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Le gardien d´une grotte raconte sa vie extravagante, reclus sur une colline où tout afflue, converge, recommence. L´audacieux misanthrope s´affranchit du siècle : les lois de la famille, de l'Histoire, de la vraisemblance comme de la ressemblance sont peu à peu abolies.
Dans Grotte, l´ombre d´un idéalisme excitant et salvateur se profile.
La liberté conquise par le narrateur fait écho à celle de l´auteur : Amélie Lucas-Gary se permet beaucoup et livre un roman excessif et singulier.
Un premier roman décalé, mi-sérieux-mi-ironique. Enfin, plutôt une suite de petits chapitres mettant en scène la grotte et le gardien, comme de petites nouvelles avec unité de lieu et de narrateur. Celui-ci traverse les époques, tel un immortel, abreuvé à une source de jouvence, il accueille donc énormément de gens différents. Amélie Lucas-Gary s'inspire de faits réels, on ne peut évidemment que penser à Lascaux et ses fac-similés, mais pas seulement. Il y a la visite de la Première dame, avec son Président de mari (souvenez-vous de la visite de l'ancien président à Lascaux en 2010), le mouvement des Irrités, Philippe Bouvard, ... Ces faits ou personnages réels sont une base à partir de laquelle l'auteure construit une histoire irréelle parfois saugrenue. Bref, une galerie folle et éclectique.
Au fur et à mesure que j'avançais dans ma lecture, je me disais que c'était bien sympathique mais finalement assez vain, et puis, petit à petit, le manque de profondeur ressenti (le comble pour une grotte !) s'estompe et laisse place à des réflexions plus intéressantes sur sa place dans la société, la manière de vivre, la liberté. La grotte est omniprésente, tour à tour lieu de vie, de mort, d'éternelle jeunesse et d'amour (qui m'a immédiatement fait penser à Monde profond d'Eric Pessan)
Un roman loufoque, drôle, absurde qui se lit très agréablement servi par une langue travaillée et fluide : "Elle [la maison du gardien] était grosse, bien trop énorme pour une seule personne, elle ressemblait cependant à une cabane, conçue dans l'urgence puis rafistolée, boursouflée comme un blockhaus en doudoune, trop habillé en été. Ni l'harmonie ni l'équilibre n'avaient présidé à sa conception ; c'était sûrement ce qui lui donnait ce cachet exotique. Elle impressionnait comme une excroissance, sans que l'on sût de quel corps elle aurait été la triste protubérance." (p.125/126) Une langue qui fait aisément naître des images, la preuve cette maison, sans description technique, on la visualise assez bien.
Bref, un bon roman dans la lignée de ce que présente Christophe Lucquin, bien écrit avec un gros zeste de folie douce, la légèreté en plus. Un premier roman à découvrir livré dans sa robe blanche au point bleu, qui ici, vous l'avez sûrement remarqué, se creuse comme une grotte.
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