"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après des années passées loin de sa famille, Alice s'interroge : où sa vie la mène-t-elle ? Elle s'installe pour quelques jours chez Margaux, sa soeur, de douze ans son aînée, qui tient un petit restaurant dans la campagne bourguignonne.
Margaux est douée pour le bonheur. Elle sait s'entourer de bons compagnons de route. Son appétit de vivre l'aide à surmonter ses propres difficultés.
Grâce à elle, Alice découvre que les saveurs permettent d'accéder à l'invisible. De la bouche à l'imaginaire, par la magie des recettes cuisinées par Margaux, les ancêtres oubliés resurgissent. Ce séjour aidera-t-il Alice à donner un sens à sa vie et à s'imaginer un avenir ?
Il y a des livres qui arrivent au bon moment, celui-ci en fait partie. Étant dans une période assez stressante, j’avais besoin d’une lecture détente afin de faire une pause avec le quotidien, mais pas forcément avec la réalité. Et c’est exactement ce que j’ai trouvé dans ce roman que je ne pensais pas autant aimer.
Alice, presque trentenaire, en mission à New-York pour son travail rentre en France où sa sœur Margaux, son aînée de douze ans, a besoin d’elle. Un prétexte permettant à la jeune femme de fuir une situation qui remet en cause son éthique professionnelle ainsi que sa vie amoureuse, son supérieur étant également son petit ami. Les deux sœurs ne sauraient être plus différentes : Alice semble fragile, peu sûre d’elle et toujours en quête de l’approbation et/ou de la protection de quelqu’un, même si c’est de manière inconsciente. Margaux est son opposée, c’est une boule de vie et d’énergie qui croque la vie à pleines dents même quand celle-ci lui joue un méchant tour. À cet égard, si l’autrice aborde le thème du handicap, j’ai trouvé qu’elle le faisait avec justesse, ne niant pas les ajustements que cela demande à Margaux, mais ne tombant pas dans certaines postures validistes faisant du handicap la fin de tout.
J’ai succombé à la personnalité tout en rondeur et bonne humeur de Margaux qui tranche avec celle plus réservée de sa cadette dont elle a toujours pris soin, jouant autant le rôle de modèle après la mort prématurée de leurs parents que de sœur… Plus prudente, Alice se révèle touchante dans ses interrogations quant à la direction à donner à sa vie, et les décisions à prendre pour mettre fin à ces choses qui l’empêchent d’être heureuse et de prendre son envol. Pour ce faire, elle pourra compter sur le soutien de sa grande sœur, sur ses bons petits plats, et surtout sur des recettes de famille qui vont régaler les deux sœurs en plus de leur offrir une belle occasion de remonter le temps.
Avec un talent de conteuse indéniable, Margaux raconte les histoires derrière les différentes recettes disséminées dans le roman, permettant au passé de s’éveiller et à l’arbre généalogique des deux sœurs de se dévoiler, du moins en partie, à nous. Au fil des pages, nous découvrons ainsi des personnalités fortes qui ont vécu des choses difficiles, des amours contrariés, de terribles revers de fortune, le deuil, l’antisémitisme, des tempêtes… Des personnalités qui ont néanmoins toutes réussi à reprendre les rênes de leur vie, s’accommodant de l’adversité sans jamais tomber dans la fatalité. Impossible de vous dire laquelle de ces figures du passé m’a le plus touchée ! Elles m’ont toutes beaucoup émue et impressionnée, la force de caractère semblant lier plus fort que n’importe quel lien du sang les membres de cette famille.
Venise, Naples, la Bretagne, Marseille et même l’Islande… Le voyage dans le passé sera mouvementé, les escales finement amorcées et détaillées, Magali Discours nous entrainant avec une force certaine dans des histoires incroyables que l’on a bien du mal à quitter. Des histoires qui inspireront Alice et qui amorceront chez elle un changement, la jeune femme réalisant petit à petit les dangers de l’immobilisme dans lequel elle a trop tendance à se plaire et se complaire. Et s’il suffisait de l’amour d’une sœur, des oreilles d’Haman de Yannah, de la cotriade de Yann, du limoncello de Teresa, et du pain sans pétrin de Martin pour permettre à Alice de capturer un peu de l’audace et de l’esprit d’aventure de ses ancêtres ?
