Ce premier roman est un véritable tour de force !
Un matin de septembre 1890, un géomètre belge, mandaté par son Roi pour démanteler l'Afrique, quitte Léopoldville vers le Nord. Avec l'autorité des étoiles et quelques instruments savants, Pierre Claes a pour mission de matérialiser, à même les terres sauvages, le tracé exact de ce que l'Europe nomme alors le « progrès ». À bord du Fleur de Bruges, glissant sur le fleuve Congo, l'accompagnent des travailleurs bantous et Xi Xiao, un maître tatoueur chinois, bourreau spécialisé dans l'art de la découpe humaine. Celui-ci décèle l'avenir en toute chose : Xi Xiao sait quelle oeuvre d'abomination est la colonisation, et il sait qu'il aimera le géomètre d'amour. Ténèbre est l'histoire d'une mutilation.
Kawczak présente un incroyable roman d'aventure traversé d'érotisme, un opéra de désir et de douleur tout empreint de réalisme magique, qui du Nord de l'Europe au coeur de l'Afrique coule comme une larme de sang sur la face de l'Histoire.
Ce premier roman est un véritable tour de force !
Très déçu.
Parce que je m'attendais à autre chose.
J'espérais une vision un tant soit peu historico-géographique du tracé de ces abominables frontières qui aujourd'hui encore ensanglantent l'Afrique. Au lieu de ça, c'est au frontière de la nature humaine qu'on se retrouve et dans ses fanges que l'on se plonge avec, en ce qui me concerne, très peu de plaisir.
Il y a de beaux passages et une très belle plume, mais le fond me dérange sans m'apporter quoique ce soit.
J'ai vu dans une autre critique, une référence à Coup de torchon (que j'adore), c'est bien vu mais en version glauque.
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J'ai apprécié le volet historique du récit, qui rappelle la violence de la colonisation européenne en Afrique, cette découpe géométrique du continent en pays que les puissances européennes se partagent équitablement pour se répartir les richesses qu'ils contiennent, faisant fi des populations et de l'histoire de ces régions. J'ai aimé découvrir cette histoire au plus près des gens, des européens envoyés dans un pays et des cultures qu'ils ignorent totalement, sous des climats pour lesquels ils ne sont pas adaptés et des géographies qui leurs font perdre la santé et la raison.
J'ai apprécié aussi le récit de l'aventure vécue par Pierre Claes en cette fin du XIXème siècle. l'inadaptation des européens sortant de leurs salons bourgeois pour s'enfoncer dans la jungle inhospitalière qui côtoie le fleuve Congo.
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Mais je me suis bien vite ennuyée de cette aventure qui plonge dans une violence insoutenable et confuse. J'ai perdu le fil avec l'apparition de cet univers cauchemardesque qui superpose au découpage d'un pays le découpage des corps. Dans une relation charnelle et quasi surnaturelle, Pierre Claes s'attache à un jeune homme originaire de Chine, Xi-Xiao, tatoueur-découpeur de son état. Autrement dit bourreau. Plus le jeune Pierre Claes trace les lignes des frontières du Congo belge et découpe l'Afrique, plus Xi-Xiao trace de lignes sur les corps de ses amants et les découpe tout en les maintenant le plus longtemps en vie. Une séance de torture ? Que néni, le luxe suprême en matière de plaisir ! Mourir sous le scalpel de son amant. Mais cette description de l'horreur, de la souffrance, de la maladie, du désir et de la violence… l'auteur nous la fait ressentir jusqu'à l'écœurement.
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**En synthèse, ce récit était pour moi trop violent et trop nébuleux, écœurant au-délà du supportable, j'ai assez vite perdu le fil et ai eu du mal à comprendre le sens de tant d'horreur. Dommage parce que le côté historique et récit d'aventure ne me déplaisait pas.**
https://itzamna-librairie.blogspot.com/2020/12/tenebre-paul-kawczak.html
M. Paul Kawczak nous conte dans son récit la ténébreuse aventure de Pierre Claes, géomètre belge envoyé par le roi Leopold II à la fin de l’en 1890 matérialiser la frontière qui assurera une réalité physique au découpage de l’Afrique réalisé par les Européens lors de la conférence de Berlin de 1885.
