Ce Traité du combat moderne déborde largement le cadre de l'essai cinématographique traditionnel. Jordi Vidal y montre comment l'oeuvre de Kubrick, ce perfectionniste maniaque et mélancolique, éclaire d'un jour crépusculaire toute l'histoire du 20e siècle. S'il relit pas à pas la filmographie de Kubrick, c'est toujours pour l'intégrer à une analyse critique plus vaste de la modernité : mensonge et guerre sociale avec Barry Lyndon, éloge de la résistance et méditation sur la barbarie avec Les Sentiers de la gloire, pensée magique avec Shining, etc. C'est que Vidal positionne définitivement Kubrick
contre son époque et ses stratégies de manipulation tout en montrant comment le cinéaste use lui-même d'une certaine forme de manipulation pour séduire le spectateur afin de l'attirer par des films à l'apparence romanesque vers une oeuvre expérimentale d'une rare complexité (notamment avec
Eyes wide shut). En manipulant à son tour l'oeuvre kubrickienne Vidal réalise une sorte d'autoportrait en creux. Il s'appuie sur les philosophes et les écrivains des siècles passés (Bruno, Vico, Sterne), pour appréhender les problèmes les plus contemporains : pouvoir de la télévision, simulacre et
réalité, etc. À la lumière de l'oeuvre de Kubrick, Jordi Vidal, dans cet essai à la fois rigoureux, digressif et polémique, éclaire le monde dans lequel nous vivons et nous invite à découvrir dans ses films des instruments de lutte.
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