Avec ce roman, l’autrice a pris une direction que je n’avais pas anticipée, mais qui m’a plu, beaucoup plus même. Alors j’ai peut-être regretté un certain déséquilibre entre le présent et le passé, le premier apparaissant presque fade au regard du second, mais les deux s’accordent à la perfection ! J’ai d’ailleurs adoré la subtilité et l’habilité avec lesquelles l’autrice utilise le passé de ses ancêtres pour améliorer le présent d’Alice. J’aurais seulement apprécié quelques pages de plus afin de continuer à côtoyer Alice et Margaux, deux sœurs très différentes l’une de l’autre, mais auxquelles on s’attache immédiatement et irrémédiablement. Cela tient peut-être de l’écriture tout en délicatesse de l’autrice qui permet de saisir aussi bien ce qui est dit par la cuisine que par les mots. Et puis, je reconnais avoir été sensible à la présence, entre ces pages, de personnes ayant réellement existé dont un célèbre peintre à l’esprit torturé… J’espère d’ailleurs qu’Alice retrouvera un jour son tableau !
En conclusion, Toutes les histoires commencent par une petite faim était le roman dont j’avais besoin en ce moment sans même le savoir. Grâce à un jeu subtil sur les saveurs qui, telle une madeleine de Proust, éveille la mémoire, Magali Discours nous raconte l’histoire d’Alice et de sa sœur, mais aussi celle de certain(e)s de leurs ancêtres. Une alternance passé/présent qui rendra vie aux disparus afin de permettre aux vivants d’avancer et à une jeune femme d’enfin se (re)trouver. Porté par une belle relation entre deux sœurs séparées par le poids des années, mais réunies par les caprices du destin, un roman doux, tendre, gourmand et lumineux qui fait du bien et qui rappelle l’importance de connaître ses racines pour tracer son propre chemin.
Ce roman est le petit dernier de la collection Instants Suspendus aux éditions de l’Archipel. Si vous me suivez régulièrement, vous savez à quel point j’apprécie cette collection de romans qui m’apportent à chaque fois des moments d’émotions intenses. De plus, je connais déjà Magali Discours pour avoir lu son précédent et premier roman Quand les hasards sont des rendez-vous, que j’avais beaucoup aimé. J’avais donc hâte de retrouver cette autrice.
Dans un premier temps, j’ai craqué pour le titre et la couverture, je les ai trouvés très inspirants et poétiques, comme d’ailleurs tout ceux de cette collection.
Ce roman, c’est l’histoire de deux sœurs, Alice et Margaux. Alice retourne chez Margaux après avoir vécu une déconvenue à New-York. Elles sont toutes deux restauratrices, mais dans deux mondes différents, Margaux dans le monde culinaire et Alice dans celui de l’art. Alice va mal, suite à sa rupture avec un homme qui l’a bernée. Elle trouve donc refuge chez sa grande sœur qui a toujours été un modèle pour elle et un refuge. Margaux est une femme épanouie, qui aime ce qu’elle fait, malgré sa maladie. Elle trouve dans la préparation des plats un réconfort. Elle puise dans les recettes familiales et transmet ainsi son histoire. C’est avec ces recettes et l’histoire de leurs aïeux que Margaux va aider Alice à y voir plus clair dans sa vie. De Venise à Marseille, en passant par la Bretagne, on va suivre l’histoire des aïeux des deux sœurs, et ce, sur plusieurs générations puisqu’on remonte jusqu’au 16ème siècle.
Les deux sœurs sont tout de suite attachantes. On rentre très vite dans le vif du sujet et on les suit avec intérêt. Ces deux jeunes femmes s’adorent et s’entraident. Alice puise dans Margaux la force dont elle a besoin. J’ai été surprise par la construction de ce roman, et je me rends compte, en l’ayant fini, que les deux sœurs sont surtout là pour porter l’histoire de leurs ancêtres qui ont une vie très riche. Ces passages dans le passé sont nombreux et longs. Ce qui m’a fait parfois perdre le fil de ce qui se passe au présent. Par contre, j’ai beaucoup aimé ces retours dans le passé, ils sont denses, fournis, bien travaillés. À mon avis, plus que le présent. J’aurais peut-être aimé un peu plus de densité justement dans le présent des deux sœurs. Mais c’est juste un avis personnel.
J’ai beaucoup aimé suivre les différentes histoires de Yannah, Yann, Teresa, Nino et Martin. Au fur et à mesure qu’on les découvre, on comprend mieux les caractères des sœurs Margaux et Alice, leur héritage est très fort. Ce qu’ils ont vécu suit les évènements de l’Histoire avec un grand H, cela donne un côté encore plus réaliste. Et surtout les épreuves que ces personnes traversent, montrent à leurs descendantes qu’il est toujours possible de s’en sortir, se relever et continuer d'avancer. Mon seul hic pour moi, est que cela fait au total entre le passé et le présent, beaucoup de personnages. Je me perdais parfois, ne me souvenant plus de qu’elle branche faisait partie tel ou tel ancêtre. Du coup, je devais parfois revenir en arrière pour me rappeler qui était qui. Vers la fin du livre, il y a un arbre généalogique, et c’est lorsque je l’ai vu que j’ai pu tout comprendre dans sa globalité. Peut-être aurait-il mieux valu le placer en début de livre, afin de mieux se repérer dans le temps et dans les personnes. Mais, évidemment, cela reste un avis personnel.
