Des autrices d'exception, talents confirmés ou révélations...
« La première fois qu'ils se sont vus tous les quatre, le fils de Pierre n'a pas supporté un mot du fils de Déborah, ou peutêtre était-ce juste un rire, et, pris d'une rage folle, il s'est mis à hurler qu'il les détestait, que de toute façon elle ne serait jamais à son goût et Léo jamais son frère, puis il a attrapé un couteau de boucher aimanté à la crédence derrière lui et, le brandissant à leur visage, il a menacé de les tuer - cela faisait une heure à peine qu'il les connaissait. » Tout le monde ne parle que du vivre-ensemble mais, au fond, qui sait vraiment de quoi il retourne, sinon les familles recomposées ? Vivre ensemble, c'est se disputer un territoire.
Des autrices d'exception, talents confirmés ou révélations...
Le palmarès de la rentrée littéraire 2018
"Vivre ensemble" (Stock) est le roman français arrivé en tête du palmarès des 50 romans préférés de la rentrée 2018
La sixième édition des explorateurs de la rentrée ? Du neuf, toujours du neuf, l’enthousiasme est intact !
Novembre 2015 à Paris, Déborah et Pierre ne se connaissent que depuis peu de temps et ils échappent de peu aux attentats des terrasses. Sur un coup de tête, poussé par une sorte d’instinct, ils, décident de vivre ensemble avec leurs deux fils respectifs, Léo et Salomon. Tout pourrait aller si bien, sauf que Salomon, 10 ans, n’est pas un enfant facile. Manipulé par sa mère, différent, colérique et instable, imprévisible aussi, le gamin fait vivre l’enfer à Déborah et Léo une semaine sur deux. Alors que le « vivre ensemble » est sérieusement mis à mal dans la France de 2015-2016, le « vivre ensemble » de la famille recomposé semble tout aussi précaire. A tout instant, les choses peuvent basculer, et peut-être le pire ne viendra pas de là où on l’attend. Le roman d’Emilie Frèche, assez au court au final, est une sorte d’exploration à double entrée du problème du « Vivre ensemble » dont se gargarise tout le monde depuis des années. D’abord il y a l’histoire de cette famille, vu au travers des yeux de Deborah, qui fait son maximum pour que la famille fonctionne à 4, qui ne parvient pas à faire comprendre au père de Salomon que les choses ne vont pas s’arranger toutes seules, qui prends sur elle, qui demande des efforts à son fils, mais qui a de plus en plus de mal à donner le change. Un élément perturbateur suffit, quand l’affect vient le protéger de tout, pour tout faire exploser. Salomon est un petit garçon qui n’a pas une enfance facile, ses parents se haïssent, il est balloté, il est très intelligent et très malheureux, mais il est aussi complètement ingérable. Personne n’est coupable de cela, c’est ainsi. L’intrigue se cale sur la série d’attentats qui ont ensanglanté la France en 2015-2016, c’est une toile de fond mais c’est bien plus que cela. Cette France qui se réveille en plein cauchemar le 16 novembre 2015, c’est la famille de Pierre et Salomon après leur installation. Les attentats d’enchainent, les crises familiales s’enchainent, et toutes les voies de sortie de crises sont des impasses. La fin est absolument terrible, et on l’a vu venir… Et c’est comme si tous les protagonistes l’avaient vu venir sans jamais pouvoir l’empêcher. C’est un roman qui suscite fortement la réflexion mais qui n’est pas très optimiste. Plutôt bien écrit, agréable à lire, « Vivre ensemble » pose de sacrés bonnes questions sans jamais donner de réponses simples ou agréables à entendre. Plus qu’une réflexion sur les familles recomposé, c’est une sorte de peinture de la France de 2020, avec pas mal de couleurs sombres.
Le soir du 13 novembre 2015, Pierre et Deborah se promenaient en amoureux aux abords du Bataclan quand les premiers coups de feu ont déchiré cette douce nuit parisienne.
