"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un homme se rend sur la tombe de son père un an après sa disparition pour y tenir un discours devant une assemblée de proches...
Le neuvième roman de Laurent Seksik, le premier où il ose le je, embrasse une vie d'amour filial. Ce voyage entre présent et passé entremêle l'épopée prodigieuse d'un grand- oncle dans le siècle, le parcours initiatique du garçon obéissant qui réalisa le rêve de son père d'avoir un fils écrivain et le tragique de la perte de l'être cher.
D'une rare puissance émotionnelle, Un fils obéissant déploie toute la splendeur et les vicissitudes des liens familiaux, qu'ils nous entravent ou nous transcendent.
Un Fils obéissant - Laurent Seksik
Amour filial
Après le très bon roman « de Franz Kafka ne veut pas mourir », « le cas Edouard Einstein », j’ai souhaité revenir sur une précédente sortie littéraire et je n’ai pas été déçu.
L’émulation entre un père et son fils est ici un récit poignant.
Le père souhaitait que son fils soit écrivain, la mère, médecin !
Laurent Seksik est médecin et écrivain !
Dans ce récit, il intercale des chapitres « le livre de mon père » où il retrace la vie conter par son père sur sa propre vie, celle de son grand-père, et le dialogue avec une passagère à bord d’un avion lorsqu’il doit se rendre au chevet de son père avant qu’il ne meure. L’échange avec cette passagère, loin de s’apitoyer sur son sort, va aussi lui conter sa vie et reviendra sur les difficultés qu’il a eues pour devenir écrivain et ses déboires avec les maisons d’édition.
Avec beaucoup d’émotion et de sincérité, Laurent Seksik développe l’enfant sage et respectueux qu’il a été avec son père.
Un coup de cœur !
Tel que l’exige la religion juive, alors que son père est décédé depuis un an, Laurent Seksik se rend sur sa tombe à Jérusalem pour honorer sa mémoire. Un an à réciter le kaddish chaque jour, puis se rassembler pour honorer le défunt et dire quelques mots à son attention, entouré de tous ceux qui pensent à lui, pour enfin le laisser partir…
Alors qu’il est en chemin, il échange avec sa voisine d’avion, installée sur le siège à côté de lui. Banale et courtoise tout d’abord, cette conversation, pas forcément voulue au départ, va rapidement devenir l’occasion pour l’auteur de se remémorer les instants de joie, de bonheur, les étapes d’une vie au contact de ce père à la présence magnétique.
Si le rêve de ce père n’est pas tu seras un homme mon fils, mais bien tu seras écrivain, ce père qui l’a encouragé dès ses premières rédactions d’enfant, il lui faudra bien assouvir aussi le rêve d’une mère, tu seras médecin mon fils… Aujourd’hui, après avoir exercé comme médecin pendant des années, après avoir écrit en parallèle plus d’une dizaine d’ouvrages, l’auteur a réalisé ces deux rêves.
Après avoir découvert et apprécié Romain Gary s’en va-t-en guerre, j’avais très envie de lire le dernier roman de cet auteur de talent au parcours atypique. Bien m’en a pris… Ce roman est un long discours intérieur, même s’il s’agit d’un échange, d’un long cheminement vers l’enfance, la relation entre le père modèle et le fils parfait, vers l’histoire de ses ancêtres, en particulier d’un certain Victor, figure emblématique de la cellule familiale, c’est également une projection vers l’avenir, où la présence du père est à la fois protectrice et émulatrice, bienveillante et critique.
Cette longue conversation à huis-clos est aussi l’opportunité de se remémorer les étapes de la maladie, la souffrance que cela entraîne, le courage face à une fin inéluctable. D’évoquer le rôle difficile du médecin confronté à un père malade, le dernier patient que l’on doit avoir envie de consulter sans doute, à qui il est difficile de dire la vérité – car est-on justement capable de l’appréhender soi-même cette vérité ? – malgré la confiance aveugle qu’il vous fait… Le moment d’affronter la mort d’un proche, la souffrance que cela engendre, qui vous fait grandir d’une certaine façon, même si pas un seul d’entre nous n’a envie de vivre cette situation. Sans parler de comprendre et d’accepter le chagrin, la tristesse de ceux qui restent…
chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/09/26/un-fils-obeissant-laurent-seksik/
J'ai eu un peu de mal à choisir entre 3 ou 4 étoiles car c'est une lecture de bonne qualité avec plusieurs narrations : celle du présent, celle un an auparavant le présent, celle de l'enfance de Laurent Seksik et sa relation avec son père, Lucien et enfin celle racontée par Lucien à propos de son propre père, Albert, et de son grand-oncle Victor, à la guerre 1914-1918.