Mais comme l’annonce le préambule le livre sera moins celui des victimes de la colonisation et des exactions commises par les pseudo-aventuriers, que celui « d’un suicide blanc dans un monde sans Christ ». Abandonné par son père adoptif, Claes va se perdre dans les ténèbres africaines pour le retrouver, sous les traits d’un autre damné : le médecin Vanderdorpe qui s’est réfugié au Congo après la mort de son amour, après la perte de ses illusions. Comme le héros, lui aussi cherche la mort et son fils. Cette mort, elle rôde, partout, frappant plus le pauvre porteur bantou que le blanc, mais elle se matérialisera en un personnage étrange, ce chinois communiquant par signe, Xi Xiao, tatoueur et surtout bourreau divinatoire, maître du lingchi, le fameux supplice des « huit couteaux », des « cent morceaux » ou « la mort des mille coupures ». Ici, la torture deviendra érotique, un acte d’amour qui rachètera l’horreur pratiquée par les colonisateurs, ou du moins rendra Claes moins coupable et plus digne de mourir, même s’il n’est qu’un pion dans le jeu terrible dans laquelle l’Europe se perdra, en oubliant son âme, sacrifié aux faux-semblants d’un progrès fantasmé, sur l’autel d’un capitalisme déjà devenu fou. Même le rêve d’Harmonie, utopie d’un pasteur écossais et de sa femme, basé sur l’orgasme social et universel, devra s’incliner face au tragique de la réalité, et le lieu de ce rêve avorté sera celui du final du roman.
L’auteur a du talent, une langue assurée et poétique, et une solide culture littéraire. Sans doute certains allusions m’ont échappé, mais je n’ai pas manqué celle à Balzac et à ses Illusions perdues, avec la famille Séchard et les Cointet, les voleurs de procédé. Bref, en plus de son style, l’auteur a des lettres. D’ailleurs il prend plaisir à citer Une ténébreuse affaire, à faire intervenir Baudelaire et Verlaine, ou encore Victor Hugo. Et le lecteur prend plaisir à rechercher les traces ou les signes de ces allusions, pour les interpréter comme le ferait Xi Xia dans une de ses séances d’art divinatoire. Comme ce même lecteur ne manquera pas de chercher à décrypter les symboles glissés çà et là, tous dominés par celui du serpent qui orne la couverture du roman et se glisse dans ses pages.
Au final un très beau récit, à l’ambiance poisseuse et trouble, qui m’a fait penser à William Burroughs dans Les cités de la nuit écarlate, où se mélangent les potences, l’opium, les garçons perdus et Libertalia, l’utopie des pirates. Je suivrai cet auteur, et vous conseille cette lecture hallucinante et hallucinée sur le suicide de l’Europe colonisatrice.
En 1890, le jeune géomètre Pierre Claes, originaire de Bruges, est envoyé par son pays aux confins du Congo belge, afin d’y matérialiser la frontière négociée entre états colonialistes lors de la Conférence de Berlin cinq ans plus tôt. Sa périlleuse expédition va lui faire croiser la route de son propre père, disparu il y a bien longtemps en abandonnant femme et enfant, et aussi d’un étrange petit Chinois, Xi Xiao, tatoueur-découpeur de son métier.
La première partie du roman, bien que parfois bizarre, s’avère très accessible et plutôt prometteuse, alors que le lecteur pense se retrouver plongé dans un récit d’aventure historique pointant le racisme colonialiste en Afrique. L’histoire du très éprouvant voyage de Claes, où les Blancs tombent comme des mouches sous les assauts des fièvres et de la malaria, côtoie celle des pérégrinations de son père, nous faisant croiser aussi bien les explorateurs Stanley et Pierre Savorgnan de Brazza, qu’un Baudelaire mourant et un Verlaine aux prises avec l’alcool.
Mais voilà que tout se met à dérailler au mitan du livre, dans ce qui devient un délire onirique et surréaliste où se mêlent jusqu’à l’obsession plaisir, sexe, torture et folie, en un cocktail sauvage et morbide à vous flanquer la nausée. Au fur et à mesure qu’ils s’enfoncent en Afrique Noire, les colons européens sombrent au plus profond de leurs propres ténèbres intérieures. L’écoeurement et l’ennui ne m’ont alors plus quittée, dans une lecture que j’ai eu grand peine à mener à son terme.
