch - peintre néerlandais du XVe siècle - (ses toiles ressemblent étrangement aux descriptions relatées par les personnes victimes d'EMI) ou plus terre à terre, l'univers hospitalier.
Le trait d'Éric Liberge est très réaliste, incisif, vif, il aime jouer avec les mouvements de ses personnages (scènes de rugby… ). Ce roman graphique est sur le fil du fantastique, j'ai aimé me promener à Bordeaux, Paris et ailleurs… Il est à la fois très sombre et lumineux selon les moments.
Le scénario nous transporte littéralement !
L'EMI est un sujet vraiment très intéressant : elle est rapportée plus ou moins de la même façon que l'on soit en Inde, en France… ou même à d'autres époques, comme les peintures de Bosch semblent le suggérer.
C'est un très bel album, avec des tableaux hauts en couleurs en dernière partie d'ouvrage qui se disputent aux bulles en bichromie des premières pages…
Une nouvelle couverture qui a eu cette effet magnétique, je lis le pitch en diagonal pour ne pas en savoir trop, et ça match !
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Je découvre Éric Liberge avec cet album, lui qui a déjà pas mal de titres que son crayon a habillé avec un réalisme et une beauté frappante, constat évident à la vue de certaines planches et notamment de celles que j’ai en main.
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EMI, ça vous parle ? Moi pas vraiment jusqu’à cette lecture, l’expérience de mort imminente, où la conscience est comme en suspension entre la vie et la mort. Dans cette parenthèse, Julien, fera une rencontre qui fera ressurgir un secret de famille qui pèse et qui le longe dans l’incompréhension. Entre pression familiale et hallucinations permanente, ce jeune homme va tenter de se construire et de comprendre.
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J’ai eu du mal avec la narration dense au départ qui par la suite laisse place aux événements et permettent une lecture plus fluide .
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La cartésienne en moi s’est laissée porter par l’univers graphique d’ Eric Liberge . Finesse et délicatesse avec une part d’onirisme et spiritualité offrent un visuel éclatant de toute beauté ! Si la découverte se fait en total Nb, on vit une explosion de couleurs par la suite .
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Une expérience interdite telle le film que j’ai vécu pleinement au final, car j’ai apprécié l’approche de l’auteur sur l’EMI et le poids d’un secret de famille avec la réflexion qui en découle .
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