Tocqueville est un auteur canonique du libéralisme, canonisation fréquemment consacrée par une accentuation unilatérale de sa défense de la liberté individuelle. Mais cette défense chez Tocqueville est constamment pensée en interrogeant ses conditions de possibilité. Ce livre propose une réflexion sur les préceptes normatifs offerts par la pensée politique tocquevillienne pour penser une société libre. D'abord en restituant l'espace intertextuel qui existe entre Tocqueville et Guizot pour retracer l'environnement intellectuel qui a présidé à l'élaboration de La Démocratie. Davantage, la posture théorétique de Guizot rend particulièrement saillante l'interrogation tocquevillienne sur les conditions de possibilité de la liberté, conditions qui apparaissent indissociables d'une culture civique où la participation politique est une dimension essentielle. Il se découvre alors chez Tocqueville la priorité d'une pratique continue de la liberté politique qui contribue à la formation des moeurs libres. Ces habitudes collectives organisent une culture civique particulière, moeurs indispensables au maintien des sociétés libres. Nous identifierons donc Tocqueville à un libéralisme des moeurs.
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