Bien sûr, tout ceci est porté par la plume sensible et poétique de Magali Discours. J’ai aimé la retrouver, elle ne m’avait pas déçue dans son premier roman, et ce second confirme son style fluide, efficace. Elle décrit très bien les sentiments, les ambiances. Les petits plats que mitonne Margaux sont détaillés, j’ai eu la sensation de les sentir et eu envie de les déguster. D’ailleurs, l’autrice a eu l’originalité de recopier certaines recettes qui ponctuent le récit. Il y en a certaines que j’aimerais bien tester..
Le choix narratif de l’autrice est celui auquel je suis la plus sensible, puisque tout est raconté à la première personne du singulier. J’aime beaucoup l’emploi de ce « je », qui ici représente Alice. Il me permet de rentrer dans la peau et la tête du personnage, d’être au plus près de lui et de ressentir chacune de ses émotions. Et elles sont nombreuses.
Magali Discours fait passer de très beaux messages et valeurs au travers de ses personnages et des faits. La famille a une place toute particulière, la présente comme celle du passé, avec toute la transmission que nous pouvons recevoir, le poids parfois qu’elle représente, et les solutions qu’elle peut amener dans nos vies. Il ne faut jamais oublier d’où on vient. L’autrice raconte des faits parfois tristes sans jamais en faire de trop dans le larmoyant, elle est arrivée à doser pour que l’on ressente de l’empathie mais qu’on ne tombe pas tout de suite dans l’extrêmement triste. J’ai vraiment beaucoup apprécié cela.
J’ai passé un bon moment avec ce nouveau roman de Magali Discours. Même si j’aurais aimé que les parties au présent soient un peu plus approfondies et détaillées, ma lecture a été agréable, les pages se tournaient toutes seules. L’alternance de chapitres au présent et au passé accompagnés de pages de recettes ajoute du rythme à la lecture, et les pages se tournent encore plus vite. L’autrice a su mêler le récit historique à du feel-good, j’ai trouvé cette construction originale, déroutante parfois, mais elle apporte un plus à l’histoire globale. Je n’ai pas parlé des lieux, pourtant on navigue entre la Bourgogne et la Bretagne, en Islande, ou encore à Venise, ou à Marseille. À chaque fois, l’autrice dépeint très bien le contexte, les endroits, amenant beaucoup de réalisme et une ambiance particulière. J’aime voyager avec les romans, et ce fut le cas ici aussi.
Je suis contente d’avoir lu ce second roman de Magali Discours. Il me conforte dans mon idée de la suivre et de ne pas louper sa prochaine sortie. Si vous ne la connaissez pas, je ne peux que vous la conseiller. Je suis encore marquée par les personnages de son premier. Le titre de ce second livre prend tout son sens avec l’histoire de Margaux et Alice, cette histoire commence par une petite faim, celle de lire et de se régaler des mots de l’autrice. Et j’ai très envie d’essayer de faire la recette des oreilles d’Haman ou celle du limoncello. Ce genre de roman est vraiment intéressant car on apprend plein de choses et on se régale rien qu’à lire les recettes. Donc si vous avez envie de passer un bon moment, n’hésitez pas à lire ce livre.
Alice et Margaux sont sœurs et 12 ans les séparent. Alice est experte en peinture et rentre des Etats-Unis où l’homme qu’elle aime et qui est aussi son mentor, l’a trahi de plusieurs façons. Elle ne sait plus ce que va pouvoir être son avenir et va retrouver sa sœur ainée qui est beaucoup plus douée pour le bonheur, malgré les problèmes de santé qui ont surgi ! Le petit restaurant de Margaux va l’aider à se retrouver.
Devenues orphelines quand Alice était petite, elle a donc peu de connaissance de ses racines familiales et Margaux va l’emmener sur la trace de ses ancêtres avec des recettes anciennes qui se sont transmises dans la famille.
Un voyage dans le temps avec les mélanges de cultures qui ont façonné les sœurs. Surprenant façon de raconter l’histoire d’une famille et des recettes héritages : quatre époques et quatre personnages qui sont rendus fascinants et très réels par la plume poétique et précise de Magali Discours !
L’histoire contemporaine des deux sœurs est le liant de ce livre, le pont jeté entre des personnages que tout séparait et dont il aurait été difficile de faire comprendre la proximité sans paraître décousu.
Malgré les difficultés inhérentes à la vie, cette lecture fut un voyage plaisant et gourmand !
#NetGalleyFrance #Toutesleshistoirescommencentparunepetitefaim
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