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Dans le premier chapitre du Capital, Marx caractérise l'économie vulgaire en ces termes?: elle «?se contente des apparences [...] et se borne à élever pédantesquement en système et à proclamer comme vérités éternelles les illusions dont le bourgeois aime à peupler son monde à lui, le meilleur des mondes possibles?». Et ce tout simplement parce qu'elle ne parvient pas ou renonce même à «?pénétrer l'ensemble réel et intime des rapports de production dans la société bourgeoise?».
Or, de même qu'il existe ainsi une apologie vulgaire du capitalisme, il en existe une critique non moins illusoire. Même ignorance radicale des rapports capitalistes de production, même fascination exercée par leurs apparences fétichistes (la marchandise, l'argent, la comptabilité nationale et ses instruments statistiques, etc.), même volonté d'en rendre compte en termes de pseudo-lois transhistoriques, même enfermement dans le cadre d'une idéologie sacralisant la propriété privée, la liberté d'entreprendre et l'égalité réduite à sa dimension juridique, qui limite du même coup ses propositions de réforme à des mesures de redistribution des revenus et de la propriété.
C'est à démontrer que Thomas Piketty en reste au niveau de cette critique illusoire que cet ouvrage s'emploie, tout en développant en contrepoint les éléments d'une critique radicale.
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