Le thème du deuil est très présent avec la douloureuse perte d'un être cher, un fils qui ne veut pas voir son père partir, qui parfois semble nier la réalité malgré ses études de médecine. C'est aussi un récit sur un choix, une vocation et pas forcément celle que l'on croit entre le médecin et l'écrivain.
En reposant le livre, j'ai eu l'impression de passer un bon moment de lecture mais il m'a manqué un brin de quelque chose pour être complètement happé. Sans doute parce que j'ai lu déjà des livres sur ce thème dont un qui me vient à l'esprit et qui m'a un peu plus transporté (Manifesto de Leonor de Recondo).
Je conseille toutefois ce livre touchant.
J’ai découvert l’écrivain Laurent SEKSIK avec « les derniers jours de Stefan Zweig », l’un de mes auteurs préférés. Connaissant assez bien la vie et l’œuvre de ce dernier, j’avais été attirée par ce roman sans doute écrit par un de ses admirateurs. En refermant le livre, j’ai voulu en savoir encore davantage parce que je l’aimais encore plus. Laurent SEKSIK n’avait rien trahi de la sensibilité et de la mélancolie de Zweig. A la parution de « le cas Edouard Einstein », je n’ai pas attendu bien longtemps pour le lire et rester sur mon avis précédent : Laurent SEKSIK savait décrire et écrire les sentiments, transmettre les émotions, se glisser dans la peau de ses personnages.
Ces deux livres ayant été mis en scène au théâtre, je suis allée retrouver Zweig et Einstein et je les ai bien reconnus !
Puis, n’a-t-il pas écrit sur cet autre célèbre et talentueux écrivain placé à la plus belle place de ma bibliothèque, façonné par l’amour puissant de Nina, la mère de Romain Gary héroïne de « la promesse de l’aube » ?
Mais, parler des autres est peut-être plus facile que parler de soi, ai-je pensé à la sortie de « un fils obéissant » !
Le bandeau de couverture invite le futur lecteur à découvrir « le roman d’un amour sans fin », ce qui ne présage pas trop d’un livre original. Ne pas prendre de tels raccourcis…
Il s’agit d’une histoire d’amour filiale comme celles que Dumas fils aurait qualifié « d’écrasante », mais qui, malgré le quasi enfermement de personnalité qu’elle provoquait, ne fut pas dévastatrice.
Un an après le décès de son père, Laurent, l’auteur narrateur retourne sur la tombe pour y tenir un discours selon la tradition juive. Durant son voyage en avion, il raconte à sa voisine sa trajectoire de vie, largement influencée par celle, ambitieuse, d’un grand-oncle et «la carrière de fils idéal » que lui traçait dans un amour sans failles, ses parents.
L’amour qu’ils lui portaient illuminait la famille qui explosait de joie lorsque, sur les notes jazzy du piano, il exerçait sa carrière de « fils de bar à domicile » et que ses parents « virevoltaient avec joie et légèreté, transportés de joie en cadence, retrouvant l’air de leur vingt ans, ils dansaient au rythme de leur jeunesse »…
Ainsi, tout au long du livre, l’auteur se souvient, raconte, revit, avec tristesse et mélancolie, avec humour aussi, semble se libérer par bribe de ce fardeau d’amour parental.
Et je comprends pourquoi il était aussi précis dans la description des sentiments de ceux qui l’ont inspiré dans ses précédents romans, ces sentiments ne lui étaient pas étrangers.
Lecteurs sensibles au sujet des liens familiaux, ne passez pas à côté des émotions d’ « un fils obéissant » ! Et si la médecine a perdu un des leurs, la culture a gagné un écrivain talentueux !
Dans l'avion qui l'emmène à Tel Aviv où il doit prononcer un discours en hommage à son père mort un an auparavant , Laurent Seksik s'entretient avec la jeune femme assise à côté de lui, flattée d'être placée à côté d'un auteur connu et curieuse de son parcours .
