"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Derrière chaque catastrophe se cache un drame humain.
Comment réagirions-nous si, du jour au lendemain, nous étions obligés de laisser derrière nous tout ce que nous possédons ?
Ce livre raconte les tribulations d'une famille au lendemain de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Comme de nombreux autres, ces gens furent contraints de quitter leur foyer, persuadés qu'ils seraient de retour au bout de quelques jours. Mais il était déjà trop tard. Un ennemi invisible s'était approprié durablement toutes leurs possessions, leurs maisons, leurs terres.
Un quart de siècle s'est écoulé depuis le 26 avril 1986, une goutte d'eau comparée à la durée de vie des résidus radioactifs qui se compte en dizaines de milliers d'années. Ceci est un hommage à toutes les victimes de l'énergie nucléaire hors de contrôle.
Pour que nous n'oublions pas ce qui s'est passé.
Sans jamais tomber dans le sensationnalisme ou la controverse, Francisco Sánchez et Natacha Bustos observent à distance les mésaventures de personnages qui auraient pu exister, invitant le lecteur à comprendre, explorer, réfléchir aux conséquences aujourd'hui encore dramatiques d'une catastrophe telle que Tchernobyl.
Après la catastrophe de Tchernobyl, un couple, Léonie et Galia, revient s'installer dans sa ferme. Ne se préoccupant pas de la mort invisible que sont les radiations, ils cultivent leurs terres. Mais la femme décline tout doucement, une jument met au monde un petit qui semble horrifier l'homme, et qu'on découvrira un peu plus tard.
Puis c'est un retour en arrière, avec un autre couple, Vladimir et Anna, le gendre et la fille des précédents, à Pripiat. Ils sont jeunes, attendent un deuxième enfant, ont la vie devant eux. Ça se passe quelque temps avant l'inauguration du parc d'attraction, peu de temps avant l'explosion.
Ensuite, focus sur Youri et Tatiana, les enfants de ce jeune couple, qui reviennent comme en pèlerinage à Pripiat pour découvrir l'annihilation de ce qui fut la vie de leurs parents et les débuts de la leur.
Cette BD au graphisme sobre qui m'a beaucoup plu n'est pas bavarde. Il y a très peu de texte et ce n'est pas pour me déplaire. Les images se suffisent à elles-mêmes, bien souvent, mais pas toujours. On comprend car on connaît l'histoire, mais qu'en serait-il si on ne savait rien ? Néanmoins on voit ces pauvres gens obligés de partir de chez eux. Ils ont subi l'indicible mais au fil des villages qu'ils traversaient, personne ne les voulaient. Ils étaient les pestiférés de l'atome.
À la fin, Youri nous raconte en quelques pages comment ça s'est passé et le sentiment d'abandon que les habitants ont ressenti. J'ai trouvé cette partie là totalement oppressante et glaçante. le peu d'intérêt que L'URSS témoignait à la vie humaine est terrifiant. Tant de monde à été sacrifié. Mais pourquoi ?
L'épilogue m'a fait très mal, pourtant comme tout le monde je connais l'histoire. Zone d'exclusion, ce terme épouvantable qui nous dit que des hommes, quelque part sur Terre, ont rendu un site immense impropre à la vie pour des milliers d'années. Un désert mortifère où des gens se rendent malgré tout, pour fleurir des tombes, ou pour y vivre, car, où aller ? Là-bas, c'est chez eux.
Ce roman graphique a été réalisé en 2011, soit vingt-cinq ans après la catastrophe. Nous sommes maintenant trente-huit ans après ce drame. Il me semble cependant que l'émotion de cette tragédie ne s'éteindra jamais, du moins pas tant que des contemporains seront vivants.
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