Quelques jours plus tard, Deborah a trouvé, sans vraiment le chercher, l'appartement idéal pour qu'ils y emménagent avec leurs fils respectifs dont ils ont la garde alternée.
Si tout se passe bien avec Léo, le fils de Deborah, Salomon est un enfant à la sensibilité exacerbée, à qui rien ne convient et surtout pas le fait de partager son père !
Par ailleurs, autant Deborah et Driss ont des relations apaisées autour de leur fils, autant MdS (alias Mère de Salomon) et Pierre se font la guerre au travers de textos incendiaires bombardés sur Pierre qui les ignore !
Pour pimenter le tout, Pierre part souvent à Calais apporter une aide juridique aux migrants de la "Jungle" ...
Dans ce contexte tant familial que professionnel, la notion du Vivre ensemble trouve toutes ses acceptions et montre toutes les difficultés de mise en oeuvre ... jusqu'à l'irréparable de la dernière page !
Un roman qui "sent le vécu", comme le démontra la polémique qui entoura sa sortie et qui est rappelée par le texte d'avertissement en tête de l'ouvrage.
Un roman qui montre que rien n'est simple dans une séparation, rien n'est facile dans la recomposition et que sans ouverture, rien ne se déroulera paisiblement
Un roman sur la vie d'aujourd'hui, sur les cicatrices, sur la vie qui reprend, et hoquette
Une auteur que je découvre ici mais dont je vais rechercher les autres opus
Vivre ensemble : Cohabitation harmonieuse entre individus ou entre communautés.
« La belle et grande histoire, et bien c’est toujours la même, vois-tu mon amour, c’est toujours d’aller expliquer à des gens qui ne pensent pas comme nous que ce que nous voulons pour eux est bien meilleur que ce qu’eux veulent pour eux même. Comme si pour vivre ensemble nous devions forcément gommer nos différences ou en tout cas accepter que l’on nous change, comme si nous ne pouvions pas avoir de respect envers ceux qui ne pensent pas comme nous. Comme si nous avions besoin pour accepter l’autre qu’il veuille les mêmes choses que nous qu’il pense comme nous. Comme si respect et différence ne pouvait s’envisager ensemble. »
Le vivre ensemble, cette expression un peu fourre-tout pour évoquer la famille, la société, l’école. Le vivre ensemble a le vent en poupe et il en a bien besoin.
Ce récit est un portrait acerbe et sombre de l’impossible recomposition d’un foyer par manque de compréhension, par incompatibilité d’humeur et d’amour. On y trouve beaucoup d’humanité et un profond désespoir. Une crainte de la possibilité que tout dérape, vite et brutalement.
C’est aussi un roman actuel, politique et engagé sur la question des migrants. Sur notre rapport à l’autre, sur l’éducation aussi. Les conséquences et l’importance de l’exemplarité de nos actes à nous parents, dans la bienveillance que l’on met ou pas en œuvre envers autrui. Comment la haine, la rage, l’indifférence et l’humiliation entrainent vers toujours plus de violence d’incompréhension et de rejet.
Qu’as-tu fait de ton frère ? dit Dieu à Cain dans la Genèse car au fond n’est-ce pas la seule responsabilité qui nous incombe dans notre rapport à l’autre, en avoir le souci ?
Vivre ensemble sans que cela ne soit une épreuve, c'est un pari bien difficile à remporter pour les familles recomposées qui traînent bien souvent comme un boulet un passé voire un passif, des ex et les conflits de loyauté des enfants qui vont avec. On a beau la rêver cette nouvelle vie, ce nouveau départ mais la toile à peindre n'est pas vierge comme lors d'un premier amour. Il faut la composer avec les cartes que la vie vous a déjà distribuées et quand l'un des enfants d'une première union déraille complètement et risque de mettre en péril l'équilibre de cette nouvelle famille, les rôles des uns et des autres ne sont vraiment pas enviables. Que pourrait-on reprocher à un père qui protège son enfant et espère avec un peu de lâcheté que les difficultés passeront d'elles-mêmes. Que penser d'une belle-mère prise malgré elle d'un sentiment de rejet envers le fils de son compagnon et qui veut avant tout protéger son propre fils ? Et que ferions-nous à la place de ces deux garçons qui ne sont pas frères et qui ne se connaissent même pas mais qui du jour au lendemain doivent faire semblant ? Vouloir "vivre ensemble" c'est beau sur le papier, c'est plein d'espoir en l'avenir mais c'est surtout un défi de tous les instants et dans certains cas, un rêve malheureusement inatteignable.
