Simon, mon Simon, Quel âge auras-tu lorsque tu trouveras cette enveloppe et liras ces quelques mots ? Sans doute, seras-tu un homme déjà. Pourtant je suis sûre que tu auras commencé par faire tourner la toupie. Parce que tu as retrouvé la toupie de ta soeur. Pour payer la maison de retraite de son grand-père, Simon se résout à vendre la maison familiale. Alors qu'il fait l'inventaire des meubles et des objets à garder ou à vendre, les souvenirs ressurgissent, et dans leur sillage la toupie de sa soeur Alice, disparue enfant. Quand s'estompent les contours entre le passé et le futur, entre la vie et la mort, il est temps d'affronter les ombres et les silences de l'enfance. Malgré la peur, malgré les doutes, Simon remonte le fil de l'histoire familiale. Accompagné de son grand-père qu'il voit vieillir à contrecoeur et de Natacha qui fait battre son coeur, réussira-t-il à garder l'équilibre ? Un roman qui interroge les frontières du visible-invisible, et bouscule en douceur nos certitudes.
Je remercie Gladys Couturier pour l'envoi de son roman " Toupie(s) " publié aux éditions Librinova en cette fin d'année 2019.
Alors que sa petite amie Natacha a décidé de prendre ses distances pour faire le point, Simon doit se résoudre à vendre la maison familiale pour payer la maison de retraite de son grand-père. Pour cela, il doit auparavant faire du tri. Les souvenirs ressurgissent...
p. 18 : " Une toupie et ce plumier, c'est tout ce que mon grand-père m'a fabriqué, lui qui était menuisier. "
Mais lorsqu'il découvre au fond du tiroir de la table de chevet de sa défunte grand-mère, la toupie de sa sœur Alice, le monde vacille et Simon se voit revivre des événements douloureux. Le corps de Simon subit ce choc émotionnel, et ne parvient plus à mener de front son métier de journaliste radio. Heureusement, il peut toujours compter sur Emilie, sa collègue devenue amie et soutien précieux.
p. 39 : " - Voilà ce que je crois : tu penses que tu es condamné à voir partir les femmes que tu aimes ; tu crois inconsciemment ou non, qu'être abandonné est en quelque sorte ton destin. Mais là où tu te trompes Simon, c'est que ni ta grand-mère, ni ta mère, ni ta sœur ne t'ont abandonné. "
Bien que Simon rende visite très régulièrement à son grand-père, le poids des secrets est trop lourd pour ouvrir les vannes des confidences, trop longtemps condamnées au silence.
p. 72 : " Que dirait-il si un soir je lui disais que j'avais retrouvé la toupie, que je savais qu'il avait voulu la détruire, qu'hier j'aurais pu lui en vouloir et aujourd'hui l'en remercier ? Que dirait-il si je lui disais que malgré le temps passé, l'enfance envolée et la raison acceptée, le doute ressuscite tel un uppercut à la figure de la certitude ? "
Simon ressent au plus profond de lui-même le besoin de revenir sur les traces de sa famille, quitte à affronter les ombres d'un passé lourd de non-dits et de secrets. Mais il pourra compter sur l'aide inattendue d'une personne chère.
Ce roman est une très belle découverte ! Je pensais partir dans une lecture type " feel-good " mais c'était bien plus que cela... Je me suis attachée au personnage de Simon et me suis prise à sa quête. La construction narrative est efficace, rythmée et le déroulement de l'intrigue bien menée. D'une écriture à la fois sensible et maîtrisée, Gladys Couturier explore le délicat sujet des secrets de famille. Une lecture agréable donc autour d'un sujet qui, je pense, concerne toutes les familles à plus ou moins grande échelle, mais qui témoigne de l'ampleur que peut prendre certains non-dits. Quand les adultes prétendent protéger les enfants en occultant volontairement la vérité, ne se protègent-ils pas eux-mêmes finalement ? Inconsciemment prisonnier de ce secret, le personnage principal ne peut alors aspirer à la sérénité. Un mal-être dont il ne peut trouver la source qu'en se livrant lui-même à une investigation. Ce passage ci-dessous est à méditer...
p. 153 : " Ne reste pas là. Ce n'est pas ton histoire. Ce n'est pas ton chemin. Tout ceci n'est qu'un caillou dans ta chaussure. Maintenant que tu as vu le caillou, que tu sais où il se trouve, fais halte. Assieds-toi et enlève le caillou de ta chaussure. Oui, il a creusé ton pied d'un petit trou. Oui, tu garderas la marque du caillou sur ton corps. Mais seul le caillou t'empêche d'avancer ; l'empreinte du caillou, elle, peut au contraire te faire avancer. Caresse du doigt le souvenir du caillou, vois d'où tu viens, sens comme tes pas sont plus légers, cherche le souffle en toi et reprends le chemin. Toi seul peux choisir où te mène ton histoire. Ne reste pas là. Simon, assieds-toi, enlève le caillou de ta chaussure. Ne reste pas là. Simon, relève-toi, ton grand-père a marché trop longtemps avec ce caillou dans sa chaussure. "
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