"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans les années 1960-1970, enfant puis adolescent, je vivais en Charente et Charente-Maritime. Un de mes oncles habitait près de Bellac, en Haute-Vienne. Chaque fois que nous allions lui rendre visite, nous faisions une halte à Oradour-sur-Glane et/ou au Mémorial de la Résistance à Chasseneuil (*). Vous comprendrez pourquoi, quand j'ai découvert que cet ouvrage était en préparation, je l'ai commandé avant même sa sortie.
Je n'ai pas été déçu. Comme dans "Après la rafle", avec Joseph Weismann, Delalande et Bidot mettent leur art au service de la parole et du souvenir. Le dessin est simple et colorée, les textes concis, précis, sans ostentation. On sent que l'objectif est d'enregistrer, d'illustrer, la mémoire, pas de l'enjoliver ou de l'assombrir ; les faits relatés, la mémoire des survivants, se suffisent à eux-mêmes.
Un bouquin à mettre entre toutes les mains, dès 10 ans et plus, car narration et illustration privilégient la retenue et l'émotion, pas le sensationnel et la barbarie.
(*) une anecdote personnelle : à l'époque (années 1960), le Mémorial de la Résistance de Chasseneuil regorgeait de massifs de cotonéasters rampants. Un jour, mon père en fit une bouture qu'il planta dans son jardin, où la plante se développa à merveille. Près de quarante ans plus tard, quand j'ai acheté mon pavillon, j'ai reproduit l'opération. Mon épouse ne trouve pas la plante très gracieuse et voudrait s'en débarrasser ; mais j'ai beau la tailler le plus court possible, tous les ans elle fait de nouvelles pousses. Résistante !
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2024/06/09/le-dernier-temoin-doradour-sur-glane-da-delalande-et-l-bidot-avec-a-hebras-chez-harper-collins-bd-devoir-de-memoire/
Ce roman graphique est un livre témoignage. Celui de Joseph Weismann qui fut raflé à Paris le 16 juillet 1942. Après cinq jours interminables , parqués au Vél’ d’Hiv, il fut envoyé avec ses parents et ses deux sœurs au camp de Beaune la Rolande. Avec un autre garçon de son âge, Joseph Koganovitch, ils décident de s’évader et y réussissent. Ils partent ensuite chacun de leur côté.
L’histoire commence quand Jo Weismannn reçoit un coup de fil du cousin de Jo Koganovitch et qu’ils se retrouvent aux Etats Unis où vit ce dernier. Leurs retrouvailles donnent lieu à de nombreux flash-back qui racontent leur parcours de vie de leur évasion à ce jour. Puis c’est Joseph Weismann qui poursuit son récit et parle de sa rencontre décisive avec Simone Weil en 1996 qui l’exhorte à raconter son histoire au plus grand nombre par devoir de mémoire. Il va alors sillonner la France, de collèges en lycées afin de témoigner, « de faire entendre les voix du souvenir ».
En 2009, il sera consultant pour le film « La rafle » inspiré de son témoignage et en 2011 avec la collaboration de Caroline Andrieu, il sort un livre « Après la rafle » adapté ici en BD.
Joseph Weismann termine régulièrement ses conférences par ces mots « Mon nom est Jo Weismann. Et je vous en prie mes enfants, n’acceptez pas l’inacceptable »
Ce roman graphique nous raconte « la guerre d’un enfant de 11 ans , abandonné parmi d’autres dans un camp d’orphelins. Enfants perdus dans une guerre d’adultes qui tentaient de survivre, encadrés de soldats complices d’un régime de haine. Il raconte une vie d’évadé et d’exil à lui-même C’est l’histoire d’un enfant qui finalement a réussi à survivre pour les siens ».
Cet album a pour but la transmission de la mémoire d’une des pages les plus sombres de notre histoire afin que cette tragédie ne se reproduise jamais. Il est à destination des jeunes comme des adultes
C’est un album qui, une fois refermé, résonne encore longtemps en nous .
Un meurtre, huit témoins, pas un ne se souvient de ce qui s'est passé. Elle voudrait tout oublier. Ils donneraient tout pour se souvenir...
Un sujet intéressant : l'amnésie rétrograde (le lendemain, ils ont oublié ce qu'il s'est passé la veille.) - j'aime beaucoup les livres qui traitent de la mémoire et toutes ces dérives, donc normalement cette lecture était faite pour moi, mais malheureusement ce fut la déception des livres que le prix nouvelles voix du polar nous ont proposées.
D'abord le rythme qui est très important pour moi, il est extrêmement lent, et pour moi, c'est souvent rédhibitoire, et dans ce cas cela as beaucoup jouer dans le fait que ce récit ne m'a vraiment pas plu.
Le début est vraiment difficile à lire, dans le genre que je m'ennuyais vraiment, je ne voulais pas l'abandonner, car quand tu t'engages à voter pour un prix, je trouve cela normal de lire en intégralité tous les livres.
Après cela m'est arrivé où au commencement du livre, c'est compliqué et après l'histoire décolle.
Bon il y a un passage que j'ai bien aimé quand l'enquêtrice interroge les malades de ce centre spécialisé dans la mémoire, j'ai trouvé cela pertinent, et on découvre toutes les histoires ou cette maladie s'est intégrée.
Je pense que le thème d'un meurtre dans un univers ou des personnes ne se souvienne de rien n'as pas été suffisamment exploité et je crois que c'est là le point faible de ce récit.
De plus, je n'ai pas réussi à m'impliquer dans la trame, et même si certains personnages sont touchants, je trouve qu'ils ne sont pas assez mis en lumière, c'est bien dommage.
Mais je pense sincèrement que ce livre trouvera son public, mais pour moi cela pas était mon cas.
L'Histoire, on la connaît. Mais pas cette histoire en particulier. Le courage d'un p'tit garçon qui va fuire son camp à la recherche de sa famille. En plus du courage, il lui faudra beaucoup de chance et trouver des personnes prêtent à l'aider.
La première partie de la bd "survole" la rafle mais est suffisamment détaillée pour être très émouvante. Ensuite arrive l'aventure, l'évasion. Le ton est plus léger même si le contexte est tout aussi horrible. En parallèle nous voyons les retrouvailles des deux Jo et nous passons d'une époque à une autre au fil des événements racontés. Enfin nous rattrapons le présent avec Mr Weismann, 90 ans, survivant de la Shoah, et qui joue ici son rôle de passeur de témoin.
Ce n'est pas une bd facile, mais indispensable qui remplit parfaitement son devoir de mémoire. Car comme le dit Joseph, "n'acceptez pas l'inacceptable".
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