Il lui explique la raison de son voyage et de fil en aiguille, évoque pour elle son père, son enfance particulièrement heureuse, son parcours professionnel de médecin et d'écrivain et en réponse aux questions sur les ouvrages qu'il a déjà publiés, il lui livre des considérations sur sa condition d'écrivain .
Laurent Seksik, qui avait assis sa notoriété par des ouvrages de caractère biographique sur Zweig, Einstein ou Gary et s'était effacé derrière ces figures marquantes du siècle dernier, livre ici un roman très personnel. Si « dans la famille Gary, le fils renie son père, dans la famille Einstein, le père renonce au fils. », le fils, ici, manifeste au père tendresse, admiration et reconnaissance « je reviens vers le giron autour duquel j'ai toujours aimé graviter ».
Ainsi que l'annonce le titre, Seksik apparaît comme un fils obéissant, doublement obéissant même, puisqu'il a endossé et réalisé à la fois le rêve de son père : devenir écrivain et celui de sa mère : devenir médecin .
C'est donc ses parents et plus particulièrement son père qui constituent le centre, le pivot de ce récit en forme d'hommage.
Il trace le portrait touchant d'un homme haut en couleurs, qui aimait et savait séduire, un homme de verbe, d'une « faconde hors pair », spécialiste des éloges funèbres, un conteur pour qui chaque événement de la vie avait une histoire et avait l'art de captiver son auditoire.
Le fils, qui, à 10 ans, avait été hospitalisé une semaine se souvient 40 ans plus tard de l'histoire dont son père à chaque visite distillait un nouvel épisode, celle de l'oncle Victor, « Comme elle est belle, ton histoire, Papa » s'exclamait alors l'enfant pris sous le charme de l'odyssée de l'oncle, inventeur d'une boisson gazeuse et miraculeuse destinée à rivaliser avec le Coca Cola . « Chaque jour mon père vint me conter l'histoire de son oncle comme un oiseau donne la becquée à l'oisillon. Il s'appliquait à raconter, avec fougue et concentration, successivement jovial et triste, devenant tour à tour tous les personnages." Se déroule alors une sorte de feuilleton initiatique destiné à distraire l'enfant, mais aussi à lui faire connaître l'histoire de la famille et à lui en transmettre les valeurs .
Tout au long de son récit Laurent Seksik nous fait partager cette légende familiale, par épisodes successifs, imprimés en italique portant le titre Le roman de mon père. Ils viennent s'intercaler entre le récit des épisodes marquants de son enfance et sa jeunesse, de ses débuts d'écrivain et de ses études médicales, épisodes tantôt tendres, tantôt plus cocasses, qu'il croise avec des séquences très émouvantes sur la maladie de son père et ses derniers moments.
Seksik retrouve le regard candide et admiratif qu'il jetait, enfant, sur cet homme porteur d'une douce et tendre puissance, phare qui éclairait son destin, illuminait son quotidien, qu'il n'a jamais cessé d'aimer, d'admirer.
Un portrait idéalisé ? Peut-être, mais n'est-ce pas la caractéristique de tout récit d'hommage ? Seksik revendique d'ailleurs ce droit « le seul privilège de l'écrivain est qu'il peut sublimer son enfance ou la tailler en pièces » déclare -t-il . Il confie aussi que la rédaction de son ouvrage lui a permis de prolonger sa présence « nous retrouver côte à côte une dernière fois, le temps de l'écriture. Signe qu'un an après sa disparition je n'ai toujours pas fait son deuil : je préfère imaginer mon père vivant entre des pages, plutôt que sous la terre comme au ciel. »
Cet ultime kaddish pour un père défunt tout en délicatesse et émotion contenue, est porté par le charme discret d'une écriture souple et raffinée, d'une élégance classique .
Un « fils obéissant » raconte en toute délicatesse le chemin d’un fils, l’auteur, dans le travail du deuil de son père Lucien, qui a tant marqué sa vie.
Le deuil touche à l’intime et est très personnel. Ecrire sur cette thématique n’est pas aisé, car il y a toujours le risque de basculer dans le pathos. Dans cette autofiction, rien de tel. C’est avec beaucoup d’émotion et d’empathie que le lecteur accompagne l’auteur dans son processus de deuil.
Par son écriture fluide et pleine de tendresse, l’auteur nous parle de son père, de leurs relations, au travers de souvenirs et d’anecdotes qui expliquent l’homme qu’il est devenu aujourd’hui. Entre passé et présent, Laurent Seksik se raconte, et rend hommage à son père ainsi qu’à l’histoire de sa famille, avec beaucoup d’amour et d’humilité. C’est beau et touchant.
Mais en même temps, on peut ressentir une certaine gêne face à une personnalité aussi imposante que celle de Lucien envers son fils… Un fils si obéissant envers ses parents qu’il est devenu à la fois médecin et écrivain… L’enfant parfait qui ne déçoit pas… ou qui n’a pas pensé ou osé décevoir, par respect et devoir de fidélité envers l’histoire familiale. On est tenté de saluer une telle réussite professionnelle, un tel amour filial proche de la perfection envers ses parents. Mais cette trajectoire dessinée par les parents aurait-elle été la même si l’auteur avait pu laisser exprimer son essence profonde dès son plus jeune âge?
Dans la tradition juive, quand un père meurt, son fils doit le pleurer pendant un an complet, en récitant chaque jour le Kaddich. Au terme de cette année de deuil, le fils se rend sur la tombe de son père pour y dire quelques mots. C’est ce voyage que nous raconte ici Laurent Seksik, son voyage à lui vers Israël pour cette dernière visite rituelle à son défunt père. Ces quelques heures d’avion sont l’occasion de revenir sur les moments partagés ensemble, les joies et les tristesses, sur les légendes familiales racontées pendant l’enfance, mais c’est aussi l’occasion d’échanger avec une inconnue sur les liens familiaux, sur la vocation d’auteur, sur la perception de la vie.
Quel plaisir de retrouver la plume de Laurent Seksik ! Découvert grâce au Cas Eduard Einstein, c’est un auteur que j’apprécie énormément, pour l’intelligence de ses romans très bien documentés, pour son style imagé et recherché mais aussi pour la proximité qu’il arrive à créer avec son lecteur. Ici, plus qu’une proximité, il créée une intimité, il laisse le lecteur entrer dans sa vie personnelle, entrevoir ses relations avec ses parents, apprécier le parcours atypique de ce médecin devenu écrivain à plein temps. Pour la première fois, Laurent Seksik se livre, il se dévoile petit à petit, agrémentant sa propre histoire de celles qui l’ont traversée : l’histoire de son père, ce « Marcello Mastroianni séfarade » attachant et attaché, mais aussi l’histoire de son grand-oncle, Victor, aventurier s’il en est et ancien soldat de la Grande Guerre. Plusieurs vies s’entremêlent ici, des membres de la famille, des inconnus rencontrés au hasard, des fragments de l’Histoire du monde.
Quel bel hommage que celui-ci ! On sent que l’auteur ne veut pas laisser son père lui échapper tout à fait, il veut continuer à honorer sa mémoire tous les jours, il veut continuer à le garder auprès de lui. Quel meilleur moyen pour le faire que de lui dédier un livre, à lui qui a été si fier de la réussite littéraire de son fils? Cet amour filial incommensurable nous émeut, raconté si délicatement, avec tant de sincérité. Mes yeux se sont plusieurs fois embués, tant certains passages étaient chargés d’émotion. Mais j’ai ri aussi de l’humour de ce père, à la fois juste et fou, un père formidable. Ce livre n’a pas dû être facile à écrire pour Laurent Seksik, mais c’est définitivement un de ses plus réussis, par son unicité et par la force de cette autobiographie qui n’en est pas une.
Dans ses précédents romans , Laurent Seksik a souvent évoqué le rapport au père. C’est un sujet qu’il semble affectionner et à la lecture de ce neuvième roman on comprend mieux.
Dans ce roman, en effet, il évoque le sien un an après sa disparition.
Le père qu’évoque Laurent Seksik entretient avec son fils des rapports affectueux et de confiance. Il a toujours encouragé son fils souhaitant en faire un écrivain alors que sa mère le voulait médecin.
En fils obéissant, Laurent Seksik est devenu médecin et écrivain.
Bel hommage d’un fils à son père, ce roman est à la fois très émouvant et très pudique.
C'est un beau moment de vérité, lumineux et qui résonne encore après avoir fermé le livre.
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Merci beaucoup..je vais le lire de toute urgence..quelle belle idée tu as eue de le commenter pile là maintenant où je commence à saturer et à moins lire..
a bientôt!