J'ai découvert ce roman grâce à la polémique qui a accompagné son lancement (Merci à l'ex madame qui a sans aucun doute boosté les ventes sans le vouloir) et j'ai absolument voulu le lire, intriguée par la façon dont l'auteure traitait de la famille recomposée en s'appuyant sur sa propre histoire. Je ne sais pas ce qui relève ici de la fiction ou de la réalité mais c'est dur, parfois choquant (surtout si l'on imagine que l'enfant conflictuel est vraiment inspiré du beau-fils de l'auteure) mais terriblement humain car dans certaines situations il est impossible de contrôler ses émotions et ses pensées. On peut juste les taire, par honte, ou on peut les partager comme ici en se disant que ça peut être utile à d'autres. Et ça l'est...
Dans Vivre ensemble, Emilie Frèche revisite le mythe d’Abel et Caïn et montre que la fraternité n’est pas quelque chose de naturel, qu’elle doit se construire. Vivre ensemble c’est partager un territoire et son histoire et ce n’est pas toujours facile. Ainsi, à travers une ambiance pesante, faite d’insécurité et de peur, elle construit un texte détonnant, addictif et stressant qui rend la réalité aux mots « vivre ensemble » à travers le champ de l’intime.
Emilie Frèche place dans roman dans un contexte actuel fort avec les attentats parisiens et les réfugiés de Calais, que Pierre gère de toutes ses forces, pourtant incapable de gérer le conflit familial et intime dont il fait pourtant partie, trouvant dans le besoin de sauver les autres une sorte d’échappatoire car incapable de sauver les siens, et lui-même. On se retrouve un peu, beaucoup dans ces personnages, dans leur quotidien, dans leur contexte et leur situation touche, ébranle même s’il s’agit là d’un point de vue tronqué, uniquement portée par le regard de l’adulte.
Il y a là quelque chose du thriller. L’écriture est très tendue et on ne sait pas véritablement s’il s’agit d’un danger véritable, d’une violence réellement présente ou d’une parano en lien avec le traumatisme qu’a vécu Déborah. La famille comme éponge à ce qui se passe dans le monde.
J’ai été captivée par cette tension et par les maux du couple. Je n’ai pas accroché à tous les mots d’Emilie Frèche, pas accepté certaines pensées de sa protagoniste mais compris son désarroi, son impuissance et sa peur. ................................................
https://libre-r-et-associes-stephanieplaisirdelire.blog4ever.com/emilie-freche-vivre-ensemble
Un thriller de cette famille comme tant d autre a du mal à se supportera decouvrir
Vivre ensemble est l'un des premiers romans de la Rentrée littéraire que j'ai lus en juin après avoir eu la chance d'en recevoir un certain nombre en avant-première. Bizarrement, je n'avais encore jamais rien lu d’Émilie Frèche et sa prestation très alléchante lors de la grande réunion de présentation des Éditions Stock m'a convaincue qu'il était peut-être temps de faire connaissance. Il faut dire qu'en général, mais cette année en particulier, j'ai envie de sujets forts et de paroles engagées. Loin des consensus. Ce sont des prises de position risquées, qui ne cherchent pas l'unanimité. Pour moi, ce sont surtout des prises de parole nécessaires pour faire bouger les lignes et donner à réfléchir.
