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Toul, 1999. À neuf ans, Romy est abusée pour la première fois par France, une voisine.
Son enfance soudain se déchire comme une robe de princesse. Alors que les abus se multiplient, personne ne décèle ce qui a changé dans le regard et dans les gestes de la fillette. La vie continue, avec les visites au grand-père, les fêtes de Noël sur la base militaire, les sorties de classe à Douaumont, les anniversaires... Romy entre en guerre. De neuf à dix-neuf ans, nous la voyons se battre contre le chaos qui grandit, contre l'attachement invivable qu'elle ressent pour France, contre un ordre social dont elle ne comprend pas les règles, contre ce corps féminin qui va devenir son principal ennemi.
La romancière s'attache à peindre, avec un sens exceptionnel de l'observation, un milieu social et géographique que la littérature fréquente rarement : tous les personnages sont des militaires de la base de Toul, des ouvriers de chez Kleber, des zonards du canal, toujours décrits avec une empathie discrète. Implacable, radical, ce premier roman impressionne par la puissance et la précision de son écriture.
Un roman dur sur une enfance brisée.
C'est l'histoire de Romy, une fillette de 9 ans abusée pendant une année par une voisine, France, à qui ses parents la confie lorsqu'ils ne sont pas à la maison. On suit la descente aux enfers de Romy de 9 ans à 19 ans dans un environnement glauque : le Toul de 1999, avec sa base militaire, son usine Kleber, son Cora, son Mac Do, son canal; tout transpire l'ennui, la tristesse. Romy ne peut trouver aucune écoute ni auprès de sa mère qui souffre de la maladie de Crohn qui l'amène régulièrement à l'hôpital, ni auprès de son père, militaire souvent en opérations ou saoul la plupart du temps quand il est présent.
Romy va progressivement s'auto-détruire, essayer de détruire ce corps qui la répugne dans une sorte de guerre contre elle-même; le titre des 3 parties sont d'ailleurs à cet égard évocatrices : le chemin des dames, 14-18, gueule cassée. Elle se dégoûte car elle a éprouvé du plaisir, une sorte d'amour pour France qu'elle n'arrive pas à oublier alors que celle-ci a quitté Toul pour suivre son mari muté, la laissant détruite à jamais.
La pédophilie féminine est un thème très peu traité dans la littérature à ma connaissance; sujet tabou qui s'attaque à l'image de la femme, de la mère sensée représenter une figure protectrice, de confiance dont on ne se méfie pas; d'ailleurs lorsque la mère de Romy commence à entrevoir la vérité suite à l'entretien avec un psychiatre, elle pense au mari de France et pas à France elle-même.
C'est cru, violent, glaçant, à la limite du supportable et j'ai du, à plusieurs reprises, interrompre ma lecture pour reprendre mon souffle, respirer de l'air frais pour échapper à l'oppression du roman, à la souffrance intolérable de Romy. Ce texte nous noue les tripes, nous donne envie de hurler ou de vomir mais il fallait aller jusqu'au bout.
La plume de Joffrine Donnadieu est précise, chirurgicale et nous entaille le cœur au scalpel. Au milieu de cette abomination, quelques rares perles de bonheur comme les relations de Romy avec son grand-père paternel.
Ce roman , tout dérangeant qu'il soit ou justement parce qu'il est dérangeant mérite d'être lu car la pédophilie féminine existe et ce livre a le mérite de le hurler.
Selon l'auteure, trois guerres se jouent dans ce roman.
Une mère luttant contre la maladie.
Un père militaire allant au combat.
Une fillette se débattant contre France, une femme pédophile.
Crescendo dans l'horreur...
Une guerre sans merci, une lutte acharnée d'une enfant survivante.
******
Romy, 9 ans est abusée par France, une voisine.
La mère de Romy est malade et suite à son hospitalisation, France se chargera de garder la fillette.
Romy subira des violences sexuelles de cette femme, pédophile.
