"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quand elle apprend la mort de son père, Yumiko, jeune graphiste londonienne, doit partir au Japon pour assister à la traditionnelle cérémonie des obsèques. Le voyage au pays de ses origines, jusque dans la ville où elle est née et a grandi, se révèle une succession d'émotions contradictoires et bouleversantes. Qui est-elle devenue loin de chez elle ?
Une lecture graphique sur le déracinement et l'importance que l'on accorde aux choses et aux êtres. Yumiko expatriée à Londres depuis des années, retourne au Japon suite au décès de son père. Ce voyage lui permettra de faire la paix et le deuil avec son passé et sa situation.
On retrouve toute l'atmosphère des récits japonais avec une certaine lenteur et la notion de vivre l'instant présent.
Récit initiatique, loin de ses proches, loin de son pays si empreint de traditions, Yumiko ne prend pas le temps de s'interroger sur ses choix tellement accaparée par son métier, sa vie de tous les instants. La mort de son père, son retour au pays vont lui obliger à refaire un voyage sur elle même, de se poser la question d'avoir fait le bon choix. Un flot de contradiction, un flot de questionnement face à sa vie et ses compromis, d'un coté son père qui est resté attaché aux traditions, de l'autre coté sa mère qui pour mieux s'épanouir a quitté une vie toute tracé faisant abstraction de sa propre famille. Les songes de Yumiko sont là pour la culpabiliser, a-t-elle bien pesé le pour et le contre? Est elle bien en accord avec sa propre vie ? Ici dans son pays la nostalgie, l'éloignement de ses amis ont la force du doute. Un magnifique roman graphique tout en finesse, tout en couleur, un récit qui nous laisse la liberté de la réponse.
Publié en 2014 chez Gallimard dans la collection Bayou, " Un thé pour Yumiko " de Fumio Obata est un roman graphique d'une grande sensibilité.
Jeune graphiste londonienne, Yumiko aime cette vie mouvementée.
p. 8 : "Mon excitation d'être entourée par ces vies multiples, des vies aux racines et aux cultures différentes des miennes."
Mais son intégration à la culture occidentale n'a pas été sans difficulté. Il lui aura fallu du temps et de la ténacité avant d'y trouver sa place.
Un jour, en se promenant dans les rues de Londres, Mark - son fiancé - lui fait remarquer sa gêne perceptible chaque fois qu'elle croise des compatriotes. Mais pourquoi ce sentiment de honte envers son pays d'origine alors qu'elle se sent chez elle ici désormais?
Le destin va la contraindre à revenir pourtant...
p. 19 : " C'était mon frère qui appelait du Japon... pour m'annoncer que papa venait de mourir dans un accident. "
Détachée tout au long de la cérémonie traditionnelle des funérailles, elle va devoir faire face à ses démons, ou plutôt à une apparition...
p. 94 : " Les émotions, les sentiments qui s'étaient perdus en moi rejaillissent à présent, lentement, dans un cri. Ils retrouvent enfin leur voix. "
En pleine introspection, Yumiko va devoir apprivoiser ses émotions pour en comprendre l'ambiguïté.
p. 115 : " Il faut savoir faire les bons choix. Parce que la vie a une durée limitée. Nous changeons tout le temps. De même que nos ambitions, nos désirs et nos objectifs. L'important c'est de trouver quelque chose d'immuable en soi. "
Un roman graphique riche d'enseignements. Les textes sont courts et concis mais l'essentiel y est exprimé. On y découvre tout un monde de traditions nippones, que la jeune génération tente de fuir. Une jeunesse justement en questionnement sur le désir d'émancipation, les traditions, la famille et la perte. Particulièrement contemporain, ce tiraillement entre la douleur du déracinement et la quête d'identité, ne peut provoquer chez le lecteur qu'un vif intérêt. La délicatesse du trait associée à l'utilisation de l'aquarelle rendent avec justesse la pudeur propre à cette culture.
Yumiko, jeune femme d'origine japonaise est graphiste à Londres depuis..... oh, elle ne compte plus les années et montre le visage d'une femme parfaitement intégrée, heureuse dans son travail et en amour. Elle semble malgré tout nostalgique à l'évocation de son pays natal. Un coup de fil inattendu lui apprend la mort brutale de son père. Yumiko va retourner "chez elle" pour les obsèques de son père et ce triste séjour sera pour elle l'occasion d'une introspection et d'une réflexion forte sur les origines, la famille et le deuil. Au fil des pages, elle va revenir sur son passé, sur le souvenir de son père, sur sa jeunesse, mais elle vivra également le présent de manière intense, presqu'en quête de son identité, de ses racines. Ce voyage sera également pour Yumiko l'occasion de revoir sa mère, femme libre, divorcée et intellectuelle qui, quelque part, permettra à Yumiko d'être confortée dans ses choix de vie...
Voici une jolie histoire touchante sur l'identité, la famille et la perte d'un proche. Cette histoire a résonné en moi car, comme Yumiko, je vis loin de mes racines et de mes proches (bien moins loin qu'elle certes, mais loin quand même), et j'ai perdu mon Papa sans avoir pu lui dire au-revoir, sans avoir pu lui parler une dernière fois... J'y pense souvent, et, même si je suis heureuse ici, je suis très souvent nostalgique d'être loin des miens et de ma terre bretonne, c'est comme une petite épine dans le coeur, un manque récurrent... On dit que les vrais bretons ont de l'eau salée qui coule dans leurs veines, eh bien l'eau de mes veines remonte de temps en temps vers mes yeux...
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