Je n’ai pas du tout été réceptive à cette histoire, certes indéniablement maîtrisée quant à sa construction et à son écriture, mais si absurde et cauchemardesque qu’il m’a semblé y étouffer jusqu’au malaise, dans une pénible et immonde descente aux enfers aussi terrifiante que la peinture de Jérôme Bosch.
HALLUCINANT! J'ai terminé ce livre il y a 10 jours et je n'arrivais pas à trouver les mots justes pour en parler. Il faut dire que ce premier roman de Paul Kawczak est un véritable OLNI, difficile à raconter sans risquer de dévoiler trop de choses et gâcher l'envoûtement du lecteur ! Car on rentre dans ce livre comme un explorateur dans une nature sauvage et hostile où certaines rencontres ne sont pas bonnes à faire...
1890, Pierre Claes, géomètre belge, est mandaté par le roi Léopold II pour matérialiser les frontières de l'Afrique équatoriale colonisée. À bord du "Fleur de Bruges", il remonte le fleuve Congo vers le nord accompagné de travailleurs bantous et de Xi Xiao, un maître tatoueur chinois et bourreau spécialisé dans l'art de la découpe humaine...
Voilà pour le décor ! Pour le reste, il faudra avoir la curiosité de partir à la découverte de ce livre dingue, exubérant, intelligent, diaboliquement bien construit et à l'écriture aussi langoureuse que les rives d'un fleuve. Un roman d'aventures qui mêle récit historique et fable, empreint de douleur(s) et d'amour(s), de réalisme et de lyrisme. Si vous aimez être bousculé, surpris, poussé hors des sentiers battus et que vous n'êtes pas une âme sensible, monter à bord du "Fleur de Bruges" pour une aventure littéraire dont vous vous souviendrez longtemps ! Coup de cœur !
Si vous avez adoré le désespoir et l’ironie de films comme « La victoire en chantant » de Jean-Jacques Annaud ou « Coup de Torchon » de Bertrand Tavernier, alors ce livre est pour vous. Si vous ne vous êtes jamais remis de « Au cœur des ténèbres » (tiens, proximité des titres) de Joseph Conrad, alors ce livre est encore plus pour vous.
Pierre Claes est un géomètre belge à qui le roi Léopold, de triste mémoire, a donné l’ordre d’aller découper les frontières africaines. Il en sortira lui-même découpé. Dans un style bien ciselé, parfois proche de la truculence, Paul Kawczak place le colon blanc devant ses responsabilités historiques. Ce passage, au début du livre, résume à merveille l’esprit du roman : « Toute une civilisation bourgeoise, mâle et malade, étouffée de production, exsangue d’action, faisandée de rêves en chaque crâne, se dépensa avec érotisme et violence dans un fantasme de terre femelle et primitive, de Nouvelle Ève noire à violer dans la nuit blanche (…) ». Crimes et débauche ont jalonné l’indigne conquêtes des blancs du Congo. Pierre Claes ne leur ressemble pas. Il comprend que l’Afrique l’anéantira corps et âme. Avec des scènes hallucinées (p118), des pages où Éros se dispute avec Thanatos (p151) et des descriptions extraordinaires où les paysages du douanier Rousseau perdent brutalement leur naïveté (p199), l’auteur nous fait basculer dans une folie violente et sensuelle. Je suis sortie de ce roman enchantée, groggy, avec l’impression d’avoir voyagé très loin. N’est-ce pas ce qu’on demande au roman ? De vous conduire vers d’autres mondes ?
Bilan :
Quelle claque ! Paul Kawczak (ne me demandez pas comment se prononce son nom) frappe très fort avec ce sublime roman d'aventure. C'est sûrement l'une de mes meilleures lectures de ces dernières années et ce livre va rejoindre de ce pas mon top 10 de mes lectures préférées.
Ce premier roman de l'auteur nous invite à suivre Pierre Claes, un géomètre belge, qui va être envoyé en mission par son Roi à la fin du XIXème siècle. Sa tâche va consister à matérialiser le découpage d'une partie de l'Afrique suite à la conférence de Berlin. Cette conférence a débouché sur le partage sans vergogne de l'Afrique entre plusieurs grandes puissances européennes. Les européens étant avides des ressources du territoire, Léopold II, le Roi de Belgique, accuse certains pays d'empiéter sur son territoire. Le Roi des belges souhaite alors une délimitation claire du territoire, ce qui n'est pas évident sur les zones où l'on ne retrouve pas de cours d'eau.