Deux époques:
L'année où l'enfant est victime de ces abus et sous l'emprise de son bourreau.
Les dix années suivantes, la plongeant dans l'autodestruction.
Une mère fragile, un père absent, Romy est seule à se défendre et à se débattre de la folie des adultes.
Une histoire qui prend forcément aux tripes, qui bouleverse, qui dérange, qui dégoûte...
La lecture est particulièrement difficile, les scènes crues, violentes, abjectes, rien ne sera épargné au lecteur.
C'est toujours la même question qui revient dans ce genre de texte ? Est-ce nécessaire de décrire tant de violence et d'horreur ?
Ce que je peux en dire, c'est que l'auteure arrive d'une façon très juste et explicite, à montrer toute l'évolution DESTRUCTRICE d'une victime ayant subie des abus sexuels.
C'est sur ce point que je souhaite appuyer la pertinence d'un tel récit.
Elle cible parfaitement bien, l'escalade de la violence que Romy s'infligera : anorexie/boulimie, tentatives de suicide, scarification allant jusqu'à la prostitution.
Malgré la rage de Romy, elle ne parviendra pas à SE RELEVER !
Le traumatisme est immense...
Evidemment, c'est un premier roman que je ne conseillerai pas à tous les lecteurs de lire.
Cependant, je pense que c'est une manière d'entendre la voix de ces enfants abusés et de leur donner la parole.
C'est aussi accepter et prendre conscience que les pédophiles ne sont pas uniquement des hommes.
Que cela existe....Des femmes sont capables du pire.
Je ne regrette pas d'avoir lu ce livre, pour les raisons que j'explique au-dessus.
Toutefois, ce sera une lecture mitigée, due à une scène de viol atroce lue à la fin de l'histoire.
Elle est pour moi, de trop et franchement inutile. Pourquoi plonger encore plus dans l’abominable ?!
Mais je "salue" le courage de Joffrine Donnadieu d'écrire sur un thème aussi délicat, ardu et tabou.
Pour finir, je vous conseille VIVEMENT d'écouter cette vidéo - L'auteure parle de son roman d'une manière très intéressante.
https://www.youtube.com/watch?v=1kfkuYnd9Ec
https://leslecturesdeclaudia.blogspot.com/2019/10/une-histoire-de-france.html
Implacable et dérangeant. Que se passe-t-il quand le démon a le visage de l’ange ? On sombre. Un clown peut tuer, une mère peut commettre un infanticide, un individu à l’apparence inoffensive peut blesser à mort. Dans le livre de Joffrine Donnadieu, l’improbable s’appelle France et personne ne la suspecte. Et pour cause. C’est une femme, une amie, une mère de remplacement. On ne se méfie pas des figures maternelles. On a tort, ce sont des monstres redoutables parce que la société les place au-dessus de tous soupçons et qu’elle refuse de leur attribuer le visage du mal. Comment s’en méfier ? Romy n’y prend garde. Plus son père s’éloigne et plus sa mère est malade, plus elle se rapproche de cette France, incarnation totale et fascinante de la perversité. Le bourreau féminin manipule l’âme autant que le corps à un âge où la traduction physique des sentiments s’avère hors de contrôle, où la frontière entre l’éveil de la sensualité et la sexualité prématurée est indicible, où l’enfant ne sait pas donner un sens aux gestes qu’on lui prodigue. Dans cette Meurthe-et-Moselle qui étouffe, qui confit, qui macère dans son ennui, les psychopathes s’épanouissent, les victimes sont à portée de main. Ce livre est une réussite en ce qu’il montre avec force, réalisme et subtilité comment un acte pédophile détruit la vie d’un être humain. Pour prendre une analogie informatique, les agressions de France agissent comme un virus dans l’esprit de la petite Romy. Elles détraquent son système, en détruisent tous les repères, en infectent l’innocence. Pour quels résultats ? Prostituée, criminelle, pédophile à son tour, Vous le saurez en lisant ce premier roman très abouti.
Bilan :
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