"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
10 juin 1944. Robert Hébras a 18 ans lorsque la division blindée Das Reich de la Waffen-SS investit le paisible village de Haute-Vienne, Oradour-sur-Glane. Les soldats descendent de leur camion, réunissent la population sur la place centrale. Les hommes sont parqués dans les granges, les femmes et les enfants dans l'église. Pour le jeune Robert, c'est la grange Laudy, avec une soixantaine d'otages. Après une heure d'attente, la fusillade éclate. L'apprenti mécanicien survit. Il apprend la mort de sa mère et de deux de ses soeurs, Georgette et Denise, brûlées dans l'église. Ce jour-là, les Allemands commettent alors le plus grand massacre de civils de la Seconde Guerre mondiale : 643 morts, dont plus de 450 femmes et enfants.
Dans cet album bouleversant, Arnaud Delalande et Laurent Bidot, mettent en images avec pudeur et puissance, avec la complicité d'Agathe Hébras, devenue gardienne de la mémoire, l'histoire de son grand-père, de celle du village-martyr et d'une nation tout entière. Pour ne jamais oublier.
Dans les années 1960-1970, enfant puis adolescent, je vivais en Charente et Charente-Maritime. Un de mes oncles habitait près de Bellac, en Haute-Vienne. Chaque fois que nous allions lui rendre visite, nous faisions une halte à Oradour-sur-Glane et/ou au Mémorial de la Résistance à Chasseneuil (*). Vous comprendrez pourquoi, quand j'ai découvert que cet ouvrage était en préparation, je l'ai commandé avant même sa sortie.
Je n'ai pas été déçu. Comme dans "Après la rafle", avec Joseph Weismann, Delalande et Bidot mettent leur art au service de la parole et du souvenir. Le dessin est simple et colorée, les textes concis, précis, sans ostentation. On sent que l'objectif est d'enregistrer, d'illustrer, la mémoire, pas de l'enjoliver ou de l'assombrir ; les faits relatés, la mémoire des survivants, se suffisent à eux-mêmes.
Un bouquin à mettre entre toutes les mains, dès 10 ans et plus, car narration et illustration privilégient la retenue et l'émotion, pas le sensationnel et la barbarie.
(*) une anecdote personnelle : à l'époque (années 1960), le Mémorial de la Résistance de Chasseneuil regorgeait de massifs de cotonéasters rampants. Un jour, mon père en fit une bouture qu'il planta dans son jardin, où la plante se développa à merveille. Près de quarante ans plus tard, quand j'ai acheté mon pavillon, j'ai reproduit l'opération. Mon épouse ne trouve pas la plante très gracieuse et voudrait s'en débarrasser ; mais j'ai beau la tailler le plus court possible, tous les ans elle fait de nouvelles pousses. Résistante !
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2024/06/09/le-dernier-temoin-doradour-sur-glane-da-delalande-et-l-bidot-avec-a-hebras-chez-harper-collins-bd-devoir-de-memoire/
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !