"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Livre réalisé par Amélie Lucas-Gary et Julien Carreyn. Un réalisateur demande à une écrivain un petit texte pour son prochain film, ce texte serait comme le sous-titre d'un film qui n'existe pas encore.
Trois crimes est donc un sous-titre. Donc, une écriture assujettie. Le dialogue de ce qui n'est pas encore.
Le film à venir est absent ou déjà disparu. Le sous-titre devenu poème trouve naturellement son objet : orchestrer la disparition, comme motif ou passe-temps avant l'arrivée des images.
Il faut donc pas moins de Trois crimes, trois disparitions sanglantes, trois façons de faire mourir, avec violence et sans fard, sans filtre posé sur des photos trop lisses, Trois crimes de femmes par des femmes (c'est rare), c'est tragique, c'est grec, balte, peut-être celte, c'est avant la naissance (ou la création).
Amélie Lucas-Gary pose une écriture d'avant la naissance, des corps mêlés dans la lutte et plongés dans le chaos d'où sortira quelque chose comme de la création.
Trois crimes, trois textes qui se touchent du bout des doigts subrepticement. Rare chance éditoriale pour nous lecteurs assoiffés de renom, d’originalité et de courage éditorial. S’éloigner des sentiers battus, lire « Trois crimes » c’est s’émanciper et faire acte de reconnaissance littéraire. Ici, vous avez tout. Un artiste photographe : Julien Carreyn, une auteure certifiée : Amélie Lucas-Garry. Un livre à ciel ouvert « Trois crimes ». Ne doutez pas. Le texte est l’intrinsèque littéraire, réaliste, olympien, la gravité pudique et les faits. Des photographies où le regard glisse vers le fond de l’image comme une invitation messagère. La gestuelle féminine qui explose, action une. Les crimes sont des séquences, arrêt sur image.
« L’une s’assoit sur un strapontin face au mur
C’est sombre et velours
L’autre restée debout derrière
Regarde la nuque de la première
En pensant à un bouquet
Des anémones
On est en hiver. »
L’impression fulgurante d’être en plongée dans un film au ralenti. Tueuse, tuée, les cheveux emmêlés, on ne sait où s’arrime la mort. Les femmes semblent floutées par nos interdits, notre sidération. Les marqueurs des contre-plongées, photographies écartelées par l’apothéose textuelle. L’écriture si aérienne foudroie les passants qui regardent le profond d’une trame résurgence. « Trois crimes » est une visite en abîme dans une juxtaposition. Passage d’une photo à une autre, on ressent les mouvements en constante alerte prêts à affronter les conséquences. « Trois crimes »,
« Les deux femmes se regardent à nouveau
Aucun homme pas d’argent
Ni l’envie ni la jalousie
C’est grec
Balte
Peut-être celte. »
Manichéenne, sublime si sublime comme dirait Duras, clair-obscur, l’écriture devient séquence. Les femmes siamoises, tuer l’autre, elle ou moi, moi et elle. Confondues dans des scènes perfectionnistes, retour en arrière, « Trois crimes » exécute une lecture sans finitude. Ici c’est à l’instar :
« Méduse lasse
Ailleurs en rêve
Elle sait bien où va l’histoire
Elle ne proteste pas.
« Elles disparaissent de l’écran. »
« Trois crimes » est un corpus intense, brillant. Relisez cet écrin plusieurs fois, c’est comme une litanie, la vie, avant la crainte de l’irrévocable. Il est mouvement infini. La mort n’est pas. Ce texte est immanence. Publié par les majeures Éditions Van-Loo.
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