Et franchement, à l'entame du livre, avec ce premier chapitre époustouflant, le sujet fort, on sent qu'on le tient. Ce fameux "vivre ensemble", cette expression que l'on a entendu dans toutes les bouches au lendemain des attentats de 2015, ces deux mots martelés à l'envi dans les colonnes des journaux, ce fameux "vivre ensemble" donc, que nous aurions perdu et dont il faudrait retrouver les codes, voyons déjà ce que cela donne à l'abri des murs d'un appartement familial. Là où Déborah et Léo d'un côté, Pierre et Salomon de l'autre ont décidé de s'installer et de recomposer une famille à partir de pièces rapportées. Certes, cela se fait dans l'urgence de l'émotion née du choc des attentats du 13 novembre. De ces chocs qui vous font dire qu'à force de remettre à demain, on risque de ne jamais. Déborah et Pierre s'aiment, aucune raison de penser que Léo et Salomon, après un temps d'adaptation, deux garçons qui ont à peu près le même âge ne puissent s'habituer l'un à l'autre. Dès les premières pages, on comprend que le pari est de taille face à la violence affichée par Salomon, bien décidé à haïr Léo et Déborah. Rapidement, on perçoit le téléguidage de sa mère, l'ex de Pierre qui semble mettre un point d'honneur à pourrir l'ambiance. Rapports heureusement moins tendus entre Déborah et Driss, le père de Léo mais pas forcément simples non plus. De quoi transformer cet appartement en mini territoire de Gaza, d'autant que les considérations culturelles (toutes les religions ou presque sont ici représentées) ne sont pas absentes.
Emilie Frèche utilise donc la cellule familiale comme point d'observation de la difficulté à mettre en pratique ce fameux "vivre ensemble" dans la société ce qui permet de concrètement mettre en avant tous les points d'achoppement : différences culturelles, antécédents familiaux, principes d'éducation mais également pressions externes au groupe, infiltrations d'éléments toxiques, sans oublier la mauvaise foi, difficile à contrôler. Résultat : une montée inexorable de la violence. Certes, on pourra reprocher une tendance à la caricature pour parvenir à fignoler sa démonstration. Mais encore une fois, si on n'appuie pas le trait, comment bien distinguer le problème ? Personnellement, non seulement cela ne m'a pas gênée mais je l'ai parfaitement admis dans l'état du propos qui est le sien. Avec une question qui reste donc posée : comment vivre ensemble à l'échelle d'un pays, d'un continent ou du globe quand les incompréhensions et les problèmes de territoire peinent à être résolus entre quatre murs ?
Une question pour laquelle la romancière n'avait peut-être pas imaginé une telle mise en abyme avant même la parution de son livre. Loin de moi l'idée de me mêler de la polémique, je n'en connais aucun des protagonistes et me garderai bien d'extrapoler sur les intentions des uns ou des autres ; par contre, assister aux mises à l'index, aux sonneries d’hallali, ou encore aux appels au boycott de la part d'individus qui n'en savent pas plus que moi sur les réseaux sociaux laisse penser qu'on a encore du boulot côté "vivre ensemble". Vivre ensemble est un roman, une fiction à l'objectif bien affiché. Je regrette que cette polémique masque son sujet réel et occulte la discussion qu'il aurait pu déclencher.
Pour ce qui est de mon expérience de lecture, c'est simple, j'ai beaucoup aimé ce roman que j'ai trouvé courageux, provoquant et convaincant.
Un roman dense et touffu qui aborde plusieurs thèmes :celui de la difficulté d'une famille recomposée, celui de la difficulté d'aider son prochain, notamment les migrants, celui de vivre dans notre société.
Le roman nous plonge dans une ambiance pesante, celle de la peur, celle de la violence . C'est l'atmosphère bizarre qui flotte sur Paris et la France depuis les attentats qui est relatée ici.
C'est la vie actuelle avec ses banalités, ses volontés d'avancer malgré tout. 2 adultes et 2 enfants tentent de vivre, au milieu de cette ambiance, au sein d'une société qui a mis en avant le "vivre ensemble" et toutes les situations relatées dans ce texte mettent ce concept à l'œuvre et en montrent les échecs.
Un texte qui comme la vie n'approfondit rien, comme certains le déplorent mais nous plonge dans les méandres de la difficulté d'exister avec les autres.
Un beau roman !
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