Notre géomètre va ainsi se retrouver au cœur de l'Afrique et va rencontrer sur son chemin Xi Xiao un ancien bourreau chinois expert dans une méthode de découpe des corps humains, appelée aussi "lingchi". Les deux hommes vont être comme aimantés et une relation passionnelle va s'établir entre eux. Cette relation sera au cœur du récit.
Toutefois cela ne s'arrête pas là, car autour de cette passion, l'auteur va tisser habilement une toile avec de multiples ramifications. Ainsi, c'est aussi une histoire familiale qui va être mise en avant par de multiples bonds dans le passé. Ces sauts dans le temps apportent des éclairages essentiels au récit et sont aussi l'occasion de croiser d'illustres personnages de cette époque. Dans le passé ou bien dans le présent, ce sont de multiples protagonistes qui vont prendre vie devant le lecteur parfois de façon éphémère et parfois pour une plus grande partie du récit.
Pierre Claes va bien évidemment croiser les populations locales qui subissent de plein fouet le colonialisme européen, les violences, l'esclavagisme...Il va voir le pire mais aussi le meilleur des êtres humains. Il va également croiser la nature, parfois hostile, où encore la maladie.
Ce récit est servi par une plume incroyable, magnifique, parfois extrêmement violente, parfois incroyablement poétique et sensible. L'équilibre entre les différentes composantes du récit et le contexte historique est parfait. C'est clairement un roman qui marque. Le lecteur encaisse, au fur et à mesure des péripéties, jusqu'à ce final qui semblait inéluctable.
Vous l'avez compris, c'est un roman que je recommande absolument. Il est impossible de lâcher ce livre une fois le nez dedans. Un très grand roman d'aventure, et déjà un très grand auteur puisque c'est un premier roman. Cette plume est à suivre de très près après ce tour de force !
Attention chef-d’œuvre ! Culte, sur le piédestal de la littérature, ce futur grand classique est voué au renom. « Ténèbre » de Paul Kawczak est une chance, un miracle, une certitude de grandeur. Lire et choisir son degré. Recommencer une deuxième lecture et choisir cette voie qui retient le palpitant, ce message déployé, macrocosme d’un monde où le fantastique, l’ésotérique imprègnent les lignes d’une maturité hors norme. L’incipit lance les dés « Ce n’était ni Mason, ni Dixon, mais c’était tout de même un géomètre. La conférence de Berlin avait découpé l’Afrique en une parodie de la justice du roi Salomon, au goût de la férocité moderne. » Nous sommes en plongée dans l’Ere du colonialisme. Mais attention, ce récit n’est pas dans une contemporanéité révélée. Plutôt dans cet espace-temps où le symbole est le marqueur de la trame. Cette formidable intuition de saisir l’intériorité, les nuances floutées qui échappent à la normalité. Ce livre, certes, relate des faits. Mais les conséquences enchaînent les folies, les fantasmes, les douleurs métaphoriques et les tortures ployées sous des gestes fantomatiques. L’impression fulgurante d’être au cœur « Des histoires extraordinaires, d’Edgar Poe » transposées dans un réalisme hors norme. Dans cette partie du monde où la littérature devient le socle et le fondement des choses. C’est cela la puissance de « Ténèbre » cette capacité d’écrire sur l’Histoire des hommes, et de sublimer le pouvoir de l’amour et des actes qui osent s’affranchir de la haine en réagissant d’une manière quasi ténébreuse et épurée. « Ténèbre » autorise les expressions, toutes. Dans ce fantastique qui tord le cou au conventionnel. Dans une langue bercée, au plus grand hommage du verbe roi à l’instar de « Ulysse de Joyce ». L’osmose des genres est la relève octroyée au devoir de mémoire. Dont le seul maître est l’auteur lui-même du début à la fin de « Ténèbre » Plus qu’une réussite, ce « Ténèbre » est emblématique. Il se devait de naître. Il fallait attendre le jour, l’heure, le moment. C’est tout de suite. L’alchimie est une divinité. L’étrange, un passage obligé. Le colonialisme est fantasmagorique. C’est un récit initiatique. Un hommage à l’amour. C’est une histoire qui emporte tout sur son passage. Et quel souffle ! Apprendre les pages 182,183 par cœur. Ne rien dire d’autre. Seulement lisez le, offrez le. C’est Le livre à garder en mémoire. Publié par les majeures Editions